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KEHILA ECCLESIA Tome 1 de Haim Goel / Extrait N°19 « Il semble qu’il n’y ait rien de neuf sous le soleil… »

Il semble qu’il n’y ait rien de neuf sous le soleil à cet égard, notons-le au passage. Une bonne partie de l’œuvre que Paul avait suscitée battait de l’aile, vivait des divisions, avait peut-être même disparu au moment de sa mort. Paul s’est plaint aussi d’avoir été abandonné de presque tous.

Paul devait avoir, au moment de quitter cette terre, un profond sentiment d’échec, de frustration. En quoi Paul fut-il alors le père d’une multitude ? Il le fut d’une manière qu’il n’avait certainement pas prévue : à travers ses écrits qui rentrèrent dans le Canon de l’Écriture et influencèrent des multitudes dans l’Église au travers de nombreux siècles, au point d’aider à l’avènement d’un Luther. Les écrits de Paul furent capitaux pour la prise de conscience chez Luther que le salut s’obtient par grâce et non par adhésion religieuse.

A cet égard, Paul devait à la fin de sa vie ressembler au vieil Abraham qui, si ce n’est un fils, n’avait rien vu encore de ce pourquoi il avait accepté de se lever. Et il avait accepté de se lever pour voir l’avènement de la Cité de D.ieu (Hébreux 11 v.10), dont le développement « finitif » culminera seulement avec l’apparition de la Jérusalem céleste. Un tel souffle, une telle foi, un tel cœur de père élevé pour « voir » loin est admirable et signale un cœur d’une rare bonté. Le cœur bon est aussi le terrain sur lequel la parole vivante de D.ieu prend racine.

Voyez Paul, qui, comme un véritable père spirituel, ne cherche jamais son intérêt. Il peut s’attendre légitimement à un soutien financier en prêchant l’Évangile, mais se fait pourtant un point d’honneur à le refuser pour ne point provoquer la fragilité probable de jeunes convertis.

Seul un père spirituel authentique pouvait écrire : « Je voudrais être anathème pour mes frères ». Cet apôtre, ce père spirituel dont on devine aisément l’attention affectionnée qu’il aura pour Timothée, par exemple, est vraiment un père élevé, à même de recevoir les profondes révélations contenues dans 1 Corinthiens 13 :

« Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas l’amour, cela ne me sert à rien. L’amour est patient, il est plein de bonté ; l’amour n’est point envieux ; l’amour ne se vante point, il ne s’enfle point d’orgueil, il ne fait rien de malhonnête, il ne cherche point son intérêt, il ne s’irrite point, il ne soupçonne point le mal, il ne se réjouit point de l’injustice, mais il se réjouit de la vérité ; il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il supporte tout. L’amour ne périt jamais. Les prophéties seront abolies, les langues cesseront, la connaissance sera abolie. Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons en partie, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel sera aboli. 

Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant. Aujourd’hui nous voyons au moyen d’un miroir, d’une manière obscure, mais alors nous verrons face à face ; aujourd’hui je connais en partie, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu.

Maintenant donc ces trois choses demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ; mais la plus grande de ces choses, c’est l’amour. »

Il est évident que Paul savait de quoi il parlait lorsqu’il parlait d’amour. Il est aussi évident que Paul, s’il en a parlé ainsi, a aussi été l’homme capable de le mettre en pratique. Paul saura se préoccuper de Timothée et de beaucoup d’autres, comme il saura se préoccuper des communautés dont il était responsable, par la foi et en leur dédiant sa propre vie.

Ce genre de père spirituel et d’apôtre manque cruellement aujourd’hui. Et pardonnez-moi ma brutalité, mais il me semble avoir rencontré surtout aujourd’hui en matière d’apôtres dans nos milieux francophones l’expression d’un esprit de tyrannie plus proche de Chronos qui dévore ses propres enfants plutôt que celle d’Abram, « père élevé »

Comme me le faisait remarquer un jeune frère dans le ministère récemment et qui avait cherché à se mettre sous la coupe d’un ministère dit apostolique, afin d’obtenir une « couverture » (et dites-moi, qu’y a-t-il de biblique dans cette démarche ?) : « en dehors des dîmes que cet homme réclame à notre assemblée, et d’une espèce de charte internationale dont le lointain président américain est pour moi un illustre inconnu (charte qu’il m’a fallu pourtant signer), que m’a apporté ce ministère apostolique, à moi, jeune serviteur de D.ieu assoiffé de conduite spirituelle, de conseils ? Rien. »

Je connais quantité de ministères qui, s’ils faisaient le bilan courageux et désespérant qui devrait être fait, en arriveraient à la même conclusion.

Personnellement, j’ai été appelé au ministère par prophétie dans les premières semaines qui suivirent ma conversion en 1981. Cela se passait en public, dans le cadre d’une œuvre bien connue organisant ses conventions bisannuelles.

Un certain évangéliste eut une vision pour moi, qu’il me communiqua avec beaucoup d’excitation et de joie en me disant : « Je vois une grande lumière sur vous et un appel au service du Seigneur. » L’homme de D.ieu qui priait avec lui confirma la chose et me pria de la prendre avec le plus grand sérieux.

