Les multiples procès intentés à l’ancien président des États-Unis sont pour la plupart injustifiés et reflètent un acharnement judiciaire qui devrait inquiéter tous ceux attachés à la démocratie, estime notre chroniqueur.
Je l’écris d’emblée. J’étais loin de prendre pour argent comptant les accusations de Donald Trump reprochant à la justice américaine, dans les nombreuses poursuites à son encontre, une malhonnêteté empreinte d’illégalité. D’abord parce que j’ai sans doute le tort d’imaginer l’herbe judiciaire plus verte ailleurs que dans le pays où j’exerce et où la justice actuelle me désespère. Ensuite, parce que l’ancien président et nouveau candidat américain a tellement tendance à voir partout des complots à son endroit, que, tel Pierre criant chaque jour au loup, j’avais tendance à ne plus écouter Donald Trump.
Certes, j’avais considéré que l’inflation de procédures à l’encontre d’un dur à cuire était contre-productive et le transformait en martyr. Ce n’est pas pour autant que je tenais ses poursuivants, tous trois Démocrates, pour maladroits ou, pire encore, pour malhonnêtes. Mais je dois reconnaître qu’après avoir lu des journaux comme Le Monde et le New York Times, peu suspects de « trumpisme » excessif, ou encore le Wall Street Journal, j’ai acquis la conviction que le complotiste incendiaire était victime d’un complot judiciaire.
Commençons par le procureur Alvin Bragg. Celui-ci a eu l’idée discutable – et discutée – de poursuivre l’ancien, et peut-être futur, président américain pour avoir versé la somme équivalant à 119.000 euros à une ancienne actrice de cinéma pornographique avec laquelle il aurait entretenu un commerce en principe moralement interdit à un homme marié. Un esprit chagrin aurait pu reprocher à la dame un médiocre chantage, mais force est de constater que les médias américains n’ont pas l’esprit chagrin et que la femme passerait pour un peu pour victime. Et la somme pour acheter le silence ayant peut-être été réglée par une société du groupe Trump – selon la déclaration de Michael Cohen, ancien avocat de Donald Trump, l’ayant dénoncé pour sauver sa peau (ce qui pourrait également chagriner) – le procureur y voit un abus de bien social.
Les poursuites envers la victime d’un chantage, dénoncé par son avocat, paraissent donc, dans ces conditions particulières, pour le moins particulièrement disproportionnées, au regard de leur coût et de leur publicité. Mais voilà que l’article du Monde écrit que le procureur Alvin Bragg aurait seulement été payé « indirectement » par le milliardaire internationaliste George Soros. Donald Trump se permettrait pourtant de l’accabler d’injures et de reproches, à caractère nécessairement « antisémite ». J’ignore de quelle manière « indirecte » le procureur new-yorkais a été payé. Mais je ne savais pas qu’un magistrat pouvait être payé, même indirectement, par un adversaire acharné de son accusé, sans être convaincu de dépendance dans le meilleur des cas et de corruption dans le pire des cas. En outre, j’avoue être chaque fois assez choqué – pour ne pas dire outré – lorsque je lis que tout grief proféré à l’encontre du milliardaire hongrois précité, quand bien même sa judéité ne serait en rien évoquée, serait constitutif d’antisémitisme. Je ne crois pas que Benyamin Netanyahou – ou l’auteur de ces lignes – bénéficie d’un tel privilège. Et c’est heureux.
Il y a ensuite la procureure Fani Willis, en Géorgie, qui poursuit Donald Trump pour le délit autrement plus sérieux que d’avoir tenté de modifier le résultat des élections. Or, nous avons appris que la procureure démocrate poursuivant le candidat républicain, entretenait des relations avec le procureur Nathan Wade, payé grassement 650.000 dollars pour enquêter à l’encontre de son célèbre accusé. Les deux tourtereaux sont, de surcroît, partis dans les Caraïbes et en Californie pour passer des vacances somptueuses. Un juge d’Atlanta, pour tenter de sauver Fani Willis, a d’ores et déjà débarqué son enquêteur particulier. Le mot de mœurs judiciaires de république bananière pourrait venir à l’esprit le moins outrancier.
Il y a enfin la procureure de New York, la mirobolante Letitia James, qui poursuit l’ancien président pour avoir surestimé la valeur de ses actifs, notamment immobiliers. Ce qui est contesté par l’intéressé. Comme le reconnaît sans barguigner le journaliste du Monde, chacun s’accorde à reconnaître que l’exigence démesurée de réclamer à son accusé le paiement d’une caution de 450 millions de dollars lui a fait perdre son crédit. Mais c’est surtout le caractère politicien et idéologique de la poursuivante démocrate afro-américaine, extrêmement à gauche, qui ruine sa crédibilité et autorise le soupçon de partialité. C’est cette procureure qui décrivait l’administration sous Donald Trump comme « trop masculine, trop claire, trop viciée ». Une juge de notre syndicat du « Mur des cons » n’aurait certainement pas mieux dit.
Pire encore, en 2018, lors de sa campagne électorale pour le poste, Letita James prononça ces fortes paroles à l’encontre d’un président élu, encore en exercice : « Je n’ai qu’un mot à dire. Donald Trump, nous allons le poursuivre en justice. Nous allons l’emmerder. Il va connaître mon nom personnellement ».
Nous en sommes arrivés à un tel point de partialité, que le très à gauche New York Times a été contraint d’écrire avec un euphémisme controuvé : « Son franc-parler à l’égard de Donald Trump montre la tension entre le devoir d’impartialité d’un procureur et les avantages politiques d’attaquer un Républicain ». Et le Wall Street Journal, plus direct : « Laetitia James sacrifie l’État de droit pour avoir Trump ». J’ajoute que les trois procureurs démocrates sont noirs et que Trump n’est pas le dernier à souligner le contexte racialiste de poursuites menées, dans un cadre aussi partial idéologiquement que suspect financièrement.
À notre connaissance, le public français est largement tenu dans l’ignorance de ces circonstances extravagantes, pour des raisons qui tiennent de l’indignation idéologique sélective. On peut parfaitement détester Donald Trump pour d’excellentes raisons, mais on doit détester plus encore la fraude, le parti pris et l’injustice qui nous menacent tous. Le complotiste semble victime d’un complot de juges qui lui rendent bien involontairement un immense service. Le public français se doit de le savoir. Le scandale est qu’il n’y a pas scandale.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié dans Figaro Vox.
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