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KEHILA ECCLESIA Tome 1 de Haïm Goël / Extrait N°7

Que faisais-je en agissant ainsi ? Un profond travail pastoral la plupart du temps. Mais comme ce n’était pas l’œuvre habituelle de ceux qui sont des « prêtres » protestants ou évangéliques, ce n’était pas identifié comme un travail pastoral, mais comme une œuvre de profondeur et de puissance.

Ainsi donc, j’ai fait pendant des années, et dans bien des communautés, sous couvert d’évangéliste ou de prophète, un travail typiquement pastoral, devant des « pasteurs » qui m’identifiaient comme ayant une onction particulière tout en n’étant pas eux-mêmes au fait de leur dit ministère pastoral.

L’homme que nous avons établi comme pasteur est parti sur les collines, par monts et par vaux, à la recherche des brebis blessées et égarées par le non-ministère de ce que nous devons avoir le courage de nommer des faux pasteurs, des faux apôtres, etc.

Un cher frère et ami qui est en Suisse un diacre merveilleux – me disait un jour :

« Mais dis-moi, Haïm, si l’on s’en reporte aux choses dans le naturel, et si l’on compare le ministère de pasteur au berger d’un troupeau de moutons, je comprends fort bien que le berger tonde régulièrement ses brebis, les mette en quelque sorte à nu, comme un vrai pasteur doit pouvoir de temps à autres mettre à nu l’âme d’une de ses brebis un peu trop orgueilleuse. Je comprends très bien qu’il recoupe et cure les sabots de ses brebis, perce les abcès comme le bon pasteur débusque l’action des ténèbres dans la vie des brebis humaines, du fait de péchés non confessés, des arrière-plans occultes non dévoilés. Mais le berger dans le naturel est aussi le conducteur, le chef de ce troupeau, non ? »

« Ah, mon cher frère! Voilà une vieille réminiscence en toi, de par ton « A.D.N. » spirituel, ta mémoire pagano-chrétienne et ses enseignements pyramidaux, du chef, de la figure d’autorité, du leader, du führer, du césar, d’un pape. »

Je lui répondis : « Mon cher frère, as-tu déjà observé un troupeau de moutons en transhumance, lorsque le temps est venu de monter dans les alpages ? As-tu jamais perçu qu’il y avait comme une force invisible et douce, un guide invisible qui dirige la masse des animaux bêlants dans leur émouvante cavalcade, et que le berger, le soigneur, est le plus souvent à l’arrière ? Il accompagne son troupeau, mais ne le précède pas. Car si les brebis de toutes les transhumances sont guidées par une espèce de connaissance intuitive de la route qui les mène aux pâturages (et n’en est-il pas de même pour les oiseaux migrateurs et tant d’autres espèces ?), l’hôte invisible de l’Église, la véritable tête, Christ, et l’œuvre de l’Esprit qui honore la pensée profonde du Père, sont les vrais conducteurs de l’Église. Si du moins il ne se trouve pas de berger ou de faux berger qui essaye de prendre cette place. »

Peut-être serait-il intéressant de citer ici un ultime exemple avec un passage de l’Écriture.

Il y a quelques temps, un jeune frère vint me trouver, perplexe et très ému. Il avait rejoint voici quelques mois une assemblée, tout en fréquentant dans le même temps un groupe de prière, indépendant de cette assemblée.

Jusque-là, les choses ne semblaient poser aucun problème, ni pour lui, ni pour personne.

Jusqu’à ce que le pasteur de son assemblée ne le mette en demeure de choisir : ou l’assemblée, ou le groupe de prière. Aucun conflit entre ce groupe de prière et cette assemblée, aucune raison doctrinale, ne faisaient obstacle à ce que le chrétien continue à fréquenter et cette église, et ce groupe de prière, utilisé avec fruit dans des positions et des projets différents. Ce jeune chrétien voyait sa vie spirituelle paisiblement bénie et enrichie par la fréquentation de deux contextes différents et complémentaires. Les responsables du groupe de prière, à aucun moment, n’avaient tenté de détourner ce chrétien de ses activités d’église, et le « pasteur » de cet homme eut pour justifier sa demande les mots suivants qui furent éminemment révélateurs :

« Tu ne peux avoir deux têtes. C’est l’une ou c’est l’autre. »

Terrible phrase ! Ne venons-nous pas de voir qu’il n’y a qu’une tête à toute l’Église, et c’est Christ ?

