Amihai Chikli a souligné que « Benjamin Netanyahu est du même avis que moi – ce n’est pas personnel ».
Alors que les partis de droite française ont gagné du terrain lors des élections législatives, le ministre israélien des Affaires de la diaspora, Amihai Chikli, a déclaré que les dirigeants israéliens actuels seraient ravis si Marine Le Pen, cheffe du Rassemblement national, devenait présidente.
Après la victoire de Mme Le Pen dimanche, le ministre a déclaré qu’il serait « excellent pour Israël qu’elle devienne présidente de la France, avec 10 points d’exclamation ».
S’adressant à Kan News, la chaîne de radio publique israélienne, le ministre, dont le portefeuille comprend la lutte contre l’antisémitisme dans le monde, a parlé du soutien de Mme Le Pen à l’État juif et sa récente participation à une marche contre l’antisémitisme, à laquelle le président Emmanuel Macron, lui, n’a pas assisté, ce qui a été remarqué par les élus israéliens.
Le Pen est « le leader éminent qui a défilé avec la communauté juive lors de la marche contre l’antisémitisme, à laquelle M. Macron a choisi de ne pas participer », a dit Chikli.
De plus, M. Chikli a expliqué que Mme Le Pen serait bénéfique pour Israël en raison de sa « position ferme » sur plusieurs questions clés :
- Contre le Hamas
- Contre la Cour pénale internationale
“J’ai été impressionné par sa position ferme contre le Hamas et en faveur du droit d’Israël à éradiquer le Hamas, ainsi que par son soutien à Israël sur la question de la CPI », a expliqué Chikli.
“La solution à deux Etats est obsolète” – Jordan Bardella
La semaine dernière, M. Chikli a publiquement fait l’éloge d’un discours prononcé par Jordan Bardella, président du Rassemblement national, dans lequel il a déclaré qu’une solution à deux États était « obsolète » à la lumière des attaques menées par le Hamas le 7 octobre. Cette déclaration, qui constitue une rupture totale avec les stupides rengaines sur les bénéfices qu’un Etat palestinien apporterait à l’Etat juif, est en phase avec ce que pensent la grosse majorité des citoyens israéliens.
Bardella a déclaré que malgré le soutien de la France à la solution des deux États au fil des ans, « cette position est devenue obsolète à la lumière des atrocités commises par le Hamas le 7 octobre ».
Il a également déclaré que « pour beaucoup de Français juifs, le Rassemblement national est un bouclier contre l’idéologie islamiste ». C’est tout à fait exact, j’en reçois les témoignages quotidiennement, mais j’entends également que pour beaucoup de Français juifs – et quelques fois ce sont les mêmes personnes – le RN cache un antisémitisme redoutable qui viendra les mordre quand il arrivera au pouvoir.
“Netanyahou est du même avis que moi”
Le journaliste a demandé à Chikli ce qu’en pensait le Premier ministre Benjamin Netanyahou, tous les deux étant membres du même parti, le Likoud, que les journalistes occidentaux classent à l’extrême droite, car ils ne savent pas qu’il existe plusieurs partis politiques bien plus à droite. M. Chikli a déclaré :
“Il semble que [Netanyahou et moi] soyons du même avis. Il ne s’agit pas d’une question personnelle, mais d’une position fondée sur ses positions concernant le Hamas, la CPI et la lutte de la communauté juive contre l’antisémitisme”.
M. Chikli a déclaré avoir rencontré Mme Le Pen lors d’un grand rassemblement du parti conservateur espagnol Vox à Madrid en mai. Au cours de la conférence, qui était très pro-israélienne, Chikli a déclaré avoir parlé avec Mme Le Pen et avoir été « très impressionné par certaines des choses qu’elle a faites ».
Bien que des institutions juives françaises comme le CRIF, qui est l’organisation parapluie d’une poignée de petites associations « Loi 1901 », soient opposées au RN en raison de l’antisémitisme historique de son parti, le ministre israélien a toutefois déclaré qu’il était « impressionné » par ses positions.
- Depuis des années, les ministres et les représentants officiels d’Israël à l’étranger ont reçu pour instruction d’éviter toute rencontre avec des membres du parti, en raison de ses antécédents d’antisémitisme et de négationnisme, et par souci de coordination et de solidarité avec la communauté juive française.
- Cependant, cette communauté juive n’a pas été capable d’évoluer, elle est restée figée et apeurée par les vieux clichés d’après-guerre, et elle n’a aucune compréhension géopolitique.
Mme Le Pen s’est efforcée d’inverser la profonde histoire d’antisémitisme de son parti, alors que le nombre d’électeurs Juifs en France est très faible, quelques centaines de milliers – et que leur vote n’est pas du tout uni. Certains pensent qu’il ne s’agit que d’une posture de façade destinée à créer une honorabilité sur le dos des juifs, d’autres qu’il s’agit d’une démarche authentique.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.