En marge d’entretiens menés avec les ministres des Affaires étrangères irlandais et néerlandais mercredi, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a appelé le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à condamner le meurtre de Raziel Shevach survenu mardi.

Netanyahou a appelé le ministre irlandais Simon Coveney de Dublin, et son homologue néérlandais Halbe Zijlstra, à obliger Abbas à cesser de payer les salaires des terroristes palestiniens et de leurs familles.

« Le Premier ministre a souligné ici la véritable source du conflit, à savoir le refus de reconnaître l’Etat d’Israël dans toutes les frontières, ainsi que l’encouragement du meurtre des Israéliens, où qu’ils se trouvent », a indiqué le bureau de Netanyahou.

A la recherche des terroristes

Dans la journée, l’armée israélienne continuait à chercher dans la région de Naplouse les meurtriers de Raziel Shevach, enterré en fin de matinée.

Les soldats ont installé des checkpoints aux entrées et sorties de la ville, contrôlant méticuleusement les identités et fouillant les véhicules.

L’armée a aussi mobilisé des renforts pour prendre part à la chasse à l’homme mais aucune arrestation n’avait été rapportée dans l’après-midi en lien direct avec le meurtre.

Les soldats israéliens installent des barrages et ratissent le secteur à la recherche des meurtriers d’un colon israélien tué la veille près de Naplouse en Cisjordanie occupée, le 10 janvier 2018
JAAFAR ASHTIYEH (AFP)

Le rabbin Raziel Shevah, 35 ans, a été tué par balles mardi soir alors qu’il circulait dans sa voiture près de la localité de Havat Gilad où il vivait. Un véhicule s’est porté à sa hauteur avant que ses occupants n’ouvrent le feu, ont rapporté les médias israéliens. Au total, 22 impacts de balle ont été dénombrés.

D’après une source militaire à i24NEWS, plusieurs terroristes pourraient être impliqués dans l’attentat et feraient partie d’une même cellule. Ils auraient pris la fuite en direction de Naplouse et des villages voisins.

Les Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du mouvement terroriste palestinien Hamas, ont salué l’attaque.

En fin de matinée, des centaines de personnes ont enterré Raziel Shevah à Havat Gilad, conformément à ses voeux selon sa famille.

« Vengeance, vengeance », ont scandé des dizaines de jeunes, interrompant le ministre de l’Education Naftali Bennett,  venu représenter le gouvernement aux obsèques.

Dans son discours, le ministre a appelé le Premier ministre Benyamin Netanyahou à « légaliser » Havat Gilad, considérée « comme « sauvage », c’est-à-dire illégale aux yeux de la loi israélienne.

Funérailles du rabbin israélien tué la veille par balle près de Naplouse en Cisjordanie occupée, le 10 janvier 2018
MENAHEM KAHANA (AFP)

L’Autorité palestinienne une nouvelle fois dans le viseur

Le ministre de la Défense Avigdor Lieberman a indiqué avoir ordonné à ses services d’examiner la possibilité de « légaliser » la localité.

L’assassinat de Raziel Shevah a attisé les flammes contre l’Autorité palestinienne, accusée de soutenir financièrement les auteurs d’attentats emprisonnés ainsi que leurs proches, encourageant ainsi le terrorisme.

« Le Hamas tresse les louanges des terroristes et les lois de l’Autorité palestinienne vont récompenser financièrement » les auteurs de l’attaque, a tweeté l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, selon qui « il ne faut pas chercher plus loin pourquoi la paix est absente ».

Le ministère israélien de la Défense a publié mardi des chiffres selon lesquels l’Autorité palestinienne a versé en 2017 1,2 milliard de shekels (300 millions d’euros), soit 7% de son budget annuel, aux auteurs d’attentats emprisonnés par Israël et à leurs familles.

Un terroriste palestinien condamné de trois à cinq ans de prison reçoit l’équivalent de 600 dollars par mois, un autre qui purge une peine de 20 à 35 ans a droit à 2.900 dollars jusqu’à la fin de sa vie. Selon le ministère israélien, le salaire moyen en Cisjordanie est de 600 dollars.

Le ministre de la Défense a indiqué dans un communiqué qu’il allait présenter un projet de loi permettant à Israël de soustraire le total de ces aides de l’argent qu’Israël reverse à l’Autorité palestinienne au titre des taxes prélevées sur les biens destinés aux territoires palestiniens.

Malgré les pressions, l’Autorité palestinienne a toujours refusé de mettre fin à ces paiements, une décision qui serait très impopulaire tant le prestige des milliers de prisonniers est grand.

Qaddoura Farès, président du Club des prisonniers palestiniens interrogé par l’AFP, n’a pas contesté les chiffres israéliens. Mais il a justifié le soutien pécuniaire aux prisonniers et leurs proches comme « une obligation légale, morale et humanitaire ».

Une éventuelle retenue israélienne sur les taxes reversées à l’Autorité serait « un acte de piraterie de la part du gouvernement d’occupation », a-t-il dit.