Amnesty International accuse Israël de « crimes de guerre » et exige la tenue d’une enquête indépendante
Les Palestiniens ont officiellement obtenu le statut de membre observateur à la Cour pénale internationale (CPI) lundi lors d’un sommet que tiennent les 122 membres de la cour, « une étape » selon eux vers un statut de membre permanent du tribunal.
L’ambassadeur palestinien aux Nations-Unies, Riyad Mansour, a déclaré que son gouvernement cherche à devenir un membre à part entière de la Cour afin d’y poursuivre Israël pour des allégations de crimes de guerre et que devenir un membre observateur est « une autre étape dans ce processus ».
Il a ajouté que le calendrier sera décidé par le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
L’Assemblée générale des Nations-Unies a voté massivement en novembre 2012 pour faire passer le statut des Palestiniens à l’ONU d’observateur à celui d’Etat membre sans droit de vote. C’est cela qui a permis aux Palestiniens de ratifier le traité de Rome (qui ont établi la CPI) et d’accepter sa compétence.
Israël n’est pas un État membre de la Cour pénale internationale mais peut toutefois être jugé si une infraction relevant de la compétence de la Cour est commise sur le territoire d’un État membre de la CPI.
Amnesty International accuse Israël de « crimes de guerre »
Par ailleurs, Amnesty International a estimé mardi que l’armée israélienne a commis des « crimes de guerre » au cours de son opération militaire Bordure protectrice cet été à Gaza et qu’une enquête devait être menée.
La démolition de quatre bâtiments de plusieurs étages, au cours des quatre derniers jours de l’opération, constitue une violation du droit international humanitaire, a affirmé l’ONG de protection des droits de l’Homme.
« Tous les éléments dont nous disposons démontrent que ces destructions à grande échelle ont été menées de façon délibérée et sans justification militaire », a déclaré Philip Luther, directeur d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.
Les faits et les déclarations des militaires israéliens à l’époque indiquent que les attaques étaient « une punition collective infligée aux habitants de Gaza » destinée à détruire leurs biens, a précisé M. Luther.
Au cours de la guerre de 50 jours qui a opposé Israël au Hamas cet été, 2.140 Palestiniens et 73 Israéliens ont trouvé la mort.
« Les crimes de guerre doivent être examinés de manière indépendante et impartiale et les responsables devraient être jugés dans le cadre d’un procès équitable », a-t-il dit.
Les autorités israéliennes n’ont pas réagi dans l’immédiat à ces accusations.
« Entrer dans Gaza »
Amnesty International a demandé à ce que des groupes de défense des droits de l’Homme aient le droit d’entrer à Gaza, ainsi qu’à ce qu’une commission des Nations-Unies (ONU) soit autorisée à « enquêter sans entraves ».
Israël de son côté, estime que le Hamas est responsable du nombre élevé de victimes civiles, car il a lancé des attaques sur le territoire israélien depuis des quartiers résidentiels densément peuplés et utilisé des civils comme boucliers humains face aux répliques de l’armée israélienne.
L’armée israélienne a ouvert une série d’enquêtes criminelles internes sur de possibles fautes commises par ses soldats lors de la guerre dans la bande de Gaza, notamment sur le bombardement d’une école de l’ONU servant de refuge aux Gazaouis (15 morts) ainsi que sur le bombardement sur une plage qui a coûté la vie à quatre enfants.
Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a pour sa part créé une commission chargée d’enquêter sur « toutes les violations de la loi humanitaire internationale » dans les Territoires, en particulier à Gaza pendant la guerre.
Israël a refusé de coopérer avec cette commission en raison d’une « hostilité obsessionnelle contre Israël », selon un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Pendant l’opération, menée du 8 juillet au 26 août et destinée à neutraliser les capacités militaires du Hamas selon Israël, le centre commercial municipal de Rafah, qui abritait des magasins, une clinique médicale et des bureaux, et fournissait les moyens de subsistance à des centaines de familles, a notamment été détruit, a indiqué Amnesty.
Selon les autorités israéliennes, l’un des immeubles détruits abritait un centre de commandement du Hamas et un autre des « équipements liés à des militants palestiniens », a indiqué Amnesty estimant que l’armée devait toutefois « avoir recours à des méthodes qui minimisent les dommages causés aux civils et à leurs biens ».
Les habitants avaient été prévenus peu avant les attaques mais n’avaient pas eu le temps de sauver leurs effets personnels, a ajouté l’organisation.
i24news avec AFP