Combien de temps devrons-nous encore supporter le spectacle de cet espèce de sentiment de propriété, de droit de contrôle sur les âmes, d’esprit territorialiste, qui conduit invariablement le troupeau de D.ieu dans des divisions et des séparations, au point qu’à l’extrême, de dénomination à dénomination, de clocher à clocher quelquefois, on s’ignore, on se juge, on « s’anathémise » douloureusement parfois, et bien trop souvent ?

Je ne sus comment répondre à ce jeune homme, car j’étais, à travers mon ministère apostolique, responsable d’un de ces groupes de prière qu’il fréquentait, et je ne souhaitais en rien l’encourager à quitter son assemblée.

Le lendemain, je recommandai donc à cet homme de prier, de chercher la face de D.ieu. J’aurais pu en toute honnêteté lui suggérer de rejoindre une de nos églises de maison, car il nous connaissait et nous fréquentait au sein du groupe de prière, avant même de rejoindre l’assemblée où on le mettait en demeure de faire un choix.

Les paroles du pasteur résonnaient dans mon esprit : « Tu ne peux avoir deux têtes. » J’eusse aimé que ce frère ait exprimé la réponse qui montait dans mon cœur, et qui était la suivante :

« En effet, il n’y en a qu’une et non pas deux, ni dix mille, ni cent mille, et cette tête unique, c’est Christ, c’est le Mashiah Yeshoua ! »

Et cette tête unique a donné au corps des ministères, comme il est écrit en Ephésiens 4.

S’il les a donnés, c’est qu’ils lui appartiennent. Toute l’inspiration et la manifestation de ces ministères appartiennent d’abord à Christ qui les manifesta tous et qui délègue à travers des hommes.

Combien d’hommes de D.ieu perdent de vue cette grande vérité : tout ministère, qui par orgueil manifeste un joug propriétaire sur les âmes, démontre qu’il a pris la place de Christ pour imposer à la bergerie dans laquelle il œuvre sa propre vision, son propre élan. C’est un adultère spirituel. C’est un piège redoutable dans lequel sont tombés un nombre considérable d’hommes de D.ieu.

Face au questionnement de cet homme, que devais-je faire ? Je demeurais intérieurement calme et silencieux en lui disant que je prierais pour lui afin que D.ieu le secourre et le dirige. La réponse venue de D.ieu ne tarda pas à se manifester. Le lendemain matin, au cours de notre culte familial, j’eus à cœur d’étudier avec trois de mes fils, le chapitre 3 de la première Epître aux Corinthiens :

« Pour moi, frères, ce n’est pas comme à des hommes spirituels que j’ai pu vous parler mais comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ. Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas la supporter ; et vous ne le pouvez pas même à présent, parce que vous êtes encore charnels. En effet, puisqu’il y a parmi vous de la jalousie et des disputes, n’êtes-vous pas charnels, et ne marchez-vous pas selon l’homme ?

Quand l’un dit : Moi, je suis de Paul ! et un autre : Moi, d’Apollos ! n’êtes-vous pas des hommes ? Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon ce que le Seigneur a donné à chacun. J’ai planté, Apollos a arrosé, mais D.ieu a fait croître, en sorte que ce n’est pas celui qui plante qui est quelque chose, ni celui qui arrose, mais D.ieu qui fait croître. Celui qui plante et celui qui arrose sont égaux, et chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail. Car nous sommes ouvriers avec D.ieu. Vous êtes le champ de D.ieu, l’édifice de D.ieu.

Selon la grâce de D.ieu qui m’a été donnée, j’ai posé le fondement comme un sage architecte, et un autre bâtit dessus. Mais que chacun prenne garde à la manière dont il bâtit dessus. Car personne ne peut poser un autre fondement que celui qui a été posé, savoir Jésus-Christ. Or, si quelqu’un bâtit sur ce fondement avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, du bois, du foin, du chaume, l’œuvre de chacun sera manifestée ; car le jour la fera connaître, parce qu’elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun. Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l’œuvre de quelqu’un est consumée, il perdra sa récompense ; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu.

Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de D.ieu, et que l’Esprit de D.ieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le temple de D.ieu, D.ieu le détruira ; car le temple de D.ieu est saint, et c’est ce que vous êtes. Que nul ne s’abuse lui-même : si quelqu’un parmi vous pense être sage selon ce siècle, qu’il devienne fou, afin de devenir sage. Car la sagesse de ce monde est une folie devant D.ieu. Aussi est-il écrit :

« Il prend les sages dans leur ruse ».

Et encore :

« Le Seigneur connaît les pensées des sages, il sait qu’elles sont vaines. Que personne donc ne mette sa gloire dans des hommes ; car tout est à vous, soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir. Tout est à vous ; et vous êtes à Christ, et Christ est à D.ieu. »

Quelle réponse ! Quelle formidable réponse ! Avons-nous bien entendu l’avertissement : « D.ieu le détruira » ? L’Écriture condamne ici de façon radicale la promotion de leaderships abusifs dans l’Église, que ce soit par les serviteurs bien sûr ou par le peuple de D.ieu. Les versets 16 et 17 : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de D.ieu, et que l’Esprit de D.ieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le temple de D.ieu, D.ieu le détruira ; car le temple de D.ieu est saint, et c’est ce que vous êtes. » que l’on utilise généralement depuis les chaires pastorales comme une interpellation à la sainteté pour les enfants de D.ieu sont surtout en fait à mettre en rapport avec tout le contexte du chapitre. Ils s’adressent à tous : serviteurs choisis par l’Éternel ou simples membres de l’Église. Ils nous mettent en garde en nous rappelant que chacun est le temple de D.ieu et que l’Esprit de D.ieu habite en chacun. Les quinze versets qui précèdent nous parlent de la façon de construire dans ce temple constitué de chacun d’entre nous et dans chacun en particulier.

Paul est explicite. Il dit au verset 6 par exemple : « Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé, mais D.ieu a fait croître. »

Relisons à présent les versets 7, 8, 9, 10 et leur suite. Les choses ne sont-elles pas claires ? N’y a-t-il pas une seule tête et une complémentarité de ministères amenés à construire dans chacun des temples que nous sommes ?

Verset 17 : « Si quelqu’un corrompt le temple de D.ieu , D.ieu le détruira, car le temple de D.ieu est saint, et tels vous êtes. » (version Darby).

La corruption ici se rattache à l’idée de construire autrement que dans une complémentarité de ministères connue, identifiée et pratiquée avec humilité, conscience de ses limites ; limites d’ailleurs constamment modulables et adaptables pour le serviteur brisé et malléable. La corruption condamnée ici, ce sont les luttes d’hommes et l’esprit religieux qui en découlera toujours de façon hideuse. Observons autour de nous…

En toutes circonstances, une seule tête, une seule autorité doit exister, celle de Christ. C’est alors que l’œuvre authentique du Saint-Esprit s’accomplit et que l’on peut avoir cette impression d’avancer dans un champ préparé d’avance par quelqu’un d’autre avec un joug léger.

À ce sujet, les versets 18, 19, 20 et 21 sont particulièrement éloquents. Au verset 18, il est question d’une sagesse dans ce siècle. Il s’agit de la sagesse des apparences. Cette sagesse-là tire sa force de l’orgueil et d’une forme d’aveuglement qui atteint un homme de D.ieu ou des croyants qui ont mis leur projet et leur volonté peu à peu et subtilement, progressivement à la place du projet de D.ieu.

