Pour Serge Klarsfeld, «tous ceux qui évoquent les « camps polonais » insultent la Pologne»
Dix jours après la promulgation d’une loi polonaise interdisant l’usage du terme «camps de la mort polonais», en référence aux installations des nazis en Pologne occupée, Serge Klarsfeld s’est exprimé sur ce terme polémique.
En signant le 6 février une loi condamnant l’utilisation de l’expression «camps de la mort polonais», utilisée parfois par les médias ou hommes politiques pour désigner les installations des nazis allemands dans la Pologne occupée, le président polonais Andrzej Duda a provoqué des tensions avec Tel Aviv et Washington.
Les dirigeants israéliens et certaines organisations juives internationales ont également vu dans l’adoption de cette loi une tentative de nier la participation de certains Polonais au génocide des juifs, voire d’empêcher les survivants de la Shoah de raconter leur expérience. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait en outre jugé le 8 février, au micro de BFMTV, que cette loi était «malvenue» et «condamnable».
Il n’y a eu ni camp de la mort polonais ni français. Il y a eu des camps d’extermination allemands en Pologne et un camp allemand en Alsace annexée
En France, néanmoins, le célèbre «chasseur de nazis» Serge Klarsfeld a remis en cause, à l’instar du gouvernement polonais, la pertinence du terme «camps polonais» sans pour autant défendre la loi promulguée par Andrzej Duda. Ainsi, dans une interview le 16 février, le président de l’association Fils et filles de déportés juifs de France a déclaré : «Tous ceux qui évoquent les « camps polonais » insultent la Pologne.» En effet, fait-il valoir : «Il n’y a eu ni camp de la mort polonais ni français. Il y a eu des camps d’extermination allemands en Pologne et un camp allemand en Alsace annexée».
Il ne faut pas oublier que la Pologne a perdu trois millions de polonais chrétiens
S’il affirme que «les Polonais dans leur ensemble ont eu un comportement hostile aux juifs» et «ont perpétré des pogroms dès l’entrée des Allemands en Pologne et même après la libération du pays», Serge Klarsfeld ajoute que la Pologne a «perdu trois millions de polonais chrétiens», qu’il n’y avait plus d’Etat polonais durant l’occupation allemande et que le gouvernement polonais, en exil à Londres, était «très engagé aux côtés des juifs».