Fabrice COFFRINI (AFP/File)
L’agence de l’ONU qui vient en aide aux réfugiés palestiniens, l’UNRWA, pose « problème » en maintenant en vie le rêve « irréaliste » d’un retour pour tous, ce qui alimente le conflit au Proche-Orient, a affirmé jeudi le chef de la diplomatie suisse.
« Les réfugiés rêvent de retourner en Palestine. Il n’y a plus 700.000 réfugiés palestiniens dans le monde, mais 5 millions. Il est irréaliste d’imaginer un retour pour tous. Mais l’UNRWA maintient cet espoir », a déclaré Ignazio Cassis, dans une interview à plusieurs journaux suisses du groupe NZZ.
« La question se pose: l’UNRWA fait-elle partie de la solution ou du problème? Pendant longtemps, elle a fonctionné comme une solution, mais aujourd’hui, elle fait partie du problème. Elle fournit les munitions nécessaires à la poursuite du conflit », car « tant que les Palestiniens vivent dans des camps de réfugiés, ils veulent retourner dans leur patrie », a-t-il estimé.
« C’est une logique perverse, parce que tout le monde veut mettre fin au conflit », a-t-il ajouté, appelant l’assemblée générale de l’ONU à se saisir de cette question.
Etablie en 1949, l’UNRWA apporte son aide à plus de trois millions de Palestiniens sur les quelque cinq millions enregistrés comme réfugiés dans les Territoires, en Jordanie, au Liban ou en Syrie, survivants ou descendants des centaines de milliers de Palestiniens lors de la première guerre israélo-arabe en 1948 qui a suivi la création de l’Etat d’Israël.
L’organisation, dirigée par le Suisse Pierre Krähenbühl, est en proie à des difficultés financières depuis que les Etats-Unis ont annoncé en janvier geler une partie de leur soutien financier.
Interrogé à ce sujet, M. Cassis a jugé que retirer un soutien financier peut, dans certains cas, faire bouger les choses.
« Dans ce cas, c’est un grand risque: des millions de Palestiniens pourraient descendre dans la rue. Si tous les Etats refusent de donner de l’argent à l’UNRWA, c’est une machine qui assure une certaine stabilité qui va désintégrer. C’est un risque que la Suisse ne peut pas se permettre – contrairement peut-être aux Etats-Unis », a expliqué le ministre suisse.
Garantissant la poursuite du soutien financier de la Suisse à l’UNRWA, il a plaidé pour une meilleure intégration des réfugiés dans les pays où ils résident.
M. Cassis a ainsi souligné par exemple qu' »au lieu de soutenir des écoles et hôpitaux de l’UNRWA, nous pourrions aider les institutions jordaniennes à promouvoir l’intégration des réfugiés palestiniens ».