Par Wesley J. Smith
Anthony Fauci, l’ancien directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses, s’est tristement vanté comme suit : « Je représente la science. » Espérons que ce ne soit pas le cas. Ses actions durant l’urgence COVID ont à la fois corrompu la science et sapé la confiance dans nos institutions de santé publique les plus importantes.
Au début de la pandémie, j’ai cru que le Dr Fauci aborderait ses fonctions avec intégrité et rigueur intellectuelle. Après tout, il s’est engagé efficacement dans la lutte contre le sida, notamment en aidant le président George W. Bush à créer le plan d’urgence du président américain pour la lutte contre le sida, qui a permis de sauver d’innombrables vies dans le monde entier, et je m’attendais à ce qu’il s’acquitte de ses fonctions au sein de la pandémie de COVID avec la même excellence. J’avais également une haute opinion de Francis Collins, qui a dirigé le projet du génome humain avant de prendre la tête des Instituts nationaux de la santé (NIH).
J’ai été stupide. Des révélations récentes montrent que le Dr Fauci et le Dr Collins se sont davantage comportés comme des bureaucrates protégeant leur territoire que comme des scientifiques de la santé publique.
Retour au début
Commençons par les dernières nouvelles. Au début de la pandémie, le Dr Fauci a participé à une réunion d’information à la Maison-Blanche au cours de laquelle il a déclaré aux journalistes qu’un article révisé par des pairs et qui venait d’être publié démontrait que le virus se transmettait de l’animal à l’homme et que, par ailleurs, une fuite provenant de l’Institut de virologie de Wuhan était « improbable ».
Le Dr Fauci a agi comme s’il n’avait rien à voir avec l’étude, dont il a affirmé qu’elle avait été rédigée par « un groupe de virologues évolutionnistes hautement qualifiés ». Il a même déclaré avec mauvaise foi : « Je n’ai pas les auteurs pour l’instant », ce qui laisse entendre que le rapport a été rédigé sans sa participation.
Ce n’était pas le cas. Des courriels récemment divulgués et obtenus par le Sous-comité de la Chambre des représentants sur la pandémie de coronavirus démontrent que non seulement le Dr Fauci semble avoir favorisé la publication du document dans le but, apparemment, de discréditer la théorie de la « fuite de laboratoire », mais que, selon des membres républicains de la commission, il a participé à sa rédaction et a donné son accord final sur son contenu.
Les courriels récemment découverts font l’effet d’une bombe. En février 2020, l’un des auteurs de l’étude, le Dr Kristian Andersen, a écrit à un collègue ce qui suit :
« Notre principal travail au cours des deux dernières semaines a consisté à essayer de réfuter tout type de théories de fuite de laboratoire […]. »
En d’autres termes, plutôt que de chercher à savoir ce qui a conduit à l’épidémie sans en tirer de conclusion, l’article pourrait avoir été délibérément destiné à dissimuler la possibilité que la fuite du laboratoire ait été à l’origine de la pandémie.
Pourquoi avoir fait cela ?
Il existe des preuves crédibles de ce que les NIH ont approuvé le financement des travaux de recherche au laboratoire de Wuhan connus sous le nom de « gain de fonction », ce qui consiste à manipuler les virus pour les rendre plus dangereux pour l’homme afin d’obtenir des informations pour lutter contre de futures pandémies. Si c’est bien la cause de la pandémie, il y aura de graves conséquences.
Revenons aux courriels. Andersen a écrit à la revue scientifique Nature Medicine – qui allait publier l’étude – que l’enquête avait été « provoquée » par le Dr Fauci, le Dr Collins et un autre scientifique. Les enquêteurs républicains (pdf) ont également établi que le Dr Fauci et le Dr Collins avaient eu la possibilité de revoir l’article avant qu’il ne soit soumis pour publication – ce dont le Dr Fauci s’est certainement souvenu lorsqu’il a menti par omission à la presse.
Non seulement Fauci a manqué d’intégrité en oscurcissant les faits, mais il a peut-être retardé l’enquête sur l’hypothèse de la fuite du laboratoire, qui a désormais acquis une crédibilité considérable. Par exemple, le directeur du FBI, Christopher Wray, a récemment déclaré qu’une fuite était la cause « la plus probable » de la pandémie.
Ce n’est pas la dernière fois que le Dr Fauci et le Dr Collins se rendent coupables d’un comportement indigne d’un scientifique en participant secrètement à la rédaction de l’article qui argue que « le virus ne vient pas d’un laboratoire ». Ils se sont également livrés à un obscurcissement similaire dans leur tentative commune de discréditer la déclaration de Great Barrington (GBD).
La sagesse du confinement
Lorsque les experts en santé publique Jay Bhattacharya, Martin Kulldorff et Sunetra Gupta ont publié la déclaration de Great Barrington en octobre 2020, remettant en cause le bien-fondé des mesures de confinement sociétal et le fait de ne pas scolariser les enfants, qui courent peu de risques, tout en préconisant une protection « ciblée » des personnes âgées et d’autres populations vulnérables, le Dr Collins, inquiet, a envoyé un courriel au Dr Fauci dans lequel il déclarait : « Cette proposition des trois épidémiologistes marginaux qui ont rencontré le ministre [de la santé publique] Alex Azar semble faire l’objet d’une grande attention. »
Marginaux ? Aucun des auteurs ne mérite ce qualificatif dénigrant. Au contraire, ils étaient et sont tous éminents dans leurs domaines respectifs. Bhattacharya enseigne à la faculté de médecine de Stanford, Kulldorff à Harvard et Gupta à Oxford. À lui seul, Bhattacharya avait publié plus de 100 articles évalués par des pairs au moment du commentaire dédaigneux du Dr Collins.
Plutôt que de considérer les auteurs de la déclaration comme des collègues et des pairs ayant des opinions différentes – ce qui serait conforme au bon fonctionnement de la méthode scientifique – le Dr Collins, dans son courriel adressé au Dr Fauci, demandait instamment que les auteurs fussent discrédités, en écrivant :
« Il faut publier un démantèlement rapide et dévastateur des prémisses de la déclaration. Je ne vois rien de tel en ligne pour l’instant – est-ce en cours ? »
Dr Francis Collins.
Ce fut bientôt le cas. Des articles parurent rapidement dans des publications telles que Wired, dans lesquels le rédacteur scientifique Matt Reynolds qualifia la controverse sur la réponse à apporter à la COVID de « débat scientifique factice ».
À peu près au même moment, une colonne du Washington Post décrivait les trois auteurs comme des « francs-tireurs » et citait le Dr Collins :
« Il s’agit d’une composante marginale de l’épidémiologie. Il ne s’agit pas d’un courant scientifique dominant. C’est dangereux. Elle correspond aux opinions politiques de certaines parties de notre establishment politique confus. »
Pour sa part, le Dr Fauci déclara à ABC News que les propositions de la déclaration de Great Barrington étaient « totalement absurdes ».
Le meilleur argument
Bien entendu, nous savons aujourd’hui que Bhattacharya, Kulldorff et Gupta avaient le meilleur argument. Le préjudice causé inutilement aux enfants – le temps qu’ils ont perdu à l’école, la qualité réduite qu’ils ont reçue des classes virtuelles, sans parler de l’absence de socialisation – est un coup dur dont beaucoup ne se remettront jamais.
Les Dr Fauci et Collins doivent présenter des excuses au pays pour leurs échecs en matière de direction scientifique et de politique publique. En étouffant les recherches sur l’hypothèse de fuite de laboratoire – efforts qui ont largement dépassé leur participation directe à la publication de l’étude sur les fuites de laboratoire mentionnée ci-dessus – et en cherchant à discréditer la déclaration de Great Barrington et ses auteurs, deux des plus hauts responsables de la santé publique du pays ont entravé le processus de délibération essentiel à l’élaboration de réponses politiques appropriées à l’urgence sanitaire – et, ce faisant, ont gravement terni la réputation de nos institutions de santé publique les plus importantes.
Source : https://evolutionnews.org/2023/03/fauci-and-collins-owe-the-country-an-apology/
Article original en anglais publié le 15 mars 2023. La traduction française et la publication sur ce site ont été aimablement autorisées par l’Institut Discovery.
A propos de l’auteur
Wesley J. Smith est président et membre principal du Centre sur l’Exceptionnalisme Humain de l’Institut Discovery. Wesley contribue à la National Review et est l’auteur de 14 livres, qui ont porté ces dernières années sur la dignité humaine, la liberté et l’égalité. Wesley a été reconnu comme l’un des principaux intellectuels publics américains en matière de bioéthique par le National Journal et a été honoré par la Human Life Foundation en tant que « grand défenseur de la vie » pour son travail contre le suicide et l’euthanasie. Le dernier livre de Wesley s’intitule Culture of Death: The Age of « Do Harm » Medicine, un avertissement sur les dangers pour les patients du mouvement bioéthique moderne.
Je pense aussi que le Dr Fauci et le Dr Collins devraient présenter des excuses mais pas seulement à leur pays. En effet, leurs agissements ont eu des répercussions dans de nombreux autres pays, il me semble donc juste qu´ils les présentent au monde entier et cela ne serait qu´un minimum car ça ne réparera jamais les dégâts occasionnés.