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L’étoile de la rédemption : histoire du Magen David / Merci Dreuz

By 7 septembre 2024ISRAEL

 

Publié par Abbé Alain René Arbez le 6 septembre 2024

Au fil du temps, l’étoile de David est devenue le symbole du judaïsme.

Non sans arrière-pensées, certains commentateurs minimisent son sens et prétendent qu’elle est d’apparition récente. Or il n’en est rien, puisqu’au 9ème s. avant notre ère, à l’époque du roi Achab, fils de Salomon, l’étoile apparaît sur un mur de Megiddo, ainsi qu’au 7ème s. avant JC, où elle figure sur un sceau trouvé à Sidon. Ce symbole devient beaucoup plus visible durant la période du Second Temple, c’est-à-dire depuis le retour des juifs en Judée au 6ème s. avant JC jusqu’au 1er s. de l’ère courante.

Magen David signifie bouclier de David (Scrutum Davidis) parfois renommé sceau de Salomon par les Arabes. En Occident, ce symbole se généralise au Moyen Age, puisque la Bible hébraïque du codex de Leningrad est illustrée par un Magen David en 1008. Au 18ème s. le quartier juif de Vienne est distingué du quartier chrétien par une borne comportant une étoile d’un côté et une croix de l’autre.

On sait que pour les pharisiens docteurs de la Torah, l’étoile à 6 branches symbolisait les 6 jours de la semaine conduisant au shabbat représenté par le centre de l’hexagramme. Les six branches induisaient la plénitude biblique du chiffre sept. Mais la prophétie de Balaam (Nombres 24, 1-25) déclare : « Un astre issu de Jakob devient souverain, un sceptre se lève, issu d’Israël », ce qui annonce la survenue d’une étoile messianique provenant de la maison de David, d’où précisément son nom, Étoile de David. Certains exégètes estiment que l’expression « bouclier de David » résulte de l’épisode biblique racontant comment David, pourchassé par Saül, s’est retrouvé caché dans une grotte, à l’entrée de laquelle il fut protégé par une grande toile d’araignée tissée en forme d’étoile à six branches.

Mais Gershom Sholem nous donne une interprétation à la fois philosophique et spirituelle de l’hexagramme : dans les deux triangles qui se complètent, le triangle dont la base est en bas montre l’aspiration de l’homme vers Dieu, et l’autre triangle dont la base est en haut indique la compassion de Dieu tourné vers l’homme.

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Uri Ophir, spécialiste des symboles juifs pense que l’origine ancienne du Magen David provient de la Menorah du temple de Jérusalem. En effet, sous chacun des 7 chandeliers se trouve une fleur (Exode 25,31), un lys blanc évoquant clairement l’étoile de David. De ce fait, chaque bougie de la Menorah était au centre d’un Magen David.

Un commentaire du Shir ha shirim, Cantique des cantiques, sous la plume du rabbin Abraham Ibn Ezra (1093-1167) précise que la « rose » citée dans le texte (Cantique 2,2) est un lys (shoshana), de la même racine que le chiffre 6 (shesh) symbole du peuple d’Israël. (Il existe un chant connu : Erev El Shoshanim).

Le roi Salomon voulut placer de part et d’autre de l’entrée du Temple deux colonnes d’airain (Boaz et Yakin) pour marquer l’entrée au sanctuaire par une dimension mystique. (Cette posture sera d’ailleurs reprise par de nombreux bâtisseurs de cathédrales, avec deux tours à l’entrée de l’édifice sacré). Or la partie supérieure de chaque colonne du temple de Salomon était constituée d’une couronne imposante en forme de lys à 6 branches. « Et sur les colonnes il plaça des couronnes en forme de lys » (1 Rois7,19).

Le Magen David a pris une nouvelle dimension politique, d’abord effrayante durant le pouvoir nazi qui a utilisé l’étoile jaune pour désigner les juifs comme candidats à leur élimination sociale et finalement physique. Mais le même Magen David a été promu figure d’une résurrection, comme symbole du sionisme, devenant dès 1948 l’effigie de la nation juive renaissante. Puis il a reçu une signification philosophique dans les travaux de Franz Rosenzweig avec son ouvrage « L’Etoile de la rédemption » pour lequel les triangles expriment les éléments d’une réalité : Dieu, l’univers et l’homme.

Notons que l’hexagramme à six branches se retrouve fréquemment dans les vitraux, sur les fresques et dans les sculptures des sanctuaires chrétiens, sans doute en référence à la phrase du livre de l’apocalypse de St Jean, mais aussi pour rappeler aux contemporains le lien indéfectible entre Premier et Nouveau testaments : « Je suis le Fils, le descendant de David, je suis l’étoile brillante du matin »(Ap 22,16)

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez, prêtre catholique, commission judéo-catholique de la conférence des évêques suisses et de la fédération suisse des communautés israélites, pour Dreuz.info.

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