Pour le monde Arabe, Herzog incarne le début de la fin d’Israël
Pourquoi le monde arabe souhaite la victoire du parti travailliste ? Mordechai Kedar
Je commencerai par vous faire quelques révélations personnelles :
a. Je connais la famille Herzog depuis mon enfance et à différentes périodes de ma vie j’ai croisé les trois frères, Joël, le brigadier général de réserve Michael et le député Yitzhak. J’ai toujours tenu en grande estime cette famille aristocratique, les fils du sixième président d’Israël, Haïm Herzog qui sont aussi les neveux du Grand rabbin Yitzhak Isaac Halevi Herzog. L’ambassadeur Abba Eban, une figure marquante de la politique et de la culture, était leur oncle. Une famille aristocratique dans le sens le plus noble du terme.
b. Dans la deuxième partie des années quatre-vingt-dix, après mon service militaire, j’ai fait parti de l’organisation « Chemins pour la paix », la petite sœur, religieuse, du mouvement « la Paix maintenant ». Je pensais alors qu’il fallait donner une chance à la paix, à la manière européenne, mais j’ai été très déçu par nos voisins arabes.
c. Au fil des années, j’ai conçu un plan de paix entre nous et nos voisins, basé sur la création de plusieurs Émirats palestiniens [voir ici]. Je suis ouvertement opposé à l’établissement d’un État palestinien en Judée Samarie qui sans l’ombre d’un doute deviendrait un autre État du Hamas, un « Hamastan » et conduirait inévitablement à une prochaine guerre.
d. Je soutiens ouvertement la liste du parti Habayt Hayehudi, la Maison juive.
Yitzhak Herzog
Après avoir analysé pendant des années les discours, les médias et la culture du monde arabe, en langue arabe originale, je sais sans l’ombre d’un doute que la grande majorité de la Ouma arabe (la nation arabe) espère l’arrivée d’Yitzhak Herzog comme Premier ministre d’Israël car ce jour sera, aux yeux de la grande partie du monde arabe, le début de la fin de l’État d’Israël. La raison est simple : Yitzhak Herzog est perçu comme quelqu’un de faible et sans caractère.
Yitzhak Herzog n’a pas été officier d’une unité combattante mais a intégré l’unité 8200, celle des « jeunes intellectuels aux lunettes rondes ». Sa manière de s’exprimer avec délicatesse et douceur charme les Israéliens qui pensent avec des normes européennes ou américaines mais a réussi à convaincre le monde arabe qu’il est le talon d’Achille qui entraînera la fin d’Israël.
Le Moyen-Orient est une région où stéréotypes et images décident de l’ordre du jour et l’image de faiblesse véhiculée par Herzog entraîne mépris pour l’État d’Israël et raillerie pour sa force de dissuasion. Je n’ai pas le moindre doute qu’Herzog en étant Premier ministre va radicaliser encore plus le Hezbollah et le Hamas qui vont tester leurs forces parce que cette fois ils seront convaincus qu’ils pourront submerger Israël, et c’est paradoxalement Herzog à la recherche de la paix qui va entraîner la guerre.
Au Moyen-Orient, celui qui déclare nuit et jour qu’il veut la paix envoie l’image de quelqu’un qui a peur de la guerre, qui est faible et il réveille l’adrénaline de la guerre chez ses voisins, qui tels des aigles, des vautours et des corbeaux planent au-dessus d’un animal blessé. Mais l’inverse est aussi vrai : au Moyen-Orient celui qui montre sa force et sait se faire craindre bénéficie d’une paix relative parce qu’on le laisse tranquille. C’est pourquoi les Arabes détestaient Ariel Sharon et Moshé Dayan parce qu’ils avaient peur d’eux. Sadate a fait la paix parce qu’il ne pouvait pas vaincre l’État d’Israël malgré l’effet de surprise obtenue au début de la guerre du Kippour avec la traversée du Canal de Suez. Hussein de Jordanie a également fait la paix avec Israël quand il a pensé que cela pourrait l’aider face au danger des régimes Baas en Syrie et en Irak. Arafat, après l’échec de la 1ère intifada a accepté un traité, non pas de paix véritable mais de Hudaybiya, un traité de paix temporaire en attendant que l’ennemi s’affaiblisse.
Yitzhak Herzog Premier ministre est le doux rêve du monde arabe, la preuve que la société israélienne est fatiguée, épuisée, n’a plus de motivation pour protéger son pays et est prête à payer n’importe quel prix pour écrire le mot paix sur un morceau de papier. Yitzhak Herzog Premier ministre sera sous la pression du monde arabe et d’Obama parce qu’il leur donne l’impression que cette fois ça va marcher. Et les pressions seront beaucoup plus fortes que celles exercées sur Netanyahu parce que la Maison-Blanche et le monde arabe savent que ses jours en tant que Premier ministre seront comptés ; par conséquent ils devront s’efforcer de tirer le maximum de lui tant qu’ils peuvent pendant la courte période où les Israéliens le laisseront en fonction, avant de se réveiller pour réaliser la catastrophe imminente et l’écarter de son poste comme ils l’ont fait avec Ehoud Barak quand il a proposé à Arafat des concessions historiques, religieuses, territoriales et stratégiques.
