Hélène Keller-Lind
samedi 17 mai 2014
Vains engagements et double langage de Mahmoud Abbas qui promet de changer les lois mais n’y fait rien
L’observatoire des médias palestiniens, Palestinian Media Watch -PMW -, qui a fréquemment rapporté ce type de crime, notait le 1er mai dernier que face à l’augmentation des “crimes d’honneur”perpétrés sous Autorité palestinienne, face, surtout sans doute, au tollé provoqué sur le plan international, Mahmoud Abbas avait ordonné que soient revues “les lois qui discriminent les femmes”. PMW rappelant toutefois que ce n’était pas là la première fois que le dirigeant palestinien promettait de telles réformes…aucune promesse n’ayant été tenue à ce jour …En décembre 2012 le dirigeant palestinien avait clairement dit ne pas vouloir amender ces lois discriminatoires, ce qu’il avait pourtant promis de faire en mai 2011 suite à l’émoi causé par le meurtre d’une jeune étudiante, Aya Baradiya, enlevée par des hommes de sa famille, jetée blessée mais encore vivante au fond d’un puits où elle agonisa avant de mourir et dont on venait de retrouver le corps. Une responsable d’une organisation de défense des femmes notait alors qu’Abbas ne voulait pas affronter les forces conservatrices palestiniennes, alors qu’un décret présidentiel mettant fin à l’impunité pour ce genre de crime ferait y réfléchir à deux fois de potentiels meurtriers…
Un « monde d’hommes », tuer pour un soupçon, des femmes enfermées dans des mariages violents
En mars dernier Al Jazeera rapportait depuis Gaza que “deux adolescentes palestiniennes ont été tuées dans des incidents différents dans de soi-disant “crimes d’honneur”, des vengeances exercées le plus souvent par des membres de la famille contre des femmes soupçonnées de “conduite sexuelle immorale ». Meurtres ayant provoqué une manifestation à laquelle plus d’une centaine de personnes ont participé devant le bureau du Procureur général de Gaza, le 3 mars, pour exiger que cesse la violence contre les femmes palestiniennes…mais le jour de la manifestation une autre femme, Samah Badder, était poignardée à mort par son mari à Ramallah dans leur appartement”.
L’une des femmes interrogées dans ce reportage témoignait de la difficulté qu’ont les femmes palestiniennes vivant dans “un monde d’hommes” où elles n’ont souvent d’autre choix que de rester avec un mari violent qui les maltraite, question “d’honneur”, mais aussi, très souvent, pour ne pas perdre leurs enfants…
Le prétexte de « l’honneur » peut cacher inceste ou intérêt financier…
Pourtant, une soi-disant inconduite de la part de la femme assassinée n’est pas toujours la cause véritable, estime Naser al-Rayyes, consultant juridique pour une organisation des droits de l’homme palestinienne”..
En effet, dans un ouvrage consacré à la question, Rana Husseini, rapporte le cas de Kifaya, une jeune femme appartenant à une famille très traditionnelle d’un quartier conservateur qui était considéré comme une honte la famille décida qu’elle devait mourir et son autre frère, Khalid dut commettre le crime”. Certes cela se passait en Jordanie, mais les lois palestiniennes si clémentes envers ces crimes sont héritées du royaume hachémite.
D’ailleurs en décembre 2012 la ministre aux Affaires féminines, Rahiba Diab, déclarait à l’agence de presse Maan News que certains tuent des femmes puis prétendent que cela était une question “d’honneur” car la peine encourue n’est que d’un ou deux mois.
Ainsi, le 3 février dernier le quotidien officiel palestinien Al-Hayat Al-Jedida notait que dans certains cas de meurtres de femmes présentés comme « crimes d’honneur » ceux-ci avaient été commis parce que la victime avait demandé sa part d’héritage. Les femmes étant de plus en plus consciente de leurs droits en la matière. Leurs frères et la famille pouvant s’y opposer,uniquement par intérêt financier. Pourtant, dans le droit musulman les femmes ont droit à la moitié d’une part d’héritage…Or, elles n’auraient droit à rien pour une partie de la société. Le recours au meurtre étant donc une façon de s’assurer de contourner une loi pourtant défavorable aux femmes
Un beau discours à New York : « la faute à l’occupation et au blocus »…
On notera que cette même ministre palestinienne aux Affaires féminines, Rahiba Diab, prononçait un fort beau discours le 11 mars 2014 à New York devant la Commission sur le Statut des Femmes.Bien entendu, plutôt que de blâmer les archaïsmes la société patriarcale palestinienne pour les violences faites aux femmes, archaïsme que l’on retrouve pourtant dans tout le Moyen-Orient, elle en rendait responsable “l’occupation militaire israélienne”pour ce qui est des zones contrôlées par l’Autorité palestinienne et “le blocus inhumain” pour ce qui est de Gaza …
On notera que toutes les commissions et sous commissions dont elle parle et qui n’ont pas fait avancer d’un iota le sort des femmes palestiniennes qui, au contraire, régresse, sont autant de faux-semblants dispendieux financés par la communauté internationale permettant à un certain nombre de Palestiniens d’occuper des postes bien rémunérés, de très bien vivre, tout en ne faisant strictement rien pour faire évoluer quoi que ce soit dans cette société machiste figée…