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Le terrorisme de proximité prend ses quartiers en France

By 24 décembre 2014Lève-toi !

mardi 23 décembre 2014, par Kathie Kriegel

Les avis divergent. Ce sont des désiquilibrés, des esprits fragiles, des voitures folles, la tentation est grande de se voiler la face. Mais de plus en plus de voix s’élèvent pour oser parler de  » terrorisme de proximité ».

« On ne peut parler d’acte de terrorisme » après l’accident au marché de Noël de Nantes, titre le journal Le Monde, alors que selon Brigitte Lamy, la procureure, citée par le quotidien, »le caractère délibéré ne semble pas faire de doute »…

Onze personnes ont été blessées, dont deux gravement, par une voiture qui a foncé dans la foule. Les autorités parlent d’un « cas isolé ». | Une camionnette a foncé sur la foule en plein marché de Noël à Nantes, lundi 22 décembre vers 18 h 55 sur la place Royale. Selon un bilan provisoire de la police, dix personnes ont été blessées, dont quatre gravement. Le pronostic vital d’une d’entre elles est engagé, selon la procureure de la République de Nantes, Brigitte Lamy.

Selon Presse Océan, « une camionnette immatriculée en Charente-Maritime a surgi de la rue de la Fosse, évité un chalet où l’on servait du vin chaud, et poursuivi sa course sur une dizaine de mètres, heurtant plusieurs piétons. Le véhicule a terminé sa course dans un poteau ». La procureure a déclaré que l’incident était un « cas isolé » et qu’on « on ne [pouvait] parler d’acte de terrorisme », même si « le caractère délibéré ne semble pas faire de doute ». Des renforts de la gendarmerie sont arrivés sur la place, qui a été évacuée alors qu’entre 200 et 300 personnes s’y trouvaient au moment de l’accident. L’homme qui conduisait la voiture fait partie des blessés, car il s’est asséné plusieurs coups de couteau au thorax après avoir percuté les passants. « Un carnet a été découvert à côté de la camionnette. On est en train de l’étudier », a rapporté la magistrate, qui évoque des propos confus témoignant de difficultés psychologiques et familiales. A l’heure actuelle, il n’y a pas « de revendication particulière ». Contrairement à ce que laissaient penser certaines rumeurs, le forcené n’a pas crié « Allah Akbar » (« Dieu est grand » en arabe) après le drame, a assuré Mme Lamy.

Au moins six personnes ont été blessées lundi sur le marché de Noël situé en plein centre de Nantes par un automobiliste à bord d’une camionnette. Une femme, témoin de la scène, raconte ce qu’elle a vu. « Il y a eu un énorme mouvement de foule ». « On a vu la camionnette encastrée dans une des cabanes », a-t-elle déclaré à BFMTV. « La personne était au volant et semblait se frapper au thorax et c’était extrêmement choquant », a-t-elle ajouté, « cela ressemble, sous réserve de vérifications, à un acte du même genre que ce qui s’est produit à Dijon » dimanche soir, lorsqu’un automobiliste déséquilibré a foncé sur des piétons, blessant 13 personnes.

RÉUNION D’URGENCE POUR « MOBILISER LES SERVICES DE L’ETAT »

Le suspect, âgé de 37 ans, serait connu des services de police « pour des faits mineurs », a ajouté le porte-parole du ministère de l’intérieur cité par Reuters, sans donner davantage d’informations sur les motivations de ce geste. Le ministre Bernard Cazeneuve s’est rendu dans la ville peu avant minuit. A première vue, a-t-il déclaré, l’agression ne parait pas avoir de visée politique ou religieuse. Il a estimé que cet acte « semble le fait d’un déséquilibré » : « Ce sont des actes plus difficiles à prevenir que les autres. »

Interrogé sur un risque de multiplication d’actions violentes après les incidents survenus depuis trois jours à Dijon et Joué-lès-Tours, M. Cazeneuve a appelé à « replacer ces actes pour chacun d’eux dans leur contexte ». Une « réunion ministérielle » pour « mobiliser les services de l’Etat » et décider d’éventuelles « mesures » après ces drames aura lieu mardi matin, alors que François Hollande doit se rendre à Saint-Pierre-et-Miquelon. Selon l’Elysée, ces actes « semblent sans rapport entre eux ». Mais le président « appelle les services de l’État à la plus grande vigilance ».

