« Un crime grave a été commis ici et doit être réparé; les Arabes d’Israël sont notre chair et notre sang »
Le président israélien Reouven Rivlin a effectué dimanche sa première visite officielle en tant que président d’Israël dans le village arabe de Kfar Qassem pour une cérémonie marquant le 58e anniversaire du massacre de 49 habitants du village par la police des frontières israélienne (MAGAV).
« Un crime grave a été commis ici et doit être réparé », a lancé le président: « nous devons admettre que le secteur arabe d’Israël souffre de discrimination depuis des années. » Le chef de l’Etat a voulu adresser un message d’unité. « Les Arabes d’Israël sont notre chair et notre sang ». Rivlin avait été invité à assister à cette cérémonie par le député arabe de la Knesset Ahmed Tibi au lendemain de son élection en juin dernier. Rivlin a accepté l’invitation, sept ans après que l’ancien président Shimon Peres a visité le village et a présenté ses excuses. Le maire de Kafr Qassem, Adel Badir a répondu que « la blessure n’est toujours pas refermée. Nous nous souvenons et nous ne pardonnons pas ce qui s’est passé ce jour-là ».
Le maire a félicité le président Rivlin pour sa venue et pour ses efforts en faveur de la coexistence entre les deux communautés.
Le cheikh Abdullah Nimr Darwish, le fondateur du mouvement islamique en Israël a dénoncé la violence et appelé à la mise en oeuvre de la solution de 2 Etats pour 2 peuples, vivant dans la paix et l’harmonie l’un à côté de l’autre avec Jérusalem comme capitale pour chacun des 2 Etats. Reprenant la formule du président américain Barack Obama, il a conclu son discours en disant: « Yes we can, oui, nous le pouvons ». Le 29 octobre 1956, l’armée israélienne a imposé un couvre-feu de routine sur Kfar Qassem, permettant à la police des frontières de procéder à une patrouille visant à empêcher toute tentative d’infiltration de fedayin (groupe terroriste arabe palestinien, NDLR).
400 villageois travaillant alors à l’extérieur du village n’avaient pas été informés du couvre-feu et malgré la promesse de l’armée de ne pas les blesser, les hommes ont été abattus à leur retour des champs par les soldats qui gardaient l’entrée du village.
Ce n’est que le 11 novembre, que le Premier ministre de l’époque, David Ben Gourion a informé le cabinet du massacre de Kfar Qassem. « Nous avons une armée formidable, mais il semble parfois que des incidents ou des circonstances fassent que les gens perdent leurs esprits. Comment l’ordre de tirer sur des enfants peut-il être donné », avait-il dit. Le massacre a entraîné des manifestations publiques, qui ont conduit au procès de 13 soldats, dont huit ont été reconnus coupables et condamnés à des peines de prison, mais finalement graciés. En 2007, Shimon Peres a présenté des excuses lors de sa visite à Kfar Qassem : « Un incident des plus terribles a eu lieu ici, ce que nous regrettons profondément », avait-il déclaré.
Rivlin avait indiqué en 2013 que les leçons tirées du massacre devraient être enseignées dans les écoles juives et avait appelé à ajouter le massacre de Kfar Qassem dans les programmes scolaires. « Nous devons savoir ce qui est permis et ce qui est interdit », avait-il dit. Les habitants du village ont exprimé leurs réserves à l’approche de la visite du président. « S’il ne reconnaît pas le massacre, il est préférable qu’il ne vienne pas. Il est temps pour l’Etat d’Israël de présenter des excuses pour avoir tué des gens de sang-froid », ont indiqué certains.
Hanah Amer, 80 ans, qui a été blessé lors du massacre, a déclaré « Je veux demander à Rivlin de reconnaître le massacre, de présenter des excuses au nom de l’Etat d’Israël. Ils doivent nous traiter comme des victimes de la terreur, tout comme ceux qui ont été blessés dans des attaques terroristes. Nous attendons de lui qu’il nous surprenne- nous voulons entendre ce qui doit être entendu, et espérons qu’il ne nous décevra pas ».
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