Par Guy Millière, exclusif pour Kountrass
De nombreuses rumeurs ont été répandues avant le voyage de Donald Trump en Israël. De nombreuses rumeurs ont été répandues après que le voyage ait été achevé. Le fait que l’ambassade des Etats-Unis n’ait pas encore été déménagée à Jérusalem a été pris comme un reniement d’une promesse faite pendant la campagne. Le fait que Donald Trump ait reçu Mahmoud Abbas à la Maison Blanche a été pris, lui, comme une forme de trahison. Le fait que Donald Trump se soit mis en colère en rencontrant Mahmoud Abbas à Bethlehem et l’ait mis en face de ses mensonges a été considéré par certains comme le signe qu’il ouvrait les yeux et comprenait enfin, mais tardivement, qui était le chef de l’Autorité Palestinienne.
Il importe de balayer les rumeurs et de poser sur la situation d’ensemble un regard plus profond.
1-Donald Trump n’a pas renoncé un seul instant au déménagement de l’ambassade des Etats-Unis. Il a différé ce déménagement et a insisté par le biais de son porte-parole sur le fait que la question n’était pas celle de savoir si ce déménagement aurait lieu, mais celle de savoir quand, et Sean Spicer a spécifié en répondant à une question que le transfert aurait lieu avant la fin du premier mandat de Donald Trump, qui est un homme de parole, et est en train de le montrer dans tous les domaines.
2-Donald Trump a toujours su qui était Mahmoud Abbas et n’a jamais été dupe de ses mensonges. Il est engagé dans une négociation bien plus vaste, qui dépasse de beaucoup la « question palestinienne », et qui vise à créer une alliance entre les pays arabes sunnites et Israël de façon à endiguer l’Iran et à éradiquer (ou tout au moins faire reculer nettement) le terrorisme islamique. Cette alliance implique la possibilité pour les dirigeants des pays arabes sunnites concernés (Arabie Saoudite, Egypte, Jordanie, émirats du Golfe) de voir les Etats-Unis et Israël faire des gestes vis-à-vis des Palestiniens. En accueillant Mahmoud Abbas à Washington, et en faisant mine de l’écouter, Donald Trump a fait un geste. En agissant comme il l’a fait à Bethlehem, Donald Trump a montré que, malgré son geste, Mahmoud Abbas était un homme avec qui aucune négociation n’est possible, et, en commentant l’attaque djihadiste de Manchester, a précisé que les terroristes tueurs d’enfants étaient des perdants maléfiques avec lesquels aucune discussion n’était possible. Israël n’a pas de geste à faire vis-à-vis de Mahmoud Abbas dans le cadre ainsi défini, et les pays sunnites susdits peuvent dire que Mahmoud Abbas n’a pas été à la hauteur du geste de Donald Trump. L’alliance peut avancer. Elle se mettra en place sans que l’idée d’un « Etat palestinien » fasse encore partie de l’équation. Très significativement, Donald Trump pendant tout son séjour au Proche-Orient n’a jamais utilisé les mots « Etat palestinien », ou solution à « deux Etats », et la solution à « deux Etats » a été reléguée dans le révolu, et y restera si l’alliance prévue se met en place. Il n’y aura pas d’Etat palestinien sous Donald Trump. Il n’y en aura sans doute pas dans le futur. Donald Trump a clairement laissé entendre qu’Israël serait libre de décider de la gestion de la « question palestinienne », sans pressions américaines. Ce qui se profile a les allures d’une véritable révolution géostratégique régionale, et les pressions exercées présentement sur le Qatar, qui ne joue pas le jeu dont les règles ont été définies par Donald Trump, font partie de la révolution qui s’amorce.
3- Donald Trump a dit autrefois qu’il était bon d’être sous-estimé, car celui qui est sous-estimé dispose d’un immense avantage sur ceux qui lui font face. A lire ce qui s’écrit sur lui, Donald Trump est à l’évidence très sous-estimé. Ceux qui le sous estiment oublient qu’il a été un grand homme d’affaires pendant quatre décennies et qu’il a écrit un livre sur l’art de la négociation, The Art of the Deal, qui explique sa façon de procéder. C’est cette façon de procéder qu’il utilise présentement. Ceux qui connaissent son amitié de longue date pour Israël, et qui savent qu’il est le premier Président des Etats-Unis à avoir une famille juive religieuse ne doutent pas une seule seconde de ses intentions. Il n’y aura pas d’Etat palestinien sous Donald Trump, non. Il n’y en aura pas dans le futur si Donald Trump réussit ce qu’il entreprend, et, en général, Donald Trump réussit ce qu’il entreprend.
Guy Millière