Le premier ministre Manuel Valls a dit sa « préoccupation » devant « la succession de drames » comme celui de Nantes et appelé au « sang-froid ». Un peu plus tôt dans la journée, le même premier ministre avait pourtant déclaré que « jamais nous n’avons connu un aussi grand danger en matière de terrorisme » en France.

BFMTV Claudie Merot titre :  » Quand le terrorisme de proximité inquiète la France »

A Dijon, l’automobiliste a foncé sur onze personnes. A Dijon, l’automobiliste a foncé sur onze personnes. Sur Internet, la propagande lancée par Daesh sur ses sites mais aussi sur les réseaux sociaux séduit de nombreux jeunes ou déséquilibrés qui se radicalisent et se lancent dans des opérations meurtrières. Agressions en voiture ou au couteau, les nouvelles formes de terrorisme qualifiées de « terrorisme de proximité » inquiètent la France.

Dimanche soir, à Dijon, un automobiliste probablement déséquilibré fonce sur des passants en criant « Allahu Akbar » (« Dieu est le plus grand » en arabe). Le chauffard, Nacer, 40 ans, connu du Taj, « Traitement des affaires judiciaires » fait alors onze blessés dont deux graves. Cette agression survient au lendemain de l’attaque au couteau du commissariat de Joué-lès-Tours par un jeune homme de vingt ans, Bilal, qui s’était radicalisé en fréquentant des sites internet consacrés au Jihad.

« C’est surtout le discours des jihadistes qui est relayé sur le net, souvenez-vous de cette phrase « Attaquez-les les mécréants, où qu’ils soient avec des pierres, des couteaux, votre voiture ». On s’y attendait un peu quand même », analyse Dominique Rizet, spécialiste justice police à BFMTV, qui qualifie ces attaques d’opérations de « terrorisme de proximité », une nouvelle forme de terrorisme.

« C’est du terrorisme de proximité, celui qui nous fait vraiment peur »

« Il y a une semaine, on commentait l’actualité en Australie, avec cette prise d’otages dans un restaurant, et on disait que les nouvelles formes de terrorisme, ce ne serait pas forcément des voitures avec 500 kg d’explosif parce que ça demande une énorme logistique », explique-t-il encore.

En somme, « les nouvelles formes de terrorisme, c’est ce terrorisme de proximité, celui qui nous fait vraiment peur parce que sur un trottoir avec ses enfants, on peut se faire renverser par une voiture, parce que dans la rue, on peut se faire poignarder. C’est une évolution, au cas par cas, chacun peut devenir un terroriste », a-t-il encore ajouté.

« Des esprits fragiles »

Les deux auteurs des agressions du week-end dernier « sont extrêmement fragiles psychologiquement, des déséquilibrés », tempère toutefois l’ancien chef de l’antiterrorisme, René-Georges Querry, sur BFMTV.

A Joué-Lès-Tours, Bilal était décrit comme un jeune homme discret et solitaire, qui se serait radicalisé en fréquentant des sites internet consacrés au Jihad. « Nous avons là la rencontre entre la propagande lancée par Daesh à travers ses déclarations et les réseaux sociaux et des esprits fragiles. Ce qu’il y a de commun dans toutes ces opérations ». Ainsi, il existerait un lien entre les profils « fragiles » des assaillants et la nature de leurs opérations.

« On n’a quand même pas affaire à des terroristes structurés, organisés comme on a pu en connaître en France dans les années 60, dans les années 80, 90 mais n’empêche que le phénomène qui est nouveau aujourd’hui peut nous inquiéter », a voulu nuancer l’ancien chef de l’antiterrorisme.

REUTERS/STEPHANE MAHE AFP Le Monde

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