« OR » AVEC AYIN, « OR » AVEC ALEPH
Vêtement au dehors, lumière à l’intérieur
Elishéva GOËL
PREFACE
« La beauté cachée se voit sans délai » chantait Serge Gainsbourg. Hou, oh là ! Et j’entends d’ici des « grenouilles de bénitier » s’exclamer :
« Mais comment peut-il prendre les paroles d’un tel homme comme référence pour introduire un livre sur la pudeur et le vêtement ? ».
Bon, mettons les choses au clair, ce n’est pas Gainsbourg que je référence ici mais sa phrase. Elle ne convient pas trop mal et convient même fort bien pour introduire ce délicat petit ouvrage, bijou précieux que j’affectionne comme j’affectionne, dans l’univers des secrets de notre relation qui n’appartiennent qu’à nous, ma chère Elishéva.
Gainsbourg était juif et si on ne l’intègre pas on peut difficilement comprendre le personnage d’écorché vif, d’ultrasensible et de porteur de valeurs « camouflées » derrière un uniforme, un costume de provocateur. Mais derrière le costume il y avait des siècles de judéité irrépressible.
Derrière l’homme viveur par dépit, vivant en « sursis de tout », à la marge de tout par crainte sans doute de l’essentiel qui le ramènerait vers le centre de tout et du D.ieu d’Israël en Ses principes, il y avait une âme pudique, piétinée oui, mais d’une pudeur jamais vaincue malgré tant d’efforts vains. Oui, oui, j’insiste, pudeur, une âme pudique. Et il pouvait le trahir à travers des mots comme : « la beauté cachée se voit sans délai ».
Il ne pouvait complètement se départir de siècles de pudeur judaïque. On ne se défait pas de ses ancêtres.
« Telle l’âme pourtant invisible mais qui donne la vie au corps. Tel D.ieu qui est omniprésent et qu’on ne voit pas » est-il écrit un peu plus loin dans ton livre, ma chère, ma tendre épouse. Oui.
Je ne serai pas disert dans ma préface, celle que tu m’as demandé d’écrire, car nous sommes si profondément en accord avec ces choses dont tu traites ici. Et dès lors…
Je ne serai pas disert, car je préfère aussi cette intériorisation splendide dont tu parles si bien et qui concerne si bien aussi le vécu de notre relation et ses vêtements, ceux que nous nous sommes moralement paisiblement taillés en lisant la Bible et en laissant le cœur de notre D.ieu battre dans le nôtre.
Combien je veux te remercier ici, chère ishti, car si souvent j’ai guetté avec ce mélange de « crainte » puérile et de délicatesse entremêlées le tombé de tes robes, les plis de tes chemisiers et leurs ombrés saints et rassurants, les moindres détails de tes coiffes qui jamais ne vainquirent ce port de tête qui t’est unique, mélange d’humilité juste et de juste fierté enchâssées dans ce quelque chose de noble de toi… et que tu ignores.
Je peux te le dire aujourd’hui que toujours je fus intérieurement charmé, et bien plus encore, par ta pudeur magnifique et ce choix de garder ton corps à l’abri des regards afin que nos moments secrets, simples sourires échangés parfois, le soient sous le regard de notre Créateur seul et qu’ils prolongent sans aucune difficulté notre spiritualité la plus authentique en ses moments bénis. Toujours.
Au fond, car il faut le dire, dans une enveloppe de femme, c’est encore d’une certaine façon l’enfant éternel qui navigue en toi, innocent.
Merci.
Haïm, ton époux.
INTRODUCTION
Depuis quelques mois, le Seigneur parle profondément à mon cœur concernant le fait d’écrire un petit ouvrage sur le thème du vêtement dans la Parole de D.ieu. Tout cela a commencé lorsque j’ai été amenée à prier pour une sœur qui avait de grands besoins, et D.ieu m’a donné pour elle deux versets :
«… un vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu » (Esaïe 61 : 3) et « Car Il m’a revêtu des habits du salut, du manteau de la justice. » (Esaïe 61 : 10).
Suite à cela, j’ai médité sur les différents vêtements cités dans la Parole et je dois dire que j’ai été renversée par le nombre vertigineux de mentions du vêtement qui s’y trouve du début à la fin, que ce soit au niveau tout à fait matériel ou, bien davantage, au niveau symbolique !
