Guy Millière – Un massacre de Chrétiens a encore eu lieu, on le sait. Au Kenya. Dans une université.

Ce n’est pas le premier à frapper le Kenya. En 2013, un centre commercial avait été attaqué à Nairobi, et largement détruit. A l’époque, il y avait eu soixante sept morts. Cette fois il y en a eu plus du double, cent quarante sept.

Ce n’ont pas été les seuls massacres de Chrétiens à frapper l’Afrique subsaharienne : le nombre de ceux qui ont été tués par Boko Haram ne se compte plus.

Aux fins de distinguer les Chrétiens à tuer, des Musulmans à épargner, les tueurs ont demandé la confession de ceux qui leur faisaient face. Les tueurs l’avaient déjà fait lors du massacre de Nairobi. Boko Haram ne le fait pas : au Nigeria, on sait quels villages sont chrétiens et quels villages sont musulmans. On sait aussi que des lycées sont chrétiens et que les églises sont chrétiennes, par définition.

Le tri permettant de trouver les Chrétiens a été effectué au Kenya par le groupe al- Shabaab, venu de Somalie en 2013, comme cette année en 2015. Ce type de tri est régulièrement pratiqué par l’Etat Islamique et les groupes qui l’ont rejoint. Il est pratiqué en Syrie et en Irak. Il a été pratiqué en Libye, et les Coptes égyptiens qui ont récemment fait l’objet d’une décapitation en série sur une place avait été issus d’un tri effectué dans un dortoir.

En réalité, des massacres de Chrétiens ont lieu dans tout le monde musulman. Ils ont lieu aussi en dehors du monde musulman : le Kenya est un pays à quatre vingt deux pour cent chrétien. Les Musulmans y sont environ onze pour cent de la population.

Le pape François a, lors des cérémonies de Pâques, enfin dénoncé la « furie djihadiste » et le « silence complice » du monde occidental. Ces paroles, bien que tardives, sont les bienvenues.

Il n’en reste pas moins vrai que le silence complice ainsi incriminé se poursuit, et que l’épuration religieuse anti-chrétienne menée par des groupes islamiste risque fort de se poursuivre elle aussi.

Aucun dirigeant occidental ne fera quoi que ce soit.

Aucun dirigeant occidental ne fait quoi que ce soit depuis des années.

L’Europe est, depuis longtemps, à l’heure de l’apaisement et de l’aveuglement volontaire : elle est davantage qu’impuissante. Elle est, souvent, complice.

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Les Etats-Unis, qui ont la puissance militaire dont l’Europe ne dispose pas, n’ont pas fait mieux que l’Europe, et ils ont, depuis six ans et demi, un Président dont les sympathies envers l’islam et l’indifférence envers les Chrétiens sont assez clairement affichées.

Les dirigeants occidentaux feront d’autant moins quoi que ce soit que leurs discours navrants, et pusillanimes, sont en synergie avec ce qui se trouve dans les grands médias, en Europe, comme aux Etats-Unis (où Fox News est l’exception qui confirme la règle).

Quand un massacre de Chrétiens a lieu, les grands médias européens et américains en rendent compte. Les groupes islamistes sont incriminés, mais les articles et les commentaires sont rédigés par des gens qui s’empressent de dire que les islamistes n’incarnent pas du tout l’islam. Certains articles et commentaires omettent même le mot « islamiste ».

Le fait que s’opère un tri entre Chrétiens et Musulmans aux fins de s’en prendre à coup sûr aux seuls Chrétiens est, en général, laissé de côté.

Le long passé d’épuration religieuse qui marque le monde musulman est lui aussi laissé de côté.

Un premier pas dans la direction de l’éthique impliquerait de poser des questions à l’islam. Cela, je le sais, ne sera fait que par des organisations minoritaires, qu’on marginalise délibérément au profit de ceux qui s’obstinent à répéter que, toujours et partout, l’islam a été, et reste, une « religion de paix, d’amour et de fraternité ».

Un autre pas dans la direction de l’éthique impliquerait de dire que oui, les groupes islamistes sont musulmans et suivent à la lettre les enseignements du Coran, et pratiquent le djihad guerrier, qui fait partie des prescriptions coraniques. Cela ne sera fait que par les organisations minoritaires susdites.

D’autres pas pourraient être franchis ensuite, mais dès lors que les deux pas que je viens d’énoncer ne seront pas même amorcés, le futur est, hélas, aisé à deviner.

Ceux qui penseraient que le monde occidental est épargné et que ce genre de choses se passe ailleurs ont la mémoire très courte, et ont sans doute oublié ce qui s’est passé à Tunis récemment, au Danemark il y a quelques semaines, à Paris il y a trois mois, à Londres en mai 2013. Je pourrais ajouter à la liste des actes djihadistes dans d’autres villes : Toulouse, Bruxelles, Moore en Oklahoma, New York, Ottawa, Sidney. La liste n’est pas close, très loin de là.

Ceux qui penseraient qu’au Kenya, au Nigeria, dans le monde musulman, les Chrétiens sont les cibles principales, et non les Juifs, ont sans doute oublié qu’il y a très peu de Juifs au Nigeria, moins encore au Kenya, et que dans le monde musulman, l’épuration anti-juive a, pour l’essentiel, déjà eu lieu.

Un seul pays, dans l’immense zone géographique qui va du Pakistan au Maghreb, et du Nigeria à la Turquie permet aux Juifs et aux Chrétiens de vivre en paix et en sécurité : Israël.

C’est comme par hasard le pays que les dirigeants européens et américains (sous l’administration Obama) et les grands médias occidentaux incriminent dès qu’ils en ont l’opportunité.

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