Ce qui s’est passé au siège de Charlie Hebdo me rappelle cette histoire d’un chasseur qui se trouve devant un lion et qui pense sauver sa vie en lui lançant son sandwich. Quiconque ne comprend pas comment fonctionne un fauve n’aura aucune chance de survivre dans la jungle créée par le terrorisme djihadiste et dont la flore et la faune se répandent à pas de géants.
Depuis plusieurs décennies, la France a espéré se protéger du terrorisme islamique en adoptant une politique ouvertement pro-arabe et en lâchant l’Etat d’Israël pour le laisser en pâture à ses ennemis.
Le récent vote scélérat sur la reconnaissance de l’Etat virtuel de Palestine, devait, selon les dires du socialiste Benoît Hamon, « permettre au Parti socialiste de récupérer l’électorat des banlieues », pudique expression pour désigner l’électorat musulman. Cet attentat sonne comme une gifle à cette attitude veule et stupide.
Et la claque est encore plus magistrale après les informations relatant des manifestations de joie qui ont éclaté après l’attentat au camp de réfugiés d’Ein Hilweh au Liban! Le Quai d’Orsay s’en souviendra-t-il?
Dans « Le choc des civilisations », le Professeur Samuel Hutington décrétait « que les civilisations se rapprochaient selon leurs valeurs communes ». Cet axiome est inexact concernant l’Etat juif. La France a souvent failli à ces « valeurs communes » en se rangeant aux côtés de ceux qui aujourd’hui viennent « venger Mahomet » sur son propre territoire.
Il n’y a pas de bon terrorisme. Après l’attentat, le ministre israélien Ofir Akounis a rappelé la politique ambiguë de l’Europe occidentale qui fait la distinction entre un terrorisme qui serait condamnable et un autre qui serait acceptable ou « compréhensible », faisant référence à la décision récente de retirer le Hamas de la liste des organisations terroristes.
Parlant de la politique étrangère française par rapport à Israël, Akounis a appelé « à cesser de dénigrer ceux qui comme Israël avertissent depuis longtemps du danger terroriste pour le monde occidental ».
Il y a une internationale terroriste d’origine musulmane qui agit en Afrique comme en Asie, en Europe comme au Proche-Orient et même en Océanie. L’Amérique est sur la liste d’attente. Au-delà de ces nuances de façade, elle vise les même objectifs: la démocratie, l’Occident, les femmes, les Juifs, Israël, les monarchies arabes ‘’corrompues’’.
L’attentat barbare perpétré au siège de Charlie Hebdo montre que la lâcheté ou la compromission ne sont pas une garantie face au terrorisme, c’est même l’inverse qui est vrai. Comment expliquer autrement que la France, le pays d’Europe le plus en pointe dans la défense de la cause palestinienne se trouve être aussi celui qui est le plus menacé par le terrorisme d’origine musulmane? Vu comme un « faucon », voir un « va-t-en-guerre » par l’opinion publique internationale, le Premier ministre israélien Binyamin Netanyahou ne cesse pourtant d’avertir les pays Européens, France en tête, que leur politique souvent conciliante et servile ne leur apportera rien de bon.
En écoutant en ligne la radio française depuis l’annonce de l’attentat, je suis stupéfait de la prudence et l’autocensure pratiquées par les journalistes face à ce qui est pourtant clair. Malgré les évidences, le terme d’attentat terroriste a mis du temps à apparaître dans les communiqués, lorsque l’enregistrement d’un amateur a fait entendre les cris « Allah ou-Akhbar » le langage journalistique a continué à parler au conditionnel quant à un acte terroriste.
Et puis sont venus les messages traditionnels, « éviter de monter les communautés les unes contre les autres », « l’Islamisme n’est pas l’Islam », etc. Un commentateur a même dénoncé « le débat sur l’Islam qui a envahi l’espace public en France avec notamment Zemmour et Houellebecq qui attisent les passions ».
A l’opposé, les condamnations de l’attentat par Dalil Boubakeur président du Conseil du Culte musulman ainsi que des responsables de l’Université islamique d’Al-Ahzar du Caire sont rappelées en boucle. Boubakeur a même l’honneur de figurer parmi les cinq dirigeants mondiaux qui sont cités pour avoir condamné l’attentat : Obama, Merkel, Cameron et Poutine.
Il est pourtant fort à parier qu’il n’y aura aucune grande manifestation musulmane dans les rues de Paris pour condamner le terrorisme commis au nom d’Allah. Ces manifestations sont exclusivement réservées à la prochaine confrontation entre Israël et le Hamas à Gaza.
Je ne sais pas si la France est encore capable de se ressaisir. Elle parle fort contre le terrorisme mais ferme les yeux sur ce qui se passe sur son propre territoire. Elle appelle à la lutte internationale contre le terrorisme mais trahit le seul pays civilisé qui est au front dans cette lutte : Israël.
Tant que ce problème ne sera pas désigné clairement pour ce qu’il est, tant que le discours ambiant montrera de la « compréhension » pour certains comportements ou discours, tant que la politique étrangère française sera dépourvue de visibilité, de cohérence et de courage moral, le terrorisme islamique continuera à gangréner la société et à faucher des vies.
La France va vers une guerre qui ne dit pas son nom. Le fascisme qui la menace n’est pas brun mais vert, et ses intentions sont identiques.
Si elle veut survivre elle a impérativement besoin d’un Churchill qui saura lui montrer la voie de l’honneur et du ressaisissement.
Shraga Blum est un journaliste indépendant qui contribue à l’hebdomadaire « P’tit Hebdo » et un analyste politique pour plusieurs sites internet en français
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