De nombreux passages de la Torah se rattachent à l’habillement. Pour n’en citer que quelques-uns, car d’autres que moi ont déjà écrit – et de manière combien fouillée et intéressante – sur le sujet, je prendrai seulement quelques exemples : le vêtement avec un pectoral du Cohen HaGadol (Souverain Sacrificateur), la tunique bariolée de Joseph, symbole de l’identité qu’il avait reçue de son père, et ensuite le vêtement de fin lin qui lui est donné par Pharaon.
Rivka se couvre la tête de son voile lorsqu’elle arrive en vue de son futur mari, Itzhak.
On retrouve plus loin l’histoire de David qui ôte son vêtement pour danser devant l’arche, le vêtement sans couture de Yeshoua (Jésus), la tunique royale dont on le revêt avant la crucifixion, les vêtements de fin lin des saints dans l’Apocalypse,…
Cette liste n’est pas exhaustive, loin s’en faut.
Et chacun de ces vêtements ou de ces gestes en relation avec le vêtement a une symbolique bien particulière sur laquelle ils serait intéressant de se pencher. Mais ceci est une autre histoire…
Ainsi, le sujet semble anecdotique, mais en réalité il ne l’est aucunement.
Rien n’est anodin dans la Parole de D.ieu.
J’ai donc décidé de me plonger dans la Bible afin d’étudier ce sujet plus en profondeur.
Voici quelques pensées, jetées un peu en vrac, il est vrai, mais qui devraient vous mettre, si je puis le dire ainsi, « l’eau à la bouche » :
Le premier vêtement biblique auquel nous songeons directement est celui de la honte et de la dissimulation, à cause du péché, et ce n’est pas innocemment que je vous en parle en préambule, car ce thème sera développé par après dans ce petit livret, le Seigneur m’ayant amenée à considérer l’importance essentielle du vêtement chez la femme, en rapport avec la pudeur.
A notre époque, heure de toutes les « libérations » fleurissant dans une société où la norme est de privilégier un soit-disant épanouissement et le bien-être de l’homme au mépris de toute règle de conduite qui le pousse à respecter son prochain, je suis consciente de nager à contre-courant, y compris vis-à-vis du monde chrétien largement imprégné des valeurs contemporaines.
Le premier vêtement, disais-je, est celui de la honte et de la dissimulation… : Adam et Eve cachent leur nudité à l’aide de feuilles de figuier (signe et symbole d’une absence de repentance) (Genèse 3 : 7).
Il est bien évident que notre société nie en bloc toute idée de péché et de repentance et cherche à s’en débarrasser en refusant parallèlement la honte et la nécessité de la dissimulation.
De là à ouvrir la porte à l’impudeur et aux comportements provocateurs au niveau du corps, il n’y a qu’un pas. Révolte poussée au paroxysme : homosexuels travestis, vêtements unisexes moulants et fluorescents, dénudant les parties du corps sensées être les plus intimes et normalement réservées au partage du couple exclusivement, tatouages ostentatoires, idolâtrie du corps dévoilé en une pornographie galopante exposée par l’image dans les médias, tous azimuts,…
La vague d’impudeur en ces jours est exponentielle et ne s’arrêtera qu’avec le jugement de ce pauvre monde livré à l’excitation par Satan, le rebelle par excellence.
Après le vêtement de la honte, le deuxième vêtement cité dans la Parole est celui que D.ieu Lui-même (et quel déchirement cela a dû être pour Lui, auteur de la Création tant aimée) a fabriqué pour Adam et Eve après la chute, un vêtement qu’Il a cousu à partir de peaux de bêtes, ce qui implique que ces animaux ont dû être tués, en conséquence de la chute et du péché (Gen. 3 : 21).
L’interdiction de toucher à l’arbre de la connaissance du bien et du mal impliquant donc la conséquence de la mort en cas de transgression (Genèse 2 : 16-17).
Ainsi, après la chute, la mort a atteint la création entière et Elohim a dû sacrifier des animaux pour vêtir l’humanité déchue. Nous voyons ici que la mort a atteint en premiers, non Adam et Eve, les responsables de la malédiction, mais les animaux dont D.ieu leur avait confié la garde, ce qui aurait dû les pousser à la repentance la plus aiguë et la plus profonde…
Car voir l’autre – innocent – tué pour que nous soyons couverts devrait normalement nous rendre fous de douleur. Quelle responsabilité ! Ainsi, nous avons également d’emblée la première révélation de la nécessité du sacrifice de sang pour obtenir, si pas le pardon du péché, du moins déjà sa couverture…
Je savais que Dieu les avait revêtus de peaux, mais je n’avais jamais réalisé que la première conséquence de leur péché était la mort d’un animal et donc l’idée du rachat du péché par le sang était déjà là !