Les médias de masse ne mentionnent presque jamais la situation des chrétiens dans les pays islamiques, comme s’ils s’en foutaient totalement ou comme s’ils craignaient d’alimenter l’«Islamophobie» des Occidentaux.
Mais si quelqu’un devait se porter à la défense des chrétiens, d’abord et avant tout, ce serait bien le Saint Père. Or le Pape François semble plus soucieux d’accueillir les musulmans en Europe que de défendre les chrétiens persécutés. D’après Giulio Meotti, Jean-Paul II et Benoît XVI voyaient les choses différemment.
Pour les lecteurs de Dreuz, j’ai traduit cet article de *Giulio Meotti, paru le 3 février sur le site du Gatestone Institute.
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Le silence obstiné du Pape concernant la persécution des chrétiens
4 305 chrétiens ont été tués à cause de leur foi chrétienne en 2018. C’est le chiffre effarant publié dans la liste de l’organisme World Watch (2019). L’information a été compilée par l’ONG Open Doors qui révèle qu’en 2018, il y a eu 1 000 victimes chrétiennes de plus– 25 % de plus– que l’année précédente, où il y en avait eu 3 066.
De nos jours, 245 millions de chrétiens dans le monde sont apparemment persécutés pour leur foi. En novembre dernier, l’organisation Aide à l’Église en Détresse a publié son «Rapport sur la liberté religieuse» pour 2018 et est arrivée à la même conclusion : 300 millions de chrétiens ont été victimes de violence. Le christianisme, malgré une vive concurrence, a été qualifié de «religion la plus persécutée au monde».
En mars, le pape François se rendra au Maroc, un pays qui figure également sur la liste de surveillance de Open Doors. Malheureusement, la position du pape François sur l’Islam semble provenir d’un monde imaginaire.
La persécution des chrétiens constitue maintenant une crise internationale. Pensons à ce qui est arrivé aux chrétiens dans le monde musulman au cours des deux derniers mois seulement.
- 1. Un policier a été tué en essayant de désamorcer une bombe devant une église copte en Égypte.
- 2. Auparavant, sept chrétiens avaient été assassinés par des extrémistes religieux lors d’un pèlerinage.
- 3. Puis une fosse commune a été découverte en Libye contenant les restes de 34 chrétiens éthiopiens tués par des djihadistes affiliés à l’État islamique.
- 4. Le régime iranien, dans le cadre d’une nouvelle répression sévère, a arrêté plus de 109 chrétiens.
- 5. La chrétienne pakistanaise Asia Bibi, trois mois après avoir été disculpée pour « blasphème » et libérée du couloir de la mort, vit toujours comme une «prisonnière» : ses anciens voisins veulent toujours la mettre à mort.
- 6. A Mossoul, qui était le centre des chrétiens en Irak, il y a eu un « Noël sans chrétiens », et en Irak en général, 80 % des chrétiens ont disparu.
Le cardinal Louis Raphaël Sako, Patriarche de Babylone des Chaldéens et chef de l’Église catholique chaldéenne, a récemment fourni quelques chiffres concernant la persécution des chrétiens en Irak : «61 églises ont été bombardées, 1 224 chrétiens ont été tués, 23 000 maisons et biens immobiliers des chrétiens ont été saisis».
Le patriarche a rappelé au monde la politique de l’État islamique, qui donnait « trois options aux chrétiens » : la conversion à l’Islam, le paiement d’une taxe spéciale ou l’abandon forcé et immédiat de leurs terres. «Sinon, ils auraient été tués.» Ainsi, 120 000 chrétiens ont été expulsés.
«Le silence obstiné des dirigeants européens sur la question des religions, de l’islam en particulier, étonne et déçoit», écrivait récemment le romancier algérien Boualem Sansal.
«Leur attitude est tout simplement irresponsable, suicidaire et même criminelle… dans le contexte actuel marqué par une expansion vertigineuse… C’est comme vivre au pied d’un volcan en colère et ne pas comprendre qu’il se prépare à entrer en éruption».
Sansal, qui a été menacé de mort par les islamistes en France, comme en Algérie, a écrit «2084», un best-seller. Il y écrit que la position du pape François sur le monde musulman est similaire à celle des dirigeants occidentaux :
«Le pape François ne pouvait en aucun cas ignorer les graves problèmes causés par l’expansion de l’Islam radical dans le monde et au cœur même du domaine chrétien…. Notons encore une fois que… la dernière religion qui est arrivée en Europe a une difficulté intrinsèque à s’intégrer dans le cadre fondamentalement judéo-chrétien européen, même si ce référent, au cours des siècles passés, s’est érodé.»
