La dissolution à deux États, Shmuel Trigano – Piqûre de rappel pour tous !!!!

By 13 août 2025ISRAEL

Shmuel Trigano © Fabien Clairefond

La résurgence du principe « deux peuples-deux États » pour définir l’objectif de la conférence initiée par Emmanuel Macron et l ’Arabie saoudite, assorti des sanctions qui frapperont Israël (qui n’a pas été invité à y prendre part[1]) s’il n’applique pas les décisions que cette conférence promouvra, révèle un état de fait qui doit susciter la plus haute inquiétude pour les Juifs comme pour les démocrates.

La condition de peuple

En apparence, cette formule simple, formellement « démocratique », assure que les Palestiniens comme les Juifs, en vertu du principe d’égalité, « ont droit » à un État, sauf que dans le passé et le présent, aucun « État de Palestine » n’a jamais existé et n’existe toujours pas, ce qui tranche avec l’histoire millénaire de l’État juif dans le pays d’Eretz Israël dont le texte biblique rapporte la longue histoire.

Par ailleurs, si les Palestiniens sont un peuple, ils ne le sont que depuis récemment, créé de toutes pièces par le KGB soviétique, dès 1964 qui l’a grimé [2] en peuple indigène et autochtone résistant à une extermination coloniale, une mise en scène destinée à séduire les « idiots utiles » de la « gauche » du monde libre à l’époque des luttes postcoloniales du XX° siècle, alors que la motivation de la guerre palestinienne contre les Juifs s’inscrit dans le credo islamique : une guerre de religion contre les Juifs et non une guerre d’indépendance contre les Israéliens.

Aujourd’hui même, la société dite « palestinienne » en est encore aux structures féodales (une société faite de hamoulot, de tribus, reposant sur des allégeances tribales plutôt qu’engagée dans un processus de nation building)[3].

Quant aux Juifs, si certains gauchistes [4] ont un jour prétendu que le peuple juif n’existait pas, l’histoire, qu’ils ignorent, nous prouve le contraire[5].

L’échec historique de la « solution à deux États«

Mais il y a deux arguments, moins théoriques qui militent contre ce projet de reconnaissance – en fait une création ex nihilo – d’un État palestinien. Le programme de « deux peuples-deux États » a en effet déjà été mis en chantier dans la foulée des Accords d’Oslo[6]. Il s’est avéré catastrophique. Les Palestiniens l’ont trahi de bout en bout et dans leur aveu même, dès le lendemain de la signature quand Yasser Arafat qu’on était allé chercher jusqu’en Tunisie[7], au lendemain de la guerre que les « réfugiés » palestiniens avaient menée contre le Liban, avoua qu’il avait signé un traité à la « Houdabiya », c’est-à-dire par ruse et pour un temps limité[8]. En Judée-Samarie, où fut installée alors l’Autorité palestinienne, avec armée et soutien financier et dans le territoire israélien limitrophe, on décompta 1500 morts dans une campagne d’attentats terribles contre les civils israéliens. Quant à Gaza, l’autre territoire concédé à l’OLP de Ramallah, une fois que les Israéliens qui s’étaient installés sur les lieux furent déracinés par le gouvernement Sharon, elle devint une rampe de lancement de missiles contre Israël et fut le théâtre d’une série d’opérations militaires israéliennes contre le Hamas qui avait pris la place du Fatakh avec le soutien de la population. Le massacre du 7 octobre ne fut de ce point de vue que la mise en œuvre d’une nouvelle tactique : l’invasion terrestre en masse du territoire israélien face auquel barrières de sécurité et caméra s’avéraient inefficaces. Depuis ce moment l’invasion est devenue la hantise des stratèges israéliens qui veulent éviter que la chose ne se reproduise en un autre coin d’un territoire exigu et humainement enchevêtré, notamment au cœur d’Israël, la Judée Samarie.