Je vivais les tout premiers temps de ma conversion, et je crois que je ne réalisais pas à ce stade toute la portée de ce message prophétique, tout baigné que j’étais dans l’atmosphère de gloire et d’émerveillement qui caractérisait mes premiers pas dans la vie chrétienne. J’avais été, comme mon épouse d’ailleurs, quelques semaines auparavant, rempli du Saint-Esprit en plein milieu d’une réunion qui fut d’ailleurs interrompue avec joie et bonhomie par le prédicateur, tant cette visitation était incontrôlable. Cette période de ma vie représentait pour moi un véritable « opéra fabuleux », non pas au sens rimbaldien bien sûr, mais dans un climat de festin spirituel incomparable, où m’étaient proposés les termes d’un renouvellement complet de l’âme, de l’esprit, de l’intelligence.

Je me souviens de cette période de ma vie où plusieurs grands questionnements d’ordre métaphysique trouvèrent enfin leur réponse dictée par l’Esprit de D.ieu d’une manière tellement simple qu’elle n’en faisait que mieux ressortir la bonté du Père à mon égard.

La Parole de D.ieu est vraie lorsqu’elle dit que notre intelligence est renouvelée par le Saint- Esprit et sa visitation.

Cet appel au ministère fut confirmé par la suite par l’épouse d’un couple d’évangélistes notoirement connus pour leurs émissions de radio, par de nombreux chrétiens croisés sur ma route, des ministères assemblés en conventions pastorales, etc. en plusieurs points d’Europe, aux États-Unis et en Afrique. Je ne ferai pas ici l’exposé du développement de cet appel en plusieurs étapes et ministères bibliques successivement annoncés et confirmés au travers du corps. Je tenterai plutôt de rapporter de quelle façon cet appel et son évolution manquèrent tout du long d’un élément capital à mon sens : la présence, l’amour et le soutien d’un père spirituel éclairé, disponible.

En dix-neuf ans de ministère, dont quinze ans à temps plein et par la foi, c’est bien Chronos, Chronos et encore Chronos que j’ai rencontré là où j’aurais dû rencontrer dans les moments cruciaux un père spirituel, de la prière, de l’aide, du conseil désintéressé. Ce triste manque et les terribles souffrances qu’il a engendrées ne remettent nullement en cause un appel et son parcours.

En matière de comportement de type « Chronos », je me souviens et le rapporte d’emblée, de cet homme qui nous visita il y a quelques années en France. J’étais le responsable d’une jeune église. Il avait reçu une pensée, qu’il disait inspirée du Saint-Esprit, alors qu’il échangeait avec deux ou trois personnalités du monde évangélique extrêmement soucieuses de fédérer, confédérer, refédérer à l’infini le corps de Christ à tour de bras en surfant finalement avec opportunisme sur toutes les réalités vivantes et sensibles d’autrui. A côté du florilège déjà considérable de dénominations de toutes sortes, eu égard au nombre lilliputien de chrétiens évangéliques en France, cet homme avait l’idée de réunir toutes les églises indépendantes en une « fédération d’églises indépendantes ».

Voilà bien le type de raisonnement à la française qu’il faut déplorer. Car, oh, paradoxe ! que subsisterait-il d’indépendant dans les églises indépendantes au moment même où elles se fédéreraient en églises dites indépendantes ?

La ruse était grossière et il ne s’agissait en fait, osons le dire, que de chercher à élargir l’assise et l’influence d’hommes avides de pouvoir, des hommes séduits par l’esprit de Pharaon, des princes pyramidaux.

Il ne faut généralement d’ailleurs guère de temps pour que de tels hommes se révèlent. Au travers de circonstances délicates par exemple, des circonstances qui requièrent normalement une approche rigoureusement biblique, un amour paternel ou fraternel. Leur véritable caractère qui est l’oppression apparaîtra et ils n’hésiteront pas à aller jusqu’à la destruction de tout récalcitrant qui ne se soumet pas à leur désir d’hégémonie, dans ce cas comme dans bien d’autres.

Ils disposent d’assez de combinés téléphoniques pour cela. Notons aussi au passage que si ces hommes sont impitoyables pour tous ceux qui ne rentrent pas dans le rang, c’est-à-dire dans leur rang, ils peuvent être d’une étrange complaisance, voire d’un étonnant laxisme (aveuglement ou obligation de lâcheté pour ne pas voir rétrécir leurs propres assises ?) à l’égard de leur propre entourage, lorsque celui-ci mériterait d’être repris et corrigé. Ainsi, l’on refuse les normes bibliques de respect pour l’étranger et l’on rejette les normes bibliques de correction à l’égard de ceux qui constituent le propre entourage.

Pères spirituels ou Chronos ? Apôtres usant de discipline ou de laxisme selon le balancement de leurs propres intérêts ?

L’homme dont je vous parlais plus haut, je le connais fort peu (je ne puis établir s’il est un père spirituel ou un frère Chronos), mais l’attitude qu’il développa à notre propre domicile nous stupéfia d’autant plus qu’il n’avait de nous aucune connaissance intime et que dans ce cas, on approche les êtres avec humilité, curiosité et un a priori favorable.

Cet homme ne posa aucune question particulière sur notre assemblée, son vécu. Ma personne ne semblait nullement l’intéresser non plus. Cet homme donnait tous les signes d’un activiste en pleine tournée pour tenter de fédérer à tout prix. Il semblait que la décision de nous accepter éventuellement ne relèverait finalement en rien de ce que cet homme aurait pu découvrir de nous en questionnant, en observant, mais, qu’elle se prendrait ailleurs, loin, très loin de notre réalité, de nos aspirations, de nos besoins, de nos projets.

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