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La justice de Dieu : la porte du paradis

By 8 juin 2015Doctrine

Auteur :
Type de texte : Réflexions
Thème : Vie Spirituelle
Source : Croire & Servir (Croire & Vivre), www.lueur.org


C’est le 18 février 1546, à l’âge de 62 ans, que le grand réformateur disparaissait. Sa soumission totale à ce que la Bible proclame, sa certitude que nul ne peut être sauvé par ses oeuvres, mais seulement par la foi, la foi en Jésus-Christ, ses prédications et ses publications ouvrirent un chemin emprunté par des multitudes encore aujourd’hui.Lui-même avait connu de terribles angoisses. Une trentaine d’années plus tard, en 1545, un an avant sa mort, il parlait encore avec émotion de cette « expérience de la tour »qui avait changé le cours de sa vie. Tout en haut de la tour du couvent où il était moine, il y avait une petite pièce où il allait souvent méditer et se recueillir.

J’avais brûlé, écrit-il, du désir de bien comprendre un terme employé dans l’épître aux Romains, au premier chapitre, là où il est dit: « La justice de Dieu est révélée dans l’Évangile » (Rm 1.16-17); car jusqu’alors, j’y songeais en frémissant.

Ce terme de « justice de Dieu », je le haïssais, car l’usage courant et l’emploi qu’en font habituellement tous les docteurs m’avaient enseigné à le comprendre au sens philosophique. J’entendais par là la justice « formelle » ou « active », une qualité divine qui pousse Dieu à punir les pécheurs et les coupables.

Malgré ma vie irréprochable de moine, je me sentais pécheur aux yeux de Dieu; ma conscience était extrêmement inquiète et je n’avais aucune certitude que Dieu fût apaisé par mes satisfactions. Aussi, je n’aimais pas ce Dieu juste et vengeur. Je le haïssais et, si je ne blasphémais pas en secret, certainement je m’indignais et murmurais violemment contre lui, disant: « N’est-il pas suffisant qu’il nous condamne à la mort éternelle à cause du péché de nos pères et qu’il nous fasse subir toute la sévérité de sa loi ? Faut-il qu’il augmente encore notre tourment par l’Evangile et que, même là, il nous fasse annoncer sa justice et sa colère? » J’étais hors de moi, tant ma conscience était violemment bouleversée et je creusais sans trêve ce passage de Saint Paul dans l’ardent désir de savoir ce que l’apôtre avait voulu dire.

Enfin, Dieu me prit en pitié. Pendant que je méditais, nuit et jour, et que j’examinais l’enchaînement de ces mots: « La justice de Dieu est révélée dans l’Évangile, comme il est écrit: le juste vivra par la foi » (Rm 1.17), je commençais à comprendre que la justice de Dieu signifie ici la justice que Dieu donne et par laquelle le juste vit, s’il a la foi. Le sens de la phrase est donc celui-ci: L’Evangile nous révèle la justice de Dieu, mais cette justice est la « justice passive » par laquelle Dieu, dans sa miséricorde, nous justifie au moyen de la foi…

Aussitôt, je me sentis renaître, et il me sembla être entré par des portes largement ouvertes au Paradis même. Dès lors, l’Ecriture tout entière prit à mes yeux un aspect nouveau. Je parcourus les textes comme ma mémoire me les présentait et notai d’autres termes qu’il fallait expliquer d’une façon analogue… la puissance de Dieu par laquelle il nous donne sa force, la sagesse par laquelle il nous rend sages, le salut, la gloire de Dieu.

Autant j’avais détesté ce terme de justice de Dieu, autant j’aimais, je chérissais maintenant ce mot si doux, et c’est ainsi que ce passage de Saint Paul devint pour moi la porte du Paradis.

Martin Luther

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