La nature du territoire

Et là nous touchons au second argument qui milite contre le remake de la politique d’0slo: la nature du territoire qui serait à partager. C’est là où l’on voit que Macron comme tous les 0ccidentaux ne comprennent rien au conflit israélo-palestinien et tirent des plans sur leurs méconnaissances et illusions. Ce qui est en jeu, en effet, c’est un territoire qui mesure 70km de large entre le Jourdain et la mer Méditerranée, un morceau de terrain qui relie le désert du Néguev au sud et la Galilée au nord. Par certains endroits, le territoire israélien dans les frontières de 1948 a 15 km de profondeur « du fleuve, du Jourdain, à la mer ». Jérusalem, à 800m d’altitude, est au bout d’un corridor montagneux, située sur la chaine centrale de collines qui divise le pays en deux, avec un versant regardant vers la mer Méditerranée et un versant regardant vers la vallée du jourdain qui vient s’éteindre dans la Mer Morte après avoir pris naissance au sortir du lac de Tibériade.

Ces frontières étaient celles de la guerre d’indépendance dans laquelle Israël avait triomphé d’une coalition de tous les États de la Ligue arabe dont l’indépendance était récente. L’Égypte avait envahi Gaza, la Jordanie, la Judée Samarie (renommée « Cisjordanie« ). La guerre des Six jours de 1967 mit fin à l’occupation égypto-jordanienne.

Israël n’était pas dans ces territoires un intrus sur le plan historique autant que juridique. La Judée-Samarie avait été le cœur vibrant des royaumes juifs de l’antiquité et que dire de Jérusalem ? Par ailleurs, la souveraineté d’Israël sur ces territoires n’était pas indue d’après les bases juridiques internationales de leur statut. Le mandat britannique concernait la « Palestine » (soit le territoire actuel de la Jordanie et d’Israël) : Il devait être découpé en deux : un État juif et un État arabe. Tout le problème jaillit de ce que l’Empire britannique avait promis à la dynastie des Hachémites un royaume : ce fut la Transjordanie, qui fut retranchée de « l’État arabe », de sorte qu’il y a déjà un État arabe (en Palestine ), de surcroît objectivement  « palestinien », car plus de 70% de sa population est palestinienne, de même que la reine de cette monarchie hashémite.

L’invention d’un nouvel État

Que propose Macron sinon d’inventer un nouvel État dans les territoires qu’avaient envahis l’Égypte (Gaza) et la Jordanie (Judée-Samarie, et Jérusalem Est), des territoires qu’il faudrait relier par un couloir territorial qui couperait en deux le territoire israélien et conduirait à la perte du Néguev (les populations bédouines y sont en situation de dissidence déjà actuellement). Une régression catastrophique pour l’État d’Israël. Non seulement le couloir territorial deviendra une source d’invasions et de tensions avec la population palestinienne, tandis que les collines de Judée Samarie qui surplombent la plaine centrale renforceront le pouvoir des Palestiniens. Du haut du belvédère de Samarie, il suffit en effet d’un canon pour paralyser l’aéroport et le centre névralgique de la conurbation telavivienne. Quant à Jérusalem, reconnue par la Knesset et quelques pays comme la capitale d’Israël, Macron ne propose à Israël rien moins qu’une régression. Il confie notamment la garde des sites religieux, du Mont du Temple, à la monarchie jordanienne qui n’avait pas honoré les droits des juifs à l’exercice de leur culte, quand elle dominait ces territoires, et au contraire les avaient voués à la profanation. Une politique qui est d’autant plus grave qu’elle méconnait la nature du rapport des Palestiniens au Mont du Temple et à la mosquée d’El Aqsa qui inspira le massacre du 7 octobre qui porte le nom de « le déluge d’El Aqsa », autre signe que la guerre du Hamas, du point de vue du Hamas, est une guerre de religion. L’obtention d’un État de Palestine ne peut être perçu par le Hamas autant que le Fatah que comme une étape vers la disparition de l’État d’Israël, ultime étape vers la récupération de tout le territoire de la « Palestine ».

