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Oui, nous sommes en guerre / Guy Millière

By 11 juillet 2015Lève-toi !

 

Guy Millière – L’attentat survenu à Saint-Quentin-Fallavier voici quelques jours ouvrira-t-il les yeux de ceux qui continuent à pratiquer l’aveuglement de manière forcenée ? On peut en douter. C’est la première fois qu’une décapitation au couteau est pratiquée sur le sol français : passé le choc, cela, je le crains, sera vite oublié.

Une entreprise chimique a été visée, et l’attentat aurait pu être beaucoup plus grave : dès lors que l’attentat n’a pas été beaucoup plus grave, cela sera vite oublié aussi. On oubliera, je pense, que Yassin Salhi, le terroriste djihadiste arrêté, était connu des services de police, depuis longtemps, et pouvait néanmoins mener une vie tout à fait normale, et même se faire employer dans une entreprise donnant accès à un site « sensible », classé « Seveso ».

On a déjà presque oublié que trois autres attaques djihadistes ont eu lieu en France depuis le début de l’année. Et puis, il y a tant de djihadistes susceptibles de passer à l’action en France, et si peu de moyens pour les surveiller tous et les mettre tous hors d’état de nuire que regarder la réalité en face pourrait susciter des inquiétudes que ceux qui dirigent le pays préfèreront ne pas susciter.

Agir efficacement conduirait la gauche, et plus encore, la gauche de la gauche, à pousser des cris d’orfraie, et ceux qui dirigent le pays ne veulent pas risquer d’entendre ces cris d’orfraie. Insister sur le danger qu’incarne l’islam radical conduirait ceux qui oseraient insister à se trouver accusés d’être excessifs, de diviser le pays ou, pire, de commettre le plus grave crime qui puisse se commettre en France aujourd’hui : paraître « islamophobe ». On peut donc s’attendre à ce qu’il y ait d’autres attentats, d’autres décapitations peut-être. On peut s’attendre à ce que d’autres sites « sensibles » soient attaqués.

On peut s’y attendre d’autant plus que l’attentat survenu à Saint-Quentin-Fallavier n’est qu’un attentat parmi d’autres. Le même jour, un autre attentat djihadiste a été commis en Tunisie et a fait près de quarante victimes et autant de blessés : ce fut le deuxième attentat touchant la Tunisie en quelques semaines, et c’est un attentat qui signe peu ou prou l’arrêt de mort du secteur touristique tunisien, qui ne pourra pas renaître de ses cendres avant longtemps. Le même jour encore, un troisième attentat a eu lieu dans une mosquée au Koweit.

Ce qui sous tend ces trois attentats est l’activité de l’Etat Islamique. Ce qui les sous tend, surtout, est que personne n’agit véritablement contre l’Etat Islamique. La coalition censée affronter celui-ci est un simulacre de coalition, aussi utile qu’un dé à coudre empli d’eau pour éteindre un incendie de grande ampleur.

Ce qui sous tend ces attentats est le chaos qui touche une bonne part du monde musulman, chaos qui se propage et va continuer sans doute pendant des années, vraisemblablement des décennies : des analystes aux Etats Unis parlent d’une nouvelle « guerre de trente ans ».

Ce qui sous tend ces attentats est une consternante absence de lucidité face au fait que nous sommes confrontés à un problème global, qui ne pourrait trouver de solution éventuelle qu’à une échelle globale : une offensive djihadiste est à l’œuvre. L’Etat Islamique est sa pointe avancée aujourd’hui. Hier, sa pointe avancée était al Qaida. Même si l’Etat Islamique était détruit, l’offensive djihadiste se poursuivrait. Très simplement parce qu’elle est l’incarnation d’une rage musulmane qui ne touche pas tous les Musulmans, mais qui n’en est pas moins présente partout où l’islam est présent. Très simplement aussi parce que cette rage musulmane nait de la convergence de deux phénomènes : le retour à un islam pris à la lettre, et la frustration ressentimentale chez nombre de Musulmans face au déclin de l’islam, qu’ils attribuent à ce qu’ils considèrent être la fourberie de la civilisation occidentale.

Ce qui sous tend ces attentats est qu’à la consternante absence de lucidité s’ajoute une absence de détermination au sein du monde occidental, où plus aucun dirigeant politique n’ose définir une stratégie à même de permettre de vaincre effectivement et efficacement l’offensive djihadiste.

Qui osera dire que nous sommes en guerre contre l’islam radical, tout l’islam radical, et que, faute de mener la guerre avec détermination, nous nous préparons des jours très difficiles ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière

Oui, nous sommes en guerre

 

 

 

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