De petites lâchetés en grandes démissions, le patrimoine chrétien cède la place. Dans un monde musulman rongé par le radicalisme, Noël est la cible de fanatiques. Quelques exemples, ici et là.
Noël approche. Dans les écoles, la fête a perdu son lustre. Une enseignante de musique valaisanne me disait qu’il lui a été signifié en 2016 de ne plus faire apprendre de chants contenant le mot «Dieu» à ses élèves. On n’enseigne plus de chants qui célèbrent la nativité, le «petit Jésus» a disparu avec les crèches, les sapins ne scintillent plus. Il s’agit de signes religieux, mais aussi d’un patrimoine qui s’efface silencieusement. Inversement, dans les coulisses, les pressions de militants musulmans s’accentuent afin d’imposer leurs rites et préceptes dans tous les interstices de notre société, écoles comprises.
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L’empreinte du rejet des chrétiens est profonde. Les Frères musulmans du Conseil européen de la fatwa et de la recherche présidé par l’infâme Youssef Al Qaradawi ont répondu en 2016 à cette question: peut-on souhaiter bonnes fêtes aux chrétiens pour Noël? Une question que se posent, nous apprend-il, de nombreux musulmans d’Europe. Sa réponse a été publiée par divers sites, dont l’UOIF. C’était oui, l’inverse aurait été dommageable pour l’image déjà bien dégradée de l’islam. Les grands savants, dont fait partie le Suisse Youssef Ibram, ont donc puisé dans la grande bassine des versets et hadiths et choisi ceux qui corroboraient leur dessein.
Peut-on fréquenter les chrétiens durant leurs fêtes et y participer se demande la Mosquée de Lausanne dans son site. Le titre du chapitre donne la réponse: «Il n’est pas permis de célébrer les fêtes des non-musulmans», versets, hadiths et citations de «grands savants» à l’appui. Les fêtes des «ennemis de Dieu» sont à éviter. L’imam, Mouwafak Al Rifai, déclarait déjà dans un prêche enregistré en 2011: «Tariq Ramadan cherche à plaire aux chrétiens et aux juifs. Il cherche à plaire aux diables!» Dans son site, les chrétiens à la fréquentation périlleuse sont taxés de «grands pécheurs» et très souvent de «mécréants». Ici comme ailleurs, il est interdit de qualifier de «croyant» des adeptes d’autres religions, ce terme étant exclusivement réservé aux disciples du Prophète.
En France, la mère d’une amie raconte comme bénévole des histoires aux enfants durant la période de Noël. Elle a demandé à la responsable si elle pouvait continuer à narrer des contes de Noël. Refus. Les Vacances de Pâques sont définitivement devenues Vacances de printemps chez nos voisins.
Durant sa campagne présidentielle, en déplacement dans une banlieue, Benoît Hamon s’est entendu poser cette question par une jeune fille: «Pourquoi elle est méchante Marine Lepen?… Parce qu’elle est chrétienne?»
Les pressions musulmanes sont renforcées par l’action des libres penseurs et de ceux qui croient œuvrer en faveur de la laïcité. Les pensées ne sont déjà plus libres et la laïcité fait progressivement place, paradoxalement, à une seule religion: l’islam. Alors que Noël et ses symboles s’estompent, impossible d’échapper aux récits de ramadan, de pèlerinage, aux divers moyens de couvrir le corps et les cheveux des femmes. Impossible d’échapper aux célébrations du patrimoine culturel de l’islam.
Les pieux musulmans rejettent nos traditions, mais nous sommes sommés de respecter les leurs. Durant les atteintes au patrimoine chrétien, l’islamisation continue. Témoin ces directives aux enseignants du canton de Fribourg édictées il y a quelques années: autorisation de congés pour les fêtes des diverses religions (trois à cinq jours), autorisation du burkini et du foulard des fillettes, flexibilité dans les cours de sport durant le ramadan jusqu’à «dispenser les élèves qui suivent le jeûne». Les fêtes chrétiennes «sont autorisées» si les enseignants veillent à «ne pas porter atteinte aux sentiments religieux des élèves d’autres confessions». L’intolérance d’une «autre confession» est comprise et approuvée.
Le Coran encore et toujours…
L’hostilité envers les chrétiens prend naissance dans le Coran. Et tant que ce violent rejet ne sera pas reconnu et explicitement proscrit par les leaders religieux, les discriminations et les persécutions se poursuivront. Hors la Corée du Nord, les pays musulmans tiennent le haut du hit-parade de ces violences.
Autre facette du rejet coranique: les «croyants» demandent à Allah 17 fois par jour dans leurs prières de les conduire sur «la voie droite», pas celle des «égarés» et de «ceux qui ont encouru la colère de Dieu». Soit selon la quasi-totalité des exégètes, les chrétiens et les juifs.