Le sens de la cession de territoires

En somme, le projet de Macron s’inscrit dans la logique islamique de la guerre de religion qui doit se solder pour les vainqueurs par une conquête territoriale. L’islam a en effet une conception de l’humanité très stratifiée, territorialisée et politique. Il distingue entre le Dar el islam – l’univers dominé par l’islam et où règne la paix-, le Dar el harb (le glaive), – l’univers des non musulmans où l’islam guerroie pour que la Sharia y domine – et le Dar el solkh – l’univers de « la trêve », en attente du djihad en une époque où l’islam n’est pas assez fort pour faire la guerre[9]. Le Dar el islam est supposé recouvrir toute la terre. En somme dans cette doctrine, le non musulman est un étranger sur la terre tandis qu’électivement le musulman est partout chez lui. Une exception conditionnelle est faite, cependant, pour les Juifs et les chrétiens s’ils se soumettent au statut de dhimmi[10], à l’abaissement social et au paiement d’une rançon par laquelle il achète le droit de vivre.

Cet aspect des choses échappe totalement aux dirigeants de l’Union européenne. Mais pas du tout à MBS, le détenteur du pouvoir en Arabie saoudite avec qui il organise cette conférence. Dans ce projet, il y a donc un volet capital qui échappe à Macron, une deuxième dimension qui concerne l’Europe elle-même, confrontée à l’extension du « dar el solh » [11], où le devenir des populations musulmanes dans leur rapport aux nations européennes n’est pas encore fixé quoiqu’il soit devenu conscient comme le montre le débat actuel sur l’entrisme des Frères musulmans dans les instances européennes et la question sécuritaire posée dans tous les pays d’Europe de l’ouest. La conférence mondiale sur l’État palestinien engage donc l’avenir des populations immigrées dans l’Union européenne…

Dissolution ?

En somme, le projet que cette conférence promeut, le face à face explosif d’Israël et des Palestiniens dans ce territoire exigu qu’elle met en place, ne peuvent que mettre en danger mortel  la survie d’Israël dont elle confie la tâche à l’État de Palestine, au nom de la « démocratie » et de l’égalité des peuples. 

80 ans après, le spectre de la Shoah hante toujours l’Europe aux mains propres…


Notes

[1] Étrangement, Macron tweete à l’annonce de la rencontre Poutine-Trump qu’on ne doit pas décider de l’avenir de l’Ukraine sans les Ukrainiens alors qu’il estime objectivement qu’on le peut quand il s’agit des Israéliens…

[2] C’est Jan Pacepa, un espion du KGB passé à l’ouest qui le rapporte. Ce changement de stratégie se produisit en 1964 dans la Roumanie de Ceaucescu. Arafat en est le symbole. C’est un égyptien que le KGB relooka en guérillero (rappelons sa prestation théâtrale à l’ Assemblée de l’ONU

[3] Cf. l’affaire récente de la population de Hébron se démarquant la représentativité supposée de l’Autorité palestinienne et demandant à Israël de la reconnaitre comme « émirat »

[4] La référence en la matière en langue française est Shlomo Zand

[5] Shmuel Trigano, « Politique du peuple juif »François Bourin éditeur, 2013, (dir) La société juive à travers l’histoire en 4 tomes (Fayard)

[6] Cf. Controverses n°8, Joel Frishman et Ephraim Karsh, « La guerre d’Oslo », éditions de Passy, http://www.controverses.fr/pdf/n8/joel.pdf

[7] C’est la France mitterrandienne qui avait sauvé l’OLP chassé de Beyrouth…

[8] Le prophète, rapporte le Coran avait trahi un traité qu’il avait signé en position de faiblesse dès que le rapport de forces changea à son avantage.

[9] Pour plus perspective voir Marie-Thérèse Urvoy, article « Guerre et Paix » in M.A. Amir-Moezzi, « Dictionnaire du Coran », éd. Robert Laffont, 2007, p. 374-377.

[10] Voir un livre de référence : Le dhimmi de Bat Ye’ or, éd. Les Provinciales

[11] Alors que l’islam n’est pas en position de force

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