Est-ce le début d’une 3e guerre mondiale, cette fois entre Russes et Américains? L’armée des Etats-Unis a bombardé cette nuit Shayrat, une base aérienne de l’armée syrienne de Bachar al-Assad de 59 missiles de croisière Tomahawk, en « riposte » à l’attaque au gaz à Khan Chikhoune dans la banlieue d’Idleb, qui a fait une centaine de morts dont de nombreux enfants.
La tension internationale monte de plusieurs crans, dans la mesure où la Russie est l’alliée de Bachar al-Assad et que la force aérienne russe est très présente en Syrie. Un incident aérien impliquant directement Russie et Etats-Unis devient possible.
La déclaration de Donald Trump hier jeudi 6 avril était empreinte d’une émotion un peu ridicule, lorsqu’il parlait de « beaux petits enfants », mais il est probable que le président était personnellement ému. Peut-être aussi joue-t-il de cette émotion pour justifier un changement de politique à 180°… Trump retrouve le leadership du monde libre, et Assad perd une base importante au Sud de Homs. Si c’est lui l’auteur de l’attaque au gaz, il ne recommencera plus…
La réponse de Vladimir Poutine au raid de cette nuit (