Chaque langue évolue, mais de nombreux symptômes du français écrit et parlé manifestent de plus en plus un appauvrissement dans le vocabulaire quotidien et la grammaire courante.
Certaines expressions malheureuses se répandent à vitesse grand V dans le public. Par exemple, Manuel Valls à l’assemblée nationale : « les dispositions que j’ai PRIS ». Quand les participes passés perdent leur genre, c’est qu’on ne distingue plus entre féminin et masculin : signe des temps ? A l’inverse, les auxiliaires ne sont pas correctement identifiés. Ainsi, on entend dire :« elle s’est FAITE contrôler .»
A la télé, les couacs habituels, comme « La situation n’est pas PRÊTE de changer », confusion fréquente entre « pas près de » et« pas prêt à ». Essayez de trouver un journaliste Tv ou radio qui ne répète pas deux fois par phrase : « effectivement » ! D’autres expressions ont colonisé les conversations, surtout dans le domaine relationnel et commercial : « pas de souci ! ». L’infirmière, l’hôtesse d’accueil, l’employé de bureau, la vendeuse :… pas de souci ! Au lieu de dire : on a eu un problème, ou une difficulté, on répète mécaniquement : « on a eu un souci ! ».
On va dire que…
Puis il y a l’épidémie des « on va dire ». A tout bout de champ, l’expression apparaît dans tous les types de phrases, et cela depuis 6 ou 7 ans. On ne se risque pas à énoncer quelque chose de fiable, l’affirmation franche n’est plus de mise, alors : on va dire que….Tout serait donc devenu relatif et conventionnel ? Le relativisme s’insinue.
Autre expression envahissante et fatigante : « voilà »… On ne se sent pas sûr, il suffit de dire « voilà » pour se croire démonstratif et offrir une évidence. Beaucoup l’utilisent à la place d’un mot qui leur fait soudain défaut, du genre « elle m’a dit que voilà…elle continue ». Normalement, voilà indique ce qui vient d’être dit. Si on veut annoncer ce qui va se dire, ce serait plutôt : « voici ».
Vouâlla !
Ecoutez les sportifs présenter leur exploit : les « voilà » prolifèrent. Vouâlla !
Autre expression hyper utilisée et assez laide : « du coup ». A tous les détours de phrase, à la place de « de ce fait » ou « en vertu de quoi » ou encore « par conséquent », on retrouve « du coup »… Raccourci qui violente quelque peu l’esprit : quel est donc le « coup » mental qui force à admettre immédiatement ce que l’autre affirme ?
Des expressions quasi automatiques et popularisées qui appauvrissent les nuances et l’élégance de la francophonie.
Ces simplifications contagieuses du langage nous conduisent-elles vers des échanges de plus en plus stéréotypés et utilitaires ? Le nombre de mots usuel du vocabulaire quotidien des jeunes générations va-t-il continuer de se réduire à vue d’œil ?
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