La condamnation à l’enfer des «incrédules» (ou infidèles ou mécréants), qui regroupent tous ceux qui n’ont pas adhéré à l’islam, parcourt l’ensemble du «livre saint». C’est la racine des malheurs des non-musulmans. Parmi eux, les «associateurs», dont les polythéistes et ceux qui, par exemple, associent Jésus à Dieu sont visés par des versets spécifiques. Le péché associationniste est un des plus graves, car il concerne le cœur du dogme: l’unicité de Dieu.
«…Celui qui associe quoi que ce soit à Dieu, commet un crime immense.» (IV, 48)
«Nous jetterons l’épouvante dans les cœurs des incrédules parce qu’ils ont associé à Dieu ce à quoi nul pouvoir n’a été concédé. Sa demeure sera le Feu. Quel affreux séjour pour les impies» (III, 151)
«… Les chrétiens disent: le Messie est fils de Dieu. Telles sont les paroles de leur bouche. Ils répètent ce que les impies disaient avant eux. Que Dieu les écrase! Ils marchent à reculons.» (IX, 30)
Un monde musulman progressivement fanatisé
Le radicalisme s’étend sur la grande majorité des pays musulmans et avec lui l’hostilité contre tous les non musulmans, dont les chrétiens.
En Turquie, où la communauté chrétienne est minuscule, le rejet est violent. Le 30 décembre dernier, dans son prêche officiel distribué à toutes les mosquées du pays, la Dinayet (ministère du Culte) a déclaré que les fêtes de Noël et du Nouvel An ne sont pas compatibles avec la culture islamique, qu’elles sont illégales et qu’il faut s’en tenir éloigné. On a pu voir des panneaux publicitaires sur lesquels un musulman donnait un coup de poing au Père Noël.
L’Etat islamique a confirmé à sa manière le prêche et le message des panneaux. Par une tuerie dans une discothèque d’Istanbul le 1er janvier qui a fait une quarantaine de morts: «Dans la continuité des saintes opérations menées par l’État islamique contre le protecteur de la croix, la Turquie, un soldat héroïque du califat a frappé une des discothèques les plus connues où les chrétiens célèbrent leur fête apostate.»
L’Indonésie dans les griffes des intolérants
L’Indonésie est le plus grand pays musulman, ce fut aussi un des plus ouverts. Dans ce pays de 255 millions d’habitants qui comprend 80 à 90% de disciples d’Allah, l’intolérance religieuse alimentée par les islamistes s’accroît, accompagnée d’une forte hausse des attaques de minorités. Le gouverneur chrétien de Jakarta, en prison pour «blasphème contre l’islam», en a fait les frais en mai de cette année. Des centaines de milliers d’Indonésiens avaient été mobilisés contre «l’infidèle»dont une partie criait «mort à Ahok!» Ici comme ailleurs, la population est souvent plus conservatrice que le gouvernement.
Un sondage organisé auprès des enseignants en religion de cinq provinces (sur 34) connues pour leur conservatisme révélait au début de cette année que 80% des 505 interviewés souhaitent l’introduction de la charia et une majorité tout aussi écrasante estime qu’il ne faut pas accueillir de non-musulmans.
Dans ce pays aussi, la question de savoir si des musulmans peuvent souhaiter Joyeux Noël est remise au goût du jour. Le puissant Conseil des oulémas d’Indonésie (MUI) y est opposé. Sa première interdiction des vœux aux chrétiens, de même que la fréquentation d’événements liés à Noël a été prononcée en 1981. Jusque là, une grande fête était organisée à Jakarta à l’occasion de Noël à laquelle des musulmans participaient. L’actuel président Jokowi tente de lutter contre les intolérants, notamment en allant rendre visite à des temples et églises au moment de Noël pour souhaiter bonnes fêtes aux chrétiens. Deux grandes organisations musulmanes tentent elles aussi de remonter le courant.
Le 15 décembre 2016, le MUI a édicté une fatwa qui déclare interdite toute utilisation de décorations de Noël. Elle critique l’atmosphère de cette fête qui «envahit» le domaine public et qu’elle qualifie de «culture étrangère à laquelle nous ne devons pas nous mêler». Aucun croyant musulman n’est autorisé à vendre ou acheter des produits liés à Noël ou à porter des vêtements tels qu’un bonnet de Père Noël. «Des images religieuses et des accessoires sont utilisés délibérément pour rendre visible l’identité d’une certaine religion et pour représenter sa tradition et ses rituels. Pour cette raison, l’utilisation d’accessoires non islamiques est contraire à la loi, tout comme l’est le fait de demander à des musulmans de les porter», déclare Hasanuddin, le chef du conseil des oulémas.
Le 15 décembre 2016, des membres d’un «Front des défenseurs de l’islam» ont pris d’assaut une agence d’automobiles dont les employés avaient été invités à porter des vêtements en lien avec le thème de Noël.
Qu’en 2017, des organismes musulmans en soient –ou en reviennent- à des injonctions coraniques aussi intolérantes dépasse l’entendement. Et fait craindre que l’État islamique n’ait été qu’un épisode dans un défi qui menace la planète.
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