Le F-35 va t-il changer les techniques de guerre au Moyen-Orient?
Le Vice-Président américain Joe Biden a fait un discours à Washington, le 23 avril, à l’occasion des célébrations du Jour de l’Indépendance d’Israël. Il a annonce qu’en 2016, les Etats-Unis fourniront deux premiers deux F-35 Joint Strike Fighters à Israël. Pourtant, le débat continuer de faire rage sur le rapport coût-efficacité cde ce projet d’avionique, des rumeurs ayant même circulé pour annoncer qu’un terme était mis au projet, à cause de son budget requis exorbitant d’1 trillion de $.
Biden a indiqué que les F-35s seront pleinement opérationnels, pour la première fois, dès l’an prochain, au Moyen-Orient. Le F-35 va t-il entièrement refaçonner les approches traditionnelles dans les méthodes de guerre au Moyen-Orient? Cette question est récurrente, parce qu’au cours des années précédentes, on a assisté à l’émergence d’un Moyen-Orient ‘de plus en plus militarisé », du fait de la guerre civile permanente en Syrie, de l’expansion de la menace de l’Etat Islamique vers l’Afrique et l’Afghanisatan, les affrontements au Yémen, accroissant dangereusement les divisions confessionnelles et le bras de fer diplomatico-militaire entre l’Iran et Israël.
En réalité, il n’y a rien de surprenant au fait qu’Israël soit le premier à être en mesure d’utilsier les F-35 au Moyen-Orient. Ce privilège accordé à Israël s’enracine dans l’adhésion de l’Administration américaine d’assurer le principe « d’avance militaire qualitative », qui remonte au mandat du Président Lyndon B. Johnson (1963-69). Selon ce principe, est considéré comme un vital US intérêt vital pour les USA le fait qu’Israël préserve sa dissuasion militaire à tout moment et maintienne sa suprématie dans le domaine de l’avance tactique, technique et en matière d’entraînement.
Le Ministère de la Défense d’Israël a annoncé, en février, avoir signé un accord avec Lockheed Martin en vue de l’achat de 14 F-35 au tarif de100 millions de $ chacun. Les responsables israéliens ont déclaré que leur but est de disposer de deux escadrilles de F-35 de 25 avions chacune, aux alentours de 2021.
De nombreux pays membres de l’OTAN d’autres alliés proches des USA participeront au développement du projet du F-35, qui, pour beaucoup, marque le commencement d’une nouvelle ère dans les méthodes de guerre aérienne. Il n’y a que deux pays du Moyen-Orient : la Turquie et Israël, qui y participeront.
La Turquie sera, excepté Israël, le seul pays de la région à voler sur F-35 et la Turquie est autant impliqué qu’Israël dans le projet. L’armée de l’air turque considère le programme du Joint Strike Fighter comme un « projet prestigieux » qui est « une étape concrète vers l’espace ». La Turkie planifie d’acheter 100 avions F-35A en 2021, afin de rempalcer son arsenal d’avions F-4E Phantom II.
Les systèmes d’armement et d’avionqiue de l’armée turque, dont 54 F-4E, ont été modernisés de façon à être opérationnels jusqu’en 2020. Ces modèles ont été rebaptisés le F-4E 2020 Terminator. L’analyste de la Défense Balkan Giray Coskun, se confiant à Al-Monitor à Istanbul, a déclaré que les F-4E seront mis hors service en 2020 et remplacés par les F-35, d’abord sur la base aérienne de Malatya, puis sur la base d’Eskisehir. En outre, le projet turc de bateau amphibie TCG Levent LPD, qui peut transporter des forces de débarquement pour des missions de corps expéditionnaire, sera en capacité d’accueillir des F-35B. Cela permettra à la Turquie de déployer des F-35 en mer.
Quel genre d’avion est le F-35?
Arda Mevlutoglu,, un analyste de la Défense et ingénieur de l’espace, s’est adressé à Al-Monitor à Ankara, en disant que le projet du F-35 répond à toutes les exigences opérationnelles de l’armée de l’air et de la marine par une même et unique plateforme. Cette plateforme a été conçue pour répondre aux besoins de cinquième génération, telle que la capacité furtive, l’avionique avancée, des moteurs de très haute performance et des sutrcutres de combat en réseaux centrés. Le F-35 a fait face à la question de la similarité entre les facteurs aériens, terrestres et navals, en produisant 3 versions différentes : le F-35 pour la force aérienne, le F-35B, afin de rempalcer les Harriers AV-8B dans les diverses marines et le F-35C pour la marine, qui peut atterrir et décoller sur les porte-avions.
