Donald Trump a mené au Proche-Orient une politique claire et nette. Je l’ai détaillée dans un long article publié en anglais et en français sur le site du Gatestone Institute.
Cette politique, que j’ai appelée la doctrine Trump pour le Proche-Orient, reposait sur quatre principes directeurs :
- Israël est l’allié essentiel des Etats-Unis dans la région
- Le régime des mollahs est l’ennemi principal des Etats-Unis dans la région et un facteur de déstabilisation majeur qui doit être éliminé ou, pour le moins, mis hors d’état de nuire
- Les pays du monde arabe sunnite sont menacés par le régime des mollahs au même titre qu’Israël et ont dès lors un intérêt stratégique à se rapprocher d’Israël, qui est non seulement l’allié essentiel des Etats-Unis dans la région, mais aussi la principale force militaire au sein de celle-ci
- Le soutien aux “Palestiniens” n’est plus un atout pour les pays arabes sunnites et le problème “palestinien” doit trouver sa solution par la marginalisation des organisations “palestiniennes”
Ces quatre principes ont été remarquablement mis en œuvre pendant quatre ans.
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L’appui de l’administration Trump à Israël a été indéfectible et constant. L’endiguement et l’asphyxie du régime iranien ont été menés de manière opiniâtre, et les activités terroristes de l’Iran ont été décapitées avec l’élimination du général Soleimani. Le rapprochement entre Israël et le monde arabe sunnite a commencé à Riyadh en mai 2017 et a conduit aux accords d’Abraham en 2020, accords préfigurant une paix régionale. Les organisations “palestiniennes” ont été effectivement marginalisées et un plan de paix a été proposé pour les populations arabes “palestiniennes”, qui écartait les organisations “palestiniennes”, et qui a permis les accords d’Abraham. La Syrie ruinée a été laisse à la Russie, qui y dispose des ports et bases de Lattaquié et Tartous. La Turquie a été endiguée au Proche-Orient (Erdogan a cherché querelle à l’asthénique Europe et a tenté de prendre pied en Libye, mais a été marginalisée pour strictement tout ce qui concerne le Proche-Orient).
Les positions de l’administration Biden (en réalité la troisième administration Obama, et je préfère parler d’administration Obama-Biden) ont elles-mêmes été d’emblée claires et nettes et sont venues rapidement détériorer, délibérément, tout ce que la doctrine Trump avait permis d’accomplir. Israël a été traité avec froideur et distance, et plus du tout comme l’allié essentiel des Etats-Unis dans la région, et des discours se sont fait entendre disant que la “solution à deux Etats” (donc les pressions destinées à exiger qu’Israël cède du terrain au terrorisme) allait revenir au centre des relations entre les Etats-Unis et Israël. Le régime des mollahs a reçu des messages disant que les Etats-Unis allaient retourner dans l’accord de juillet 2015 et lever les sanctions frappant l’Iran. Les pays arabes sunnites ont subi des actions et des menaces destinées à satisfaire le régime des mollahs et à faire comprendre aux dirigeants arabes sunnites qu’ils devraient s’accommoder de la puissance régionale bientôt retrouvée du régime des mollahs. L’Autorité Palestinienne a reçu des messages lui disant que les Etats-Unis allaient la financer à nouveau, et l’aider à “avoir un Etat” (dont elle ne veut pas, car elle existe pour détruire) en faisant à nouveau pression sur Israël.
Israël a reçu le message et su que la politique d’Obama était de retour et que les Etats-Unis ne se comporterait plus du tout en allié fiable. Le régime des mollahs a compris que l’administration Obama-Biden était faible et, considérant qu’il n’avait rien à craindre de celle-ci, voyant que l’administration Obama-Biden avait commencé à s’en prendre aux régimes arabes sunnites et donc à desserrer l’étreinte enserrant l’Iran, a profité de la faiblesse de l’administration Obama-Biden, accru son enrichissement de l’uranium et s’est rapproché davantage de la bombe atomique. Le régime des mollahs a aussi pris des otages et un bateau sud-coréen pour lequel il a demandé (et obtenu) une rançon très élevée (7 milliards de dollars). Il a également attaqué des positions américaines en Irak, aux fins de faire partir plus vite l’armée américaine de la région. Il a, bien sûr, refusé les (pourtant minimes) demandes énoncées par l’administration Obama-Biden pour que les liens Etats-Unis régime des mollahs se renouent et a demandé à Biden ce qui ressemble à une soumission complète. Il l’a fait d’autant plus volontiers qu’il se sait en position de force : les mollahs ont noué des relations avec la Chine qui sont en train de se renforcer, ils ont l’appui de la Russie, ils pensent que l’administration Obama-Biden ne prendra pas le risque d’une attaque militaire contre l’Iran. Les pays arabes sunnites ont compris, eux, que les Etats-Unis allaient favoriser l’Iran et accroitre sa dangerosité, ce qui devait les pousser à prendre des décisions et à se rapprocher davantage d’Israël. L’Autorité Palestinienne a encaissé avec joie les avantages que l’administration Biden lui offre sans rien exiger en retour.
Israël a proposé une alliance militaire en bonne et due forme aux pays arabes sunnites signataires des accords d’Abraham, qui ont accepté.
