Le ministre de la Défense Yoav Gallant s’est entretenu samedi avec son homologue marocain Abdellatif Loudiyi, alors qu’Israël s’apprêtait à envoyer une équipe de recherche et de sauvetage après un tremblement de terre dévastateur qui a fait plus d’un millier de morts.
« Une partie importante des Accords d’Abraham est notre engagement à soutenir nos partenaires dans les moments difficiles. L’État d’Israël est prêt à aider le Royaume du Maroc », a déclaré Gallant dans un communiqué de son bureau, faisant référence à une série d’accords de normalisation soutenus par les États-Unis.
Dans une série de messages en hébreu, en français et en anglais, le président Isaac Herzog a exprimé ses condoléances au Maroc.
« Nos cœurs sont avec le peuple marocain », a-t-il écrit sur X – anciennement Twitter. « Israël est prêt à apporter son aide si nécessaire. »
Entre-temps, le ministère de la Santé a déclaré qu’il se joindra à l’armée et au ministère de la Défense pour envoyer une délégation au Maroc qui comprendra des médecins et des infirmiers, ainsi que du matériel médical.
Au moment de la rédaction de cet article, la délégation d’aide de l’armée israélienne au Maroc était en attente, les responsables marocains n’ayant pas encore répondu à l’offre d’Israël. En fonction des demandes du royaume, Israël pourrait ne pas envoyer les équipes de recherche et de sauvetage du Commandement du Front intérieur de l’armée israélienne, mais seulement des fournitures d’aide.
Le ministère de la Santé a pris contact avec des hôpitaux israéliens désireux d’assister la délégation.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ordonné « à tous les ministères et à toutes les forces de fournir l’assistance nécessaire au peuple marocain, y compris la planification de l’envoi d’une délégation d’aide dans la région », selon un communiqué de son bureau.
« Le peuple d’Israël tend la main à ses amis, le peuple marocain, en ce moment difficile, et prie pour leur bien-être [de tous]. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour les aider », a déclaré Netanyahu.
Le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a demandé à son ministère et à l’ambassade à Rabat de contacter les autorités marocaines pour voir comment Israël pouvait les aider.
Israël est un leader mondial dans les opérations de recherche et de sauvetage et a envoyé des délégations pour aider lors de tremblements de terre majeurs, notamment en Turquie, au Mexique et à Haïti.
1 305 personnes sont mortes, principalement dans la ville touristique de Marrakech et dans cinq provinces proches de l’épicentre du séisme, 1 832 blessés, « dont 1 220 dans un état grave », selon le dernier bilan provisoire du ministère de l’Intérieur de 19h. 542 personnes mortes ont été recensées à al-Haouz, épicentre du séisme et à Taroudant (321) plus au sud, deux zones rurales montagneuses au coeur du Haut Atlas.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a également déclaré dans un communiqué qu’il n’y avait actuellement aucune information de victimes israéliennes dans le tremblement de terre. « Mais nous continuons à essayer de contacter tous les Israéliens qui se trouvent au Maroc pour s’assurer qu’ils sont en sécurité. »
Le ministère des Affaires étrangères a précisé samedi soir que 56 Israéliens sur les 468 ressortissants israéliens présents au Maroc étaient injoignables.
La consule d’Israël à Rabat, Dorit Avidani, s’est rendue dans la région de Marrakech, la plus durement touchée, afin de se faire une idée précise des besoins sur place, a indiqué le ministère.
Le service de secours du Magen David Adom (MDA) a déclaré qu’il était également prêt à apporter son aide. Le directeur, Eli Bin, a envoyé une lettre au responsable du Croissant-Rouge marocain pour proposer une aide médicale et humanitaire aux personnes touchées par le séisme.
« Ce tremblement de terre exige une réponse de grande envergure, nécessitant la collaboration de nombreuses organisations. MDA est prêt et disposé à envoyer une délégation de secours si on le lui demande », a déclaré Bin.
L’agence d’aide humanitaire privée IsraAid a également proposé à Rabat de l’aide pour fournir du matériel d’urgence et des technologies de l’eau.
Israël et le Maroc ont signé un accord de normalisation en 2020 et les liens se sont rapidement développés depuis. Netanyahu a été invité à s’y rendre.
Le pays est une destination touristique populaire pour les Israéliens, dont beaucoup ont des racines marocaines, et plusieurs d’entre eux ont été touchés par le tremblement de terre. Le nombre de touristes israéliens présents dans le pays n’a pas encore été précisé.
« J’ai réveillé ma mère, je lui ai crié de se lever et nous avons rampé ensemble sous la table et commencé à prier », a déclaré Sigal Shemer, de Tel Aviv, à la Douzième chaîne. Toutes deux étaient en voyage à Marrakech.
« Nous avons ensuite descendu les quatre étages et attendu à l’extérieur de l’hôtel. Pour l’instant, nous ne pouvons pas retourner dans notre chambre », a-t-elle ajouté.
La compagnie aérienne israélienne Arkia a annoncé qu’elle ouvrait une ligne téléphonique d’urgence au 052-732-3433 pour les Israéliens qui souhaitaient rentrer du Maroc.
Les Marocains ont également décrit le chaos.
« Nous avons ressenti une secousse très violente, et j’ai compris que c’était un tremblement de terre », a déclaré par téléphone à l’AFP Abdelhak al-Amrani, un habitant de Marrakech âgé de 33 ans.
« J’ai vu des bâtiments bouger. On n’a pas forcément les réflexes pour ce genre de situation. Puis je suis sorti et il y avait beaucoup de monde. Les gens étaient tous en état de choc et de panique. Les enfants pleuraient et les parents étaient désemparés. »
« L’électricité a été coupée pendant 10 minutes, le réseau [téléphonique] aussi, puis il est revenu », a-t-il ajouté. « Tout le monde a décidé de rester dehors. »
La secousse de magnitude 6,8 sur l’échelle de Richter a été enregistrée à 23h11 heure locale (22h11 GMT), selon l’Institut de géophysique américain (USGS).
Le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (CNRST) a mesuré la magnitude du séisme à 7, précisant que l’épicentre de la secousse se situait dans la province d’al-Haouz, au sud-ouest de la ville Marrakech, destination très prisée de touristes étrangers.
Faisal Baddour, un ingénieur, a déclaré avoir ressenti la secousse à trois reprises dans son immeuble.
« Les gens sont sortis dans la rue juste après cette panique totale. Il y a des familles qui dorment encore dehors parce que nous étions tellement effrayés par la force de ce tremblement de terre », a-t-il déclaré. « C’était comme si un train passait près de nos maisons. »
Le Français Michael Bizet, 43 ans, propriétaire de trois riads dans la Vieille Ville de Marrakech, a raconté à l’AFP qu’il était dans son lit au moment du séisme.
« J’ai cru que mon lit allait s’envoler. Je suis sorti dans la rue à moitié nu et je suis immédiatement allé voir mes riads. C’était le chaos total, une véritable catastrophe, la folie », a-t-il déclaré.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent également une partie d’un minaret effondré sur la place Jemaa el-Fna, dans la ville historique.
Un correspondant de l’AFP a vu des centaines de personnes affluer sur la place pour y passer la nuit par crainte des répliques, certaines avec des couvertures tandis que d’autres dormaient à même le sol.
Houda Outassaf, un habitant du quartier, a raconté à l’AFP qu’il se promenait sur la place lorsque le sol s’est mis à trembler.
« C’était une sensation vraiment stupéfiante. Nous sommes sains et saufs, mais je suis encore sous le choc », a-t-il déclaré.
« J’ai au moins dix membres de ma famille qui sont morts (…). J’ai du mal à y croire, car j’étais avec eux il y a à peine deux jours. »
Fayssal Badour, un autre habitant de Marrakech, a déclaré à l’AFP qu’il était en voiture lorsque le tremblement de terre a frappé.
« Je me suis arrêté et j’ai réalisé à quel point c’était un désastre (…) Les cris et les pleurs étaient insupportables », a-t-il déclaré.
Le ministère de l’Intérieur a déclaré que les autorités avaient « mobilisé toutes les ressources nécessaires pour intervenir et aider les zones touchées ».
Le centre régional de transfusion sanguine de Marrakech a appelé les habitants à donner du sang pour les blessés.
Dans la ville d’al-Haouz, près de l’épicentre du séisme, une famille a été piégée dans les décombres après l’effondrement de sa maison, ont rapporté les médias locaux.
Le système PAGER de l’USGS, qui fournit des évaluations préliminaires sur l’impact des tremblements de terre, a émis une alerte rouge pour les pertes économiques, indiquant que des dommages importants sont probables et que la catastrophe est probablement généralisée.
Selon l’agence gouvernementale américaine, les événements passés ayant atteint ce niveau d’alerte ont nécessité une réponse au niveau national ou international.
La connexion Internet a été interrompue à Marrakech en raison de coupures de courant, selon l’observatoire mondial de l’Internet NetBlocks.
Les médias marocains ont indiqué qu’il s’agissait du séisme le plus puissant à avoir frappé le pays à ce jour.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a présenté ses condoléances, tandis que le Premier ministre indien Narendra Modi s’est dit « attristé » par la nouvelle du tremblement de terre.
Le séisme a également été ressenti dans l’Algérie voisine, où la protection civile algérienne a déclaré qu’il n’avait pas fait de dégâts ni de victimes. Alger a proposé son aide et rouvert son ciel pour l’acheminement de l’aide humanitaire.
Le 24 février 2004, un séisme de 6,4 degrés sur l’échelle de Richter avait secoué la province d’al-Hoceima, 400 km au nord-est de Rabat, faisant 628 morts et 926 blessées.
Et le 29 février 1960, un tremblement de terre de magnitude 6,7 avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, et fait près de 15 000 morts, soit un tiers de la population de la ville.
Le tremblement de terre d’El Asnam, d’une magnitude de 7,3, qui s’était produit en 1980 dans l’Algérie voisine, a été l’un des séismes les plus destructeurs de l’histoire récente de la région.
Il avait fait 2 500 morts et laissé au moins 300 000 sans-abri.
L’AFP et Emanuel Fabian ont contribué à cet article.