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La prochaine cible régionale de l’État islamique sera la Jordanie … voisin immédiat d’Israël

By 24 février 2015Etz Be Tzion


La prochaine cible régionale de l’État islamique sera la Jordanie … voisin immédiat d’Israël

Après que le pilote jordanien prisonnier de l’État islamique (EI) a été brûlé vif en public voilà deux semaines et que l’atroce vidéo de cet acte barbare a été ensuite diffusée sur le Net en signe de défi par les djihadistes, Amman a durement répliqué en bombardant plus d’une soixantaine de cibles de l’EI en Syrie, ce qui lui a occasionné de nombreuses pertes en hommes et en matériel.

Première implication de cette toute récente escalade : Bon gré, mal gré et comme attirés l’un et l’autre dans une spirale de provocations et de répliques, l’EI et le Royaume hachémite, qui ont des intérêts géostratégiques totalement divergents, sont bel et bien désormais entrés en guerre.

Autre conséquence : Ces derniers mois, l’EI a pris position ou consolidé sa présence dans le territoire ou aux frontières de cinq États du Moyen-Orient : Trois États faibles (l’Irak, la Syrie et le Liban), un État fort (la Turquie) et à présent la Jordanie…

Doté d’une population sunnite assez homogène et structurée en tribus depuis longtemps représentées au parlement d’Amman, bénéficiant de surcroît du soutien militaire des États-Unis – et dans une moindre mesure d’Israël -, le Royaume hachémite semble de prime abord en moins mauvaise posture que l’Irak, la Syrie ou le Pays du Cèdre en vue de cette confrontation.

Il n’empêche : La Jordanie a aussi ses points de faiblesse, comme ses deux-tiers d’habitants arabo-palestiniens (susceptibles d’être assez sensibles à la propagande de l’EI), mais aussi la difficulté structurelle du pouvoir central à satisfaire – faute de substantiels revenus pétroliers ou gaziers – les exigences socio-économiques des syndicats industriels noyautés par les islamistes ainsi que les demandes financières locales, tout aussi insistantes, des divers potentats tribaux traditionnels.

Résultats : La Jordanie est toujours demeurée vulnérable à l’influence islamiste, comme l’avait déjà montré voilà une décennie l’émergence à Zaqma – importante et fervente ville de 700.000 habitants située à 22 km d’Amman – d’Abou Moussab Al-Zarkaoui, l’ex et redouté leader du groupe terroriste « Al-Qaïda Mésopotamie », l’un des initiateurs indirects de l’EI actuel.

Si bien que ce que l’on peut prévoir, ce ne sont pas tant des attaques frontales immédiates de l’EI sur le sol ou aux frontières jordaniennes, mais plutôt un lent et patient travail de pénétration islamiste, d’érosion et de « grippage » des structures traditionnelles très hiérarchisées du pouvoir hachémite, débouchant, le moment venu, sur une offensive terroriste intérieure d’envergure.

C’est que pour la Jordanie, la déstabilisation patente – maintenant entrée dans une phase critique – de l’Irak et de la Syrie avec leurs immenses cohortes de réfugiés à la charge d’Amman constitue le pire des avertissements, le Royaume hachémite étant plus encore, de par sa nature (notamment vu son histoire somme toute assez récente), susceptible d’être délégitimé par une attaque en règle des djihadistes sunnites.

Et c’est sans doute cette série d’inquiétudes très réelles qui a poussé le roi Abdallah II à réagir avec tant de vigueur à l’odieuse mise à mort de son pilote.

Reste que pour Israël, qui partage sur son front oriental avec la Jordanie une frontière commune de presque 250 km de long, toute tentative de déstabilisation sérieuse du Royaume hachémite – comme, du reste, du Liban – par l’EI pourrait constituer un vrai casus belli contre le groupe islamiste régional. Et ce, de la même manière que l’entrée des chars syriens sur le territoire jordanien lors du fameux Septembre noir de l’automne 1970 à Amman avait failli provoquer – si Damas n’avait pas très vite acquiescé à l’ultimatum israélien de retrait immédiat de son armée – une véritable guerre régionale.

Source : Hamodia, par Richard Darmon

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