Yitzhak Herzog apportera la paix avec la Maison Blanche et peut-être également avec les dirigeants européens désespérés mais il apportera une guerre de sang, de larmes et de feu au Moyen-Orient où seul peut survivre celui qui est fort et utilise de manière fiable sa force de dissuasion.
Tsipi Livni
Tsipi Livni est l’autre aspect du doux rêve du monde arabe, une femme qui est née et a grandi dans une famille militante du parti sioniste révisionniste, dans une maison remplie des principes sains et solides du sionisme. Elle a commencé sa carrière politique au Likoud mais sa carrière s’est détériorée au fur et à mesure qu’elle allait d’un parti à l’autre et devenait de plus en plus inconsistante jusqu’à se joindre un autre responsable inconsistant, Yitzhak Herzog.
Pour le monde arabe, Livni symbolise et représente les Israéliens découragés et fatigués, ceux qui en ont assez de lutter pour survivre et sont prêts à offrir leur cou au boucher en espérant une mort plus douce s’ils parlent poliment.
Livni est décrite sur Internet comme un agent du Mossad en Europe et plusieurs sites arabes parlent de « services spéciaux » effectués pour l’État d’Israël. Au Moyen-Orient cette expression est interprétée de manière totalement différente qu’elle l’est en Occident et il est facile d’imaginer quelles seront les réactions des internautes du monde arabe et quel sera l’image d’Israël si elle devient Premier ministre !
Cependant le problème avec Tsipi Livni ce n’est pas seulement son image parce que dans son cas nos voisins ont eu la preuve que Livni n’a pas la moindre idée de comment naviguer sur les chemins complexes et tortueux du Moyen-Orient. Elle était ministre des Affaires étrangères durant la seconde guerre du Liban et a été l’architecte israélienne de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui a permis au Hezbollah de renouveler et renforcer son arsenal de missiles. On pourrait attendre d’une diplômée en droit qu’elle comprenne l’échec de la formulation de cette résolution mais pas Tsipi Livni ! Est-ce qu’une personne sensée peut avoir envie de s’adresser à elle pour seulement préparer un contrat de location pour sa maison ?
Ce qui est étrange c’est qu’au lieu de faire profil bas Livni a été jusqu’à défendre la résolution 1701 publiquement, la nommant étrangement une résolution qui « a créé un changement au Sud Liban ».
Elle a raison sur un point : la résolution 1701 a créé un changement dans le Sud Liban mais au détriment d’Israël parce qu’au lieu de désarmer le Hezbollah, une nécessité sur laquelle de nombreux pays s’étaient mis d’accord, cette décision a permis au Hezbollah de se réarmer. L’échec de Livni dans la formulation de la résolution et sa mise en œuvre aurait dû l’écarter de tout poste de décision et certainement d’un poste qui a quelque chose à voir avec une autre réalité géopolitique.
En conclusion : c’est seulement en Israël que ce genre de personne incompétente a le culot de demander au public une autre chance pour passer l’examen du Moyen-Orient alors que l’échec est prévisible. C’est seulement en Israël que la mémoire collective du public ne va pas plus loin que le dernier débat télévisé que le slogan entendu hier ou la dernière bêtise propagée ce matin par un candidat sur les conseils de ses consultants parce que c’est populaire et facile à retenir. Aucun de ceux qui ont l’âme fatiguée, ceux qui parlent jour et nuit de la paix, ne peut résister à cet environnement difficile et cruel dans lequel nous vivons, à sa brutalité qui dans le meilleur des cas lui donnera comme un avertissement un coup dans le derrière avant de lui plonger un couteau dans le cou.
Le tandem Yitzhak Herzog et Tsipi Livni est la dernière chose que je conseillerais pour gouverner l’État d’Israël si nous voulons survivre dans ce « nouveau Moyen-Orient », pas celui du monde imaginaire de Shimon Peres, mais celui de l’État islamique. Peut-être que dans un lointain futur, si notre environnement culturel se transforme et ressemble un jour à l’Europe ou à l’Amérique, alors il sera possible de considérer ces personnes candides comme des dirigeants israéliens. Cependant tant que le Moyen-Orient ressemble à ce qu’il est et fonctionne comme il fonctionne actuellement, le seul choix est de les laisser dans l’opposition.
Ceci est la réalité amère dans laquelle nous essayons de survivre. Ce n’est pas moi qui ai créé cette réalité et je n’en suis pas responsable. Je suis seulement le messager chargé d’expliquer à mes lecteurs ce que peu de personnes comprennent sur l’environnement culturel de notre région. Il s’agit d’une culture qui ne dispense du calme et de la tranquillité qu’aux seuls dirigeants qui réussissent à persuader leurs voisins qu’ils sont invincibles et que ses voisins, pour leur propre bien, doivent les laisser tranquilles.
C’est une mission sans fin, en particulier parce que de temps en temps surgissent des gens plus intelligents que tout le monde persuadés d’avoir inventé la roue et d’avoir trouvé le moyen de nous faire accepter par nos voisins de manière légitime et accueillante.
Mon conseil ? Apprenez l’arabe !
Adapté de l’hébreu par Danilette
–http://www.inn.co.il/Articles/Article.aspx/13316
–http://www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/16606#.VQfx0o6G_To
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