Le pape François a bel et bien expliqué que l’«idée de conquête» fait partie intégrante de l’islam en tant que religion, mais il s’est empressé d’ajouter que l’on pourrait interpréter le christianisme de la même manière. «L’islam authentique et la lecture correcte du Coran s’opposent à toute forme de violence», a affirmé le Pape, ce qui est inexact.
Il n’a pas non plus raison de dire que «l’Islam est une religion de paix, compatible avec le respect des droits de l’homme et la coexistence pacifique».
C’est comme si tous les efforts du Pape visaient à exonérer l’Islam de ses responsabilités. Il l’a fait bien plus que certains croyants musulmans– tels que le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi, l’écrivain et médecin américain M. Zuhdi Jasser, l’ancien ministre koweïtien de l’Information Sami Abdullatif Al-Nesf, l’auteur franco-algérien Razika Adnani, le philosophe tunisien Youssef Seddik, journaliste jordanien Yosef Alawnah et auteur marocain Rachid Aylal parmi bien d’autres– ne l’ont fait.
La persécution spectaculaire des chrétiens dans le monde islamique met en lumière un paradoxe occidental : «Depuis leur victoire lors de la Seconde Guerre mondiale, les Occidentaux ont apporté de grands bienfaits à toute l’humanité», écrit Renaud Girard dans Le Figaro.
«Scientifiquement, ils ont partagé leurs grandes inventions, comme la pénicilline ou l’Internet. Les droits de l’homme et la démocratie sont loin d’être appliqués partout dans le monde, mais ils sont la seule référence en matière de gouvernance qui existe au niveau international.
Il est indéniable que, sous l’impulsion des Occidentaux, de vastes succès politiques, techniques, sanitaires et sociaux ont été obtenus en deux générations. Mais il est un domaine où la planète a indéniablement régressé depuis 1945 et où la responsabilité occidentale est évidente. C’est la liberté de conscience et de religion…. En s’abstenant de défendre les chrétiens à l’Est, l’Occident a commis une double erreur stratégique : il a donné un signal de faiblesse en abandonnant ses amis idéologiques ; il a renoncé à sa foi».
Il est indéniable que, sous l’impulsion des Occidentaux, de vastes succès politiques, techniques, sanitaires et sociaux ont été obtenus en deux générations. Mais il est un domaine où la planète a indéniablement régressé depuis 1945 et où la responsabilité occidentale est évidente. C’est la liberté de conscience et de religion…. En s’abstenant de défendre les chrétiens à l’Est, l’Occident a commis une double erreur stratégique : il a donné un signal de faiblesse en abandonnant ses amis idéologiques ; il a renoncé à sa foi».
«Aux yeux des gouvernements occidentaux et des médias», a noté un autre rapport sur la persécution des chrétiens compilé par l’organisme Aide à l’Église en Détresse, «La liberté religieuse est en train de glisser vers le bas du classement des priorités en matière de droits de l’homme, étant éclipsée par les questions de genre, de sexualité et de race».
«Le politiquement correct ne veut rien savoir de la persécution et de la répression actuelles du christianisme et c’est pourquoi il est ignoré d’une manière presque sinistre», a récemment déclaré Mgr Manfred Scheuer, évêque de Linz, en Haute-Autriche.
Cette éclipse est d’autant plus dangereuse que tout le monde sait que le Christianisme est menacé d’«extinction» au Moyen-Orient, a noté l’archevêque de Canterbury Justin Welby :
«Des centaines de milliers de personnes ont été forcées de quitter leurs maisons. Beaucoup ont été tués, réduits en esclavage et persécutés ou convertis de force. Même ceux qui restent posent la question : «Pourquoi rester ?» La population chrétienne d’Irak, par exemple, représente moins de la moitié de ce qu’elle était en 2003 et leurs églises, maisons et commerces ont été endommagés ou détruits. La population chrétienne syrienne a diminué de moitié depuis 2010. En conséquence, dans toute la région, les communautés chrétiennes qui étaient à l’origine de l’Église universelle sont maintenant menacées d’extinction imminente.»
L’Occident a trahi ses amis chrétiens en Orient. L’Occident pourrait bien se demander : que font le Vatican et le Pape pour combattre cette nouvelle persécution religieuse ?
Des critiques ont déjà été émises dans le monde catholique. «Tout comme il a peu d’inquiétude au sujet de la vague de fermetures d’églises, François semble avoir peu d’inquiétude au sujet de l’islamisation de l’Europe», a écrit le chroniqueur catholique américain William Kilpatrick.