Cette attitude qui consiste à quitter la place de serviteur pour prendre en mains les rênes de l’œuvre de D.ieu en lieu et place de Christ, que de fois ne l’ai-je croisée sur ma route, que de fois n’ai-je été tenté moi-même d’y céder – oh, de façon bien subtile – mais le diable est subtil et le cœur humain bien retors. Et chaque homme de D.ieu a rendez-vous, le plus souvent lorsqu’il sera affaibli, fatigué, diminué ou parce qu’il se sera lancé trop tôt ou mal dans le ministère (établi d’une manière humaine, charnelle par exemple) ou par la terrible pression du milieu, avec une tentation du même type que celle qu’affronta Jésus à la sortie de son jeûne de quarante jours. (Matthieu 4). Relisons et méditons ce passage crucial, ce test et son contenu, que le Mashiah Yeshoua dut subir lui-même juste à l’entrée de son ministère terrestre. Nous sommes à plein régime au cœur du sujet qui nous occupe. Si Christ a été testé, tenté sur ce point précis, savoir la puissance illusoire avec ses succédanés, dont l’esprit religieux n’est pas le moindre, c’est bien que le sujet est crucial et au centre du conflit pour nous aussi.

La structure pyramidale de la plupart de nos églises conduira la plupart du temps de nombreux serviteurs dans une redoutable impasse, parce que la Croix n’est pas installée dans ce genre de structure. Je m’explique au chapitre suivant. Combien ai-je rencontré de « pasteurs » usés, voire secrètement désespérés, habités d’un secret sentiment d’échec après toute une vie de ministère ?

La pyramide ou la Croix dans la structure de nos églises ?

Laissez-moi vous entraîner dans une lecture biblique : 1 Samuel chapitre 10. Lisons du verset 1er au verset 9 :

« Samuel prit une fiole d’huile, qu’il répandit sur la tête de Saül. Il le baisa, et dit : L’Éternel ne t’a-t-il pas oint pour que tu sois le chef de son héritage ?

Aujourd’hui, après m’avoir quitté, tu trouveras deux hommes près du sépulcre de Rachel, sur la frontière de Benjamin, à Tseltsach. Ils te diront : Les ânesses que tu es allé chercher sont retrouvées ; et voici, ton père ne pense plus aux ânesses, mais il est en peine de vous, et dit : Que dois-je faire au sujet de mon fils ? De là tu iras plus loin, et tu arriveras au chêne de Thabor, où tu seras rencontré par trois hommes montant vers D.ieu à Béthel, et portant l’un trois chevreaux, l’autre trois gâteaux de pain, et l’autre une outre de vin. Ils te demanderont comment tu te portes, et ils te donneront deux pains, que tu recevras de leur main.

Après cela, tu arriveras à Guibea-Elohim, où se trouve une garnison de Philistins. En entrant dans la ville, tu rencontreras une troupe de prophètes descendant du haut lieu, précédés du luth, du tambourin, de la flûte et de la harpe, et prophétisant eux-mêmes. L’Esprit de l’Éternel te saisira, tu prophétiseras avec eux, et tu seras changé en un autre homme.

Lorsque ces signes auront eu pour toi leur accomplissement, fais ce que tu trouveras à faire, car D.ieu est avec toi. Puis tu descendras avant moi à Guilgal ; et voici, je descendrai vers toi, pour offrir des holocaustes et des sacrifices d’actions de grâces. Tu attendras sept jours, jusqu’à ce que j’arrive auprès de toi et que je te dise ce que tu dois faire. Dès que Saül eut tourné le dos pour se séparer de Samuel, D.ieu lui donna un autre cœur, et tous ces signes s’accomplirent le même jour. »

Cette lecture, nous la terminons par les versets 8 et 9 qui sont les points culminants de toute une série de recommandations, voire d’ordres, qui sont donnés par le prophète Samuel au futur premier roi d’Israël. Dans la suite de ce chapitre 10, tout ce que Samuel annonce à Saül va, en conséquence de sa désobéissance, être manifesté. Et du verset 17 jusqu’à la fin, nous assistons à l’établissement de Saül comme roi d’Israël.

Notons que ce futur roi devra être extrait de sa cachette pour être révélé. Relisons les versets 22 et 23 :

 

 

L’absence d’humilité, l’ignorance ou le mépris de la sage construction selon les normes divines conduisent toujours à un type de construction pyramidale et religieuse.

 

 

Combien de dénominations, de fédérations, alliances, assemblées, structures multiples d’allure pyramidale dans le monde protestant et évangélique mondial ?

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