Selon Mevlutoglu : « Le F-35 n’est pas seulement un avion qui disposerait de technologie furtive. C’est un engin aérien qui procédera à des échanges de données en temps réel avec des capteurs et moyens de communication avancés et, gra^ce à cette caractéristique, pourra mener des missions de commande et de contrôle, ainsi que de renseignements qui vont bien au-delà de tout ce que fait l’avion de combat classique. En bref, le F-35 est un avion multi-rôles qui pourra opérer dans les profondeurs des lignes ennemies, face à des obstacles tels que des cibles très bien protégées, un soutien aérien étroit et en pratiquant l’élimination et la destruction des moyens de défense anti-aérienne, tout cela simultanément. Avec 2.400 F-35 planifiés et devant être vendus par les Etats-Unis en 10 ans, le plan total sera de disposer d’une force de plus de 3.000 avions disposés dans tous les pays impliqués dans le projet.
Si les problèmes de coût sont surmontés, le F-35 va, probablement, devenir le principal avion de combat de l’OTAN et des autres alliés des Etats-Unis. Selon Mevlutoglu, cela signifie aussi que tous les pays qui feront voler des F-35 posséderont une structure de combat réseaucentrique produite par les Etats-Unis. En tant que tel, le projet F-35 ne fera pas que stimuler les capacités militaires de ces pays, cela affectera aussi profondément leurs cultures militaires stratégiques, puisqu’elles seront centralisées par un système basé aux Etats-Unis.
Comment le F 35 va marquer le Moyen-Orient?
Voici les contours de l’influence potentielle du F-35 sur l’environnement sécuritaire du Moyen-Orient :
- Les F-35 transformeront les formes de coopération militaire parmi les pays utilisateurs en créant une « Fraternité du F-35″. Cette « fraternité » est apparente entre la Turquie et Israël, en dépit des tensions politiques prévalentes entreles deux pays. Les pilotes turcs, le personnel des quartiers-généraux et de maintenance sont actuellement en Israël pour assurer la similarité entre les forces aériennes turques et israéliennes dans la planification et les opérations. L’Arabie Saoudite et les pays du Golfe sont aussi désireux de se joindre à cette fraternité, qui pourrait très bien paver la voie vers un système conjoint de méthodes de guerre au Moyen-Orient, sous parrainage américain.
- Après 2016, les F-35 permettront à Israël de demeurer un pas au-dessus et en avance, en matière de suprématie aérienne, ce qui pose, évidemment, un risque sécuritaire supplémentaire pour les adversaires régionaux d’Israël. Etant donnée la suprématie technologique du F-35, un écart dans le domaine de la dissuasion va se creuser qui ne pourra pas être combler par des moyens militaires conventionnels. Les adversaires d’Israël pourraient alors chercher à combler cet écart par des moyens non-conventionnels comme le terrorisme, des forces paramilitaires idéologiquement motivées et par des cyberattaques contre des infrastructures sensibles. Bien que le F-35 puisse être destructeur contre des Etats-Nations, ils ne sont pas aussi efficaces contre un civil équipé d’un AK-47, d’une idéologie extrémiste et de la volonté de mourir.
- Comment la Russie et la Chine vont-elles répliquer à cette percée américaine au Moyen-Orient?Les projets du Sukhoi T-50 mené par la Russie et du J-20, par la Chine, qu’on a voulu présenter comme les rivaux directs du F-35 sont bien loin dans les prévisions. Il n’y aura pas de ventes à l’étranger du T-50 russe avant 2035, soit un décalage d’environ 15 ans.
- Coskun remarque également que l’augmentation du nombre de F-35 présents au Moyen-Orient diminuera considérablement la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis de la base turque d’Incirlik, qui a été au centre de disputes et divergences politiques majeures, récemment, dans le conflit en Irak. Coskun signale que cela aura des srépercussions strategiques sur les raltions américano-turques.
- Enfin, de quelle façon le vol de F-35 israéliens dans les cieux moyen-orientaux affectera le rapprochement en émergence, actuellement, entre les Etats-Unis et l’Iran? On peut présager qu’Israël bénéficiera d’une relative autonomie pour évaluer lui-même ses propres intérêts nationaux et l’ampleur de la menace venue d’Iran.
La survenue du F-35 au Moyen-Orient – une fois sortie du débat sur son coût – altérera l’environnement sécuritaire actuellement prévalent dans la région. Mais n’évaluer le rôle du F-35 uniquement à travers ses seules capacités militaires pourrait mener à des conclusions trompeuses. Le F-35 générera un nouveau discours militaro-technologique concernant les conflits régionaux actuels. Un discours qui aura un impact certain sur les cultures stratégiques des pays utilisateurs, qui modifiera ainsi profondément la façon dont ils conçoivent leur couverture aérienne.
Alors que les systèmes d’armement de haute technologie, comme le F-35 deviennent opérationnels, une question acquiert une prédominance accrue dans le domaine de la défense :
si la technologie est la réponse à (presque) tout, alors, au fait, quelle était la question?
Adaptation : Marc Brzustowski.