«En effet, comme en témoigne son encouragement à la migration de masse, il ne semble pas avoir d’objection à l’islamisation. Soit parce qu’il croit vraiment au faux récit selon lequel l’islam est une religion de paix, soit parce qu’il croit que la stratégie prophétique auto-réalisatrice créera un islam plus modéré, François semble être en paix avec le fait que l’islam se répand rapidement. Que Francis ait été mal informé sur l’Islam ou qu’il ait adopté une stratégie de désinformation, il fait un énorme pari, non seulement avec sa propre vie, mais avec celle de millions de personnes».
Il y a maintenant en Syrie des régions entières vidées de leurs chrétiens historiques. Le pape François a récemment reçu une lettre d’un prêtre franciscain en Syrie, le père Hanna Jallouf, patriarche de Knayeh, un village proche d’Idlib, bastion des rebelles islamistes anti-Assad. «Les chrétiens de ce pays sont comme des agneaux parmi les loups», a écrit Jallouf.
«Les fondamentalistes ont dévasté nos cimetières, ils nous ont empêchés de célébrer les liturgies en dehors de l’église, nous dépouillant des signes extérieurs de notre foi : croix, cloches, statues ainsi que de notre habit religieux.»
Si le Pape ne veut plus recevoir de telles lettres, il devra faire preuve de courage et s’attaquer à l’une des persécutions les plus urgentes de notre temps.
Le Pape Benoît XVI, dans son discours à Ratisbonne, a dit ce qu’aucun Pape n’avait jamais osé dire auparavant– qu’il existe un lien spécifique entre la violence et l’Islam. Pour illustrer son propos, Benoît XVI a cité un dialogue du XIVe siècle entre un empereur chrétien byzantin, Manuel II Paléologue, et un érudit persan, sur le concept de violence en Islam : «Montrez-moi ce que Mohammed a apporté de nouveau, et vous y trouverez des choses… comme son ordre de répandre par l’épée la foi qu’il prêchait».
Un autre Pape, Jean-Paul II, s’est également montré préoccupé. Lors d’une rencontre en 1992, Mgr Mauro Longhi, qui, alors qu’il était encore étudiant, accompagnait souvent le défunt Pape en voyage de randonnée, raconte que Jean-Paul II a parlé d’une «invasion islamiste» de l’Europe.
Le Pape m’a dit : «Dites ceci à ceux que vous rencontrerez dans l’Église du troisième millénaire. Je vois l’Église affligée d’une blessure mortelle. Plus profonde, plus douloureuse que celles de ce millénaire», en se référant au communisme et au totalitarisme nazi.
«C’est ce qu’on appelle l’islamisme. Ils envahiront l’Europe. J’ai vu les hordes venir de l’Ouest vers l’Est», puis il m’a mentionné chaque pays un par un : du Maroc à la Libye en passant par l’Egypte, et ainsi de suite jusqu’à l’Est.
Le Saint-Père a ajouté : «Ils envahiront l’Europe, l’Europe sera comme un sous-sol, de vieilles reliques, des ombres, des toiles d’araignée. Les héritages familiaux. Vous, l’Église du troisième millénaire, devez contenir l’invasion. Pas avec des armées, les armées ne suffiront pas, mais avec votre foi, vécue avec intégrité.»
La vision de Jean-Paul II s’inscrit dans la continuité de la campagne historique de l’Islam dans les pays chrétiens : «En 637, l’armée islamique s’empare de Jérusalem, deux fois sainte, puis du cœur de tout le Moyen-Orient, le centre historique du christianisme», a écrit le romancier algérien Boualem Sansal.
Il a poursuivi en décrivant «la progression irrésistible de l’Islam vers l’Occident : l’Afrique du Nord judéo-chrétienne, qui s’est immédiatement convertie ; l’Espagne catholique, qui a été annexée au début du VIIIe siècle ; Byzance, qui a été prise en 1453 ; [puis] à Vienne, assiégée en 1529…»
Le pape François est maintenant confronté au risque potentiel d’un monde chrétien physiquement avalé par le croissant musulman, comme sur le logo du Vatican choisi pour le prochain voyage du pape au Maroc. Il est temps de remplacer cette politique de conciliation.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.
Source :
https://www.gatestoneinstitute.org/13582/pope-silence-persecution-christians
* Giulio Meotti, rédacteur culturel d’Il Foglio, est un journaliste et auteur italien.