L’administration Biden, dépitée que le régime des mollahs fasse monter les enchères et cherche à l’humilier, a décidé de frapper, il y a une dizaine de jours, des milices soutenues par l’Iran en Syrie. Cela a été perçu et analysé dans la grande presse comme un “changement de position” de l’administration Biden et comme un “geste de fermeté” de la part de celle-ci. C’était un geste de faiblesse. Les positions américaines ont été attaquées en Irak, et ce n’est pas en Irak que les frappes américaines ont eu lieu, mais en Syrie, où les troupes américaines ne sont pas présentes. L’administration Biden n’a pas frappé en Irak parce qu’elle sait que cela aurait entrainé des représailles immédiates contre des positions américaines dans le pays. Le régime des mollahs sait que l’administration Obama-Biden a peur que les bases américaines en Irak soient frappées à nouveau. Le régime des mollahs sait aussi qu’en frappant en Syrie, l’administration Obama-Biden peut attirer la colère de la Russie, qui tient la Syrie, et que des tensions Etats-Unis-Russie peuvent découler très vite, ce qui fait qu’il n’y aura vraisemblablement pas d’autres frappes en Syrie. Il sait aussi que la gauche démocrate est en total désaccord avec des frappes américaines au Proche-Orient, ce qui fait qu’il n’y aura, presque à coup sûr, pas d’autres frappes en Syrie. Il sait que l’administration Biden n’a pas d’autre choix que continuer à tendre la main vers Téhéran (le seul autre choix serait de revenir à la doctrine Trump pour le Proche Orient, ce qui semble impensable). L’administration Obama-Biden a dit que l’attaque en Syrie était un “moyen de montrer” aux mollahs que l’administration Obama-Biden était pleine de bonne volonté mais que les mollahs ne devaient pas dépasser certaines limites. Cela a dû faire rire les mollahs. L’administration Obama-Biden s’est mise dans une impasse, et le régime des mollahs va lui demander de venir à Téhéran, en rampant.
Ce qui est probable est que, plutôt que changer de politique, l’administration Obama-Biden va continuer à négocier avec les mollahs, et tôt ou tard accepter toutes les conditions exigées par ceux-ci. Ce qui est probable aussi est que l’administration Obama-Biden va retirer les troupes américaines d’Irak, en demandant aux mollahs de ne pas tirer sur les Américains pendant qu’ils se retirent. Cela se fera vraisemblablement dans quelques mois, fin 2021.
Ce qui est probable dans l’immédiat est que l’administration Obama-Biden va s’efforcer de tenter de détériorer l’alliance Israël monde arabe sunnite, et, pour cela, s’en prendre à l’Arabie Saoudite. Le soutien apporté aux milices Houthi pro-iraniennes, au Yémen, par l’administration Obama-Biden est un geste en ce sens, et les milices Houthi ont repris leurs attaques contre le royaume saoudien. L’annulation de fait de la vente d’armes et de F-35 aux Emirats et au royaume saoudien est un autre geste en ce sens. Le prince Mohamed ben Salman, qui s’est rapproché d’Israël et a joué un rôle important dans l’engendrement des accords d’Abraham (les Emirats et le Bahreïn ne peuvent rien décider sans aval saoudien), a été décrété persona non grata par l’administration Obama-Biden. Il est maintenant accusé ouvertement par celle-ci du “meurtre” de Jamal Kashoggi, soutien d’al Qaida, ancien proche d’Oussama ben Laden, agent des Frères Musulmans chargé par ceux-ci de déstabiliser le royaume des Saoud, mais présenté par l’administration Biden comme un “journaliste” (Barack Obama avait poussé le Washington Post à embaucher Kashoggi et lui avait fait accorder une carte verte en tant que “journaliste”). Le but est de marginaliser Mohammed ben Salman, et si possible de l’éliminer, et d’agir aux fins que l’Arabie Saoudite soit reprise en main par ceux que Mohammed ben Salman a éliminé ou écarté : précisément, les amis des Frères Musulmans, prêts à s’entendre avec les mollahs.
Israël doit être plus vigilant que jamais et devra peut-être agir contre l’Iran, sans le soutien des Etats-Unis (l’administration Obama-Biden n’arrêtera pas l’avancée des mollahs vers l’arme atomique, et Israël ne peut accepter un régime des mollahs doté de l’arme atomique). Israël doit aussi s’attendre à des risques terroristes accrus (les groupes soutenus par les mollahs, Hamas, Hezbollah, vont reprendre leurs activités) et aura besoin de tout le talent diplomatique de Binyamin Netanyahou pour déjouer les pressions qui vont venir. Le régime des mollahs va accentuer son avancée vers l’hégémonie régionale.
Les pays arabes sunnites vont rester proches d’Israël, et ils resteront proches d’Israël tant que l’Arabie Saoudite sera dirigée vers Mohammed ben Salman, mais si l’administration Obama-Biden réussissait à éliminer celui-ci, une tempête majeure suivrait. L’Autorité Palestinienne va retrouver le chemin de Washington, DC.
L’administration Obama-Biden détruit l’ordre rétabli au Proche-Orient par l’administration Trump, et détériore gravement les perspectives de paix régionale qui en découlaient. Elle ramène le chaos et les tensions au Proche-Orient.
Il n’y avait strictement rien à attendre d’elle, sinon le pire, et pas seulement au Proche-Orient (je traiterai de l’Asie orientale dans un autre article). Elle est porteuse du pire. Le Ministère américain de la défense a publié il y a deux jours un communiqué notant qu’il était “probable que le régime des mollahs déploie des armes nucléaires très prochainement”. Aucune prise de position américaine officielle ne suivait. L’absence de prise de position américaine officielle en dit long. Je n’ai aucun commentaire à ajouter.
© Guy Millière pour Dreuz.info. Toute reproduction interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur.