Guy Millière – D’abord, Obama. J’ai écrit qu’Obama voulait enclencher les engrenages à même de conduire à la destruction d’Israël. Je persiste et je signe.
Obama n’est pas parvenu à installer les Frères Musulmans au pouvoir dans le monde sunnite, mais il parvient peu à peu à installer l’Iran des mollahs en position de puissance hégémonique au Proche-Orient, et, n’en déplaise aux naïfs et aux aveugles volontaires, la puissance hégémonique iranienne veut la destruction d’Israël, tout comme elle veut une déstabilisation accentuée et belliciste de la région : l’assistance financière, technique et logistique fournie par l’Iran des mollahs à al Qaida n’est plus à prouver (des documents saisis chez Oussama Ben Laden viennent d’être divulgués aux Etats Unis), le soutien de l’Iran des mollahs à des milices djihadistes en Irak, en Syrie, au Liban, au Yemen, dans le Sinaï égyptien et à Gaza n’est plus à prouver non plus.
En installant l’Iran des mollahs en position de puissance hégémonique au Proche-Orient (et vraisemblablement en position de puissance nucléaire), Obama ne menace pas seulement Israël : il menace aussi les régimes sunnites du statu quo, Arabie Saoudite, Egypte, Jordanie, émirats du Golfe. Il sert les intérêts de puissances autocratiques : la Russie et, surtout, la Chine. Il ne sert pas les intérêts des Européens, mais ceux-ci ont les dirigeants qu’ils méritent : des dirigeants qui, montrant qu’ils sont prêts à vendre la corde qui servira à les pendre, brûlent d’impatience à l’idée de passer des accords avec l’Iran.
Ensuite, les Etats Unis d’Amérique. Obama a été élu et réélu, certes, mais il tient sa promesse de changer radicalement le pays, et il est en train de violer la Constitution avec une frénésie qui n’a pas de précédents, et il le fait de plus en plus explicitement.
Il parle désormais de ses décisions à la première personne, comme s’il était dictateur, et contourne sans cesse le Congrès, comme si celui-ci ne servait à rien dès lors qu’il est aux mains des Républicains. Obama bénéficie pour cela de la complicité des grands médias américains, tenus (à l’exception de Fox News) par les adeptes du « politiquement correct ». Il est en train de tenter de faire passer internet sous contrôle politique par l’entremise de la Federal Communication Commission (FCC) en usant du nom trompeur de « neutralité du net ». Les Etats Unis après Obama risquent de n’être plus le pays libre qu’ils ont été depuis leur fondation. Ils risquent de n’être plus ce qu’Yves Roucaute a appelé la « puissance de la liberté ».
Enfin, Netanyahou. J’ai noté qu’il y avait une dimension churchilienne en cet homme. Je persiste et je signe là encore. Binyamin Netanyahou n’a jamais cherché à susciter des tensions avec les Etats Unis, même sous l’administration Obama : sans céder sur l’essentiel, il a su, au contraire, désamorcer les tentatives de créer la rupture mises en place par Obama, Biden, Kerry ou d’autres. Il a dû assumer des humiliations scandaleuses : l’une des dernières étant le fait d’avoir été de « fiente de poulet » par la Maison Blanche. Il a dû faire face à de multiples trahisons : les dernières ont eu lieu lors de la guerre contre le Hamas pendant l’été 2014 et ont reposé sur des chantages à la livraison de matériel militaire indispensable à l’armée israélienne.
Pour finir : le discours que Netanyahou va prononcer ce mardi devant le Congrès. Contrairement à ce que disent les désinformateurs professionnels, toutes les procédures diplomatiques ont été respectées. John Boehner a prévenu la Maison Blanche et a fait ce qu’il était en droit de faire en invitant Netanyahou. Et contrairement à ce que disent les esprits tordus et anti-israéliens, Netanyahou n’a pas pris la mauvaise décision.
Il vient dire au Congrès et au peuple américain que l’accord que l’administration Obama veut passer avec l’Iran des mollahs est un danger mortel non seulement pour Israël, mais aussi pour le monde. Il défend la sécurité de son pays, de manière héroïque. Il défend aussi la sécurité du monde (y compris celle des régimes sunnites du statu quo). Il s’inscrit dans le cadre des institutions américaines où le Président n’est pas un dictateur, mais le tenant du pouvoir exécutif, tandis que le Congrès est le pouvoir législatif. Il contribue, en respectant la Constitution américaine, à souligner la validité de celle-ci face à un Président qui la viole.
Le discours de Binyamin Netanyahou sera le discours le plus important depuis la Deuxième Guerre Mondiale pour ces raisons, précisément. Netanyahou va défendre la sécurité de son pays, et, ce faisant, défendre la sécurité du monde qu’un Président américain anti-américain est en train de détériorer gravement, avec la complicité des dirigeants européens. Netanyahou va parler au pouvoir législatif, et ce faisant, contribuer à redonner sa place au pouvoir législatif. Il n’a pas refusé de parler au pouvoir exécutif : c’est le pouvoir exécutif qui a refusé de lui parler, tant le pouvoir exécutif est imprégné de haine. Il va dire la vérité face à une marée de mensonges et de dissimulations : Obama voulait avancer par les mensonges et les dissimulations. Il est furieux : un Président qui n’aurait pas du dictateur en lui ne serait pas furieux. Un Président qui n’aurait pas du dictateur en lui ne recourrait pas à mensonges et dissimulations. Un Président des Etats Unis digne de ce nom ne mettrait pas en danger la sécurité d’Israël et la sécurité du monde et ne violerait pas la Constitution. Un Président anti-américain ferait ce que fait Obama.
Si le discours a l’impact qu’on peut souhaiter, l’accord qu’Obama veut passer ne pourra pas être mis en place si aisément. Le Congrès pourra voter de nouvelles sanctions contre l’Iran, auxquelles Obama opposera son veto (il l’a dit, d’ores et déjà). Des comptes seront demandés à Obama, qui répondra que mettre en danger l’accord qu’il veut passer fera courir au monde un risque de guerre (comme si faciliter la tâche des mollahs n’était pas, en soi, un risque de guerre).
Quand l’homme d’Etat montre le danger, le politicien de caniveau regarde la poubelle pour voir s’il y reste une bouteille consignée
Si ce n’est pas le cas, l’horizon s’assombrira considérablement. Netanyahou pourra dire au moins qu’il a fait ce qu’il devait. Si un membre du tandem dévoyé Livni Herzog avait accompagné Netanyahou, on aurait pu songer qu’une forme d’union nationale pour la sécurité d’Israël aurait pu exister un instant. Mais attendre de la dignité, de la lucidité et une préoccupation pour la sécurité d’Israël de la part de certains politiciens israéliens est trop attendre d’eux. Quand l’homme d’Etat montre le danger, le politicien de caniveau regarde la poubelle pour voir s’il y reste une bouteille consignée. Quand l’homme d’Etat se conduit en homme d‘Etat, le politicien de caniveau voit des motifs électoraux : c’est normal, le politicien de caniveau ne sera jamais un homme d’Etat.
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