De nombreux saoudiens, nourris aux racines de l’islam le plus pur, la stricte école wahhabite de l’islam sunnite d’Arabie Saoudite, ont été encouragés à rejoindre les rangs de l’Etat islamique.
L’idée que l’Etat islamique n’a rien à voir avec l’islam vole ainsi en éclat.
De retour au pays, certains de ces jihadistes ont commis des attentats contre la minorité shiite.
Personne ne songerait, en Arabie saoudite, affirmer qu’ils ne représentent pas l’islam comme le déclarent les dirigeants européens. Celui qui s’y oserait serait jugé pour blasphème et emprisonné.
La famille royale al-Saoud, inquiète, tente de réduire l’influence des wahhabites, dont les enseignements ultra-conservateurs et l’envoi de combattants dans les rangs de l’Etat islamique menace la stabilité et la sécurité du pays.
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Cependant, les Saoud naviguent sur le fil du rasoir : « ce sont les wahhabites qui offrent aux Saoud leur légitimité. Politiquement, ils sont faibles. Leur pouvoir repose essentiellement sur la caution et la reconnaissance religieuse offerte par les imams sunnites », explique Mohsen al-Awaji, un activiste islamique.
Jusqu’à présent, la maison Saoud avait pris des mesures pour « contrôler » les sermons des imams, et avait lentement intronisé quelques religieux plus modernes à des postes clefs de l’état pour insuffler des sentiments d’identité nationale en dehors du contexte religieux et prendre ses distances avec les militants de l’Etat islamique.
Il ne s’agit en rien d’un virage moderne. L’Arabie saoudite reste le pays le plus intégriste au monde, et la famille royale ne se coupera pas des préceptes du wahhabisme.
« Ce qu’ils souhaitent, c’est pousser vers un wahhabisme plus nationaliste, avec un visage plus moderne afin de donner une meilleure image du royaume à l’étranger, économiquement plus acceptable, » explique Stéphane Lacroix, dans Les islamistes saoudiens*.
La doctrine wahhabite, au berceau de l’islam, considère les shiites comme des hérétiques, est opposée à toutes relations avec les non-musulmans, interdit la mixité, refuse la démocratie et impose une interprétation stricte de la sharia, et exige le retour aux pratiques des premiers musulmans.
L’islam, c’est cela.
Lorsque des musulmans déclarent « pas en mon nom » (not in my name) pour dénoncer les actions de l’Etat islamique, ils se placent en position d’apostasie de l’islam.
Tout personne, fut-elle Président ou premier ministre d’un pays européen, qui affirme que l’Etat islamique n’a rien à voir avec l’islam est dans l’erreur.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.
Source: msn.com/saudi-arabias-rulers-reconsider-ties-to-wahhabi-clergy