Selon le Shin Bet, le Moyen-Orient ne devrait pas être l’endroit idéal pour vivre en 2015, ce serait même l’un des endroits les pires et les plus dangereux au monde. Quand le renseignement militaire dirige ses antennes hors de ses frontières, vers l’Iran, l’Irak, la Jordanie, la Syrie, le Liban, l’Egypte, le Yémen, l’Arabie saoudite et l’Afrique du Nord, il voit et décrit un monde en proie à la décadence sociale, l’effritement politique et de plus en plus pauvre.
La crise économique chronique qui affecte les pays « des printemps arabes », continue de s’aggraver avec la baisse du prix du pétrole, accélère la désintégration interne de grands pays comme la Syrie, la Libye et l’Irak, et pourrait saper les régimes de stabilisation comme l’Iran et l’Egypte.
En Arabie saoudite, seul pays considéré encore comme un pays « stable », le chômage chez les jeunes atteindra 30 % pour l’année à venir. Pas étonnant donc de trouver de nombreux Saoudiens dans les organisations mondiales du Djihad.
Beaucoup de jeunes individus ne parviennent pas à trouver leur place dans les sociétés musulmanes, ce qui entraîne la montée de nombreux mouvements radicaux contre Israël et plus d’effusion de sang parmi les musulmans eux-mêmes par rapport aux années précédentes.
Et ce raz de marée de violence pourrait déborder sur Israël. S’il y a un scénario cauchemardesque que redoute les responsables de l’État, c’est celui, relatif, de ne pouvoir être en mesure de localiser ce raz de marée dès sa formation.
Cette perspective sombre est la ligne directrice du rapport complet du Département des Etudes soumis récemment aux hauts fonctionnaires et à l’Etat-major général lors de la cérémonie traditionnelle annuelle connue sous le nom d’évaluation annuelle de MI – un rituel régulier destiné à présenter aux chefs de l’armée et des dirigeants politiques une prévision décrivant les développements politiques et militaires attendus dans l’année à venir.
Cette évaluation de l’intelligence, consistant essentiellement en une série de menaces potentielles auxquelles des réponses doivent être trouvées, est censé servir de base à l’État pour définir son plan d’actions en matière de sécurité, d’économie et de politique pour l’année à venir.
Cette fois, cependant, ces prévisions sombres vont atterrir sur les épaules d’un nouveau gouvernement, d’un nouveau cabinet, d’un nouveau chef de cabinet et peut-être d’un nouveau ministre de la Défense, ce qui rend la situation encore plus inquiétante.
Le Moyen-Orient, après tout, ne va pas attendre jusqu’à l’été, jusqu’à ce qu’un nouveau gouvernement israélien s’installe.
L’incertitude, l’instabilité et la volatilité des événements qui se déroulent pourrait secouer la région sans avertissement.
Il n’est pas étonnant alors que les fonctionnaires eux-mêmes affirment que des prévisions annuelles ne sont pas suffisamment fiables. Un degré élevé de certitude ne peut être assuré que pour les premiers mois de 2015.
Il est fort probable que quel que soit l’issue des élections, le nouveau chef d’Etat-major, Gadi Eisenkot, assumera la responsabilité de tout pour quelques mois, au moins.
Un nouveau gouvernement, et peut-être un nouveau ministre de la Défense, auront besoin de temps avant maîtriser parfaitement la donne et de commencer à prendre des décisions à long terme. Jusque-là, Eisenkot sera le seul à offrir une continuité en termes de préparation à la sécurité.
Chaque rapport commence par un panorama général des puissances mondiales.
L’essentiel ici est très simple : Le Moyen-Orient d’aujourd’hui n’a pas de leader international. Il n’y a pas un seul élément qui maintient l’équilibre et qui facilite la collaboration internationale pour préserver la paix de toutes sortes dans la région.
La Russie de Vladimir Poutine s’efforce d’accroître son influence au Moyen-Orient en ayant un pied ferme en Syrie.
Les Etats-Unis, qui pendant des années ont été les seuls véritables leaders au Moyen-Orient ne peuvent plus agir sans coalition.
En Syrie, c’est une coalition arabe ; en Irak, une coalition occidentale.
La grande Syrie n’existe plus. Le terme accepté ce jour est « Little Syrie » d’Assad qui contrôle 20 à 30% du pays. Le reste comprend les cantons indépendants qui se battent l’un contre l’autre.
La part d’Israël dans l’histoire est le plateau du Golan.
La question des armes chimiques en Syrie restera en suspens en 2015 aussi. L’organe chargé de désarmement chimique de la Syrie, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, n’a pas encore ferme le dossier. Il y a des raisons de croire que le régime d’Assad en dissimule encore…
Le front iranien présente un tableau complexe aussi. Nous ne saurons pas avant l’été si l’Iran et les États-Unis vont signer un accord sur la question nucléaire.
Les fonctionnaires estiment aujourd’hui qu’un tel accord serait mauvais pour Israël.
D’un côté, il permettrait une évaluation plus précise vis-à-vis de la conduite future du Hezbollah le long de la frontière nord d’Israël ; de l’autre, si l’Iran ne signe pas un accord avec l’Occident et ne parvient pas à secouer les sanctions globales, il pourrait échapper à tout contrôle.
Au moins deux autres questions détermineront le visage de 2015 au Moyen-Orient – les élections israéliennes et l’impact de la chute des prix du pétrole sur les pays exportateurs de la région.
L’Arabie saoudite et les Etats du Golfe sont soupçonnés d’avoir accumulé des réserves financières suffisantes pour leur permettre de traverser la crise en un seul morceau.
En revanche, la crise des prix pourrait faire tomber les régimes en Iran, l’Irak et la Libye et conduire à plus d’anarchie.
Les Russes, aussi, pourrait changer leur fusil d’épaule dans le Moyen-Orient à la lumière de la baisse spectaculaire des recettes pétrolières et devenir plus agressif, dans un effort pour lutter contre ce qu’ils perçoivent comme un complot américain pour les détruire.
La détérioration de la situation de la sécurité entre Israël et les arabes-palestiniens, ou entre Israël et Gaza, est une option réaliste en 2015. Le Hamas a maintenant 30 pour cent des capacités de roquettes qu’il avait à la veille de l’opération de protection « Edge ».
Alors que les tunnels défensifs dans Shujaiya et Khan Younis sont en cours de rénovation et de reconstruction.
Israël a la preuve que le Hamas a acheté le ciment de plus de 8000 propriétaires de Gaza qui ont reçu le matériau de construction de l’Organisation des Nations Unies, en coopération avec Israël, afin de réparer leurs maisons.
Un rapport donc plutôt sombre, mais selon certains, trop sombre.
Selon les détracteurs de ce rapport, celui-ci ne présenterait que le verre à moitié plein et n’évoquerait que les menaces et jamais les possibilités.
Source : Julie Arzoine- Traduit et adapté de Ynet pour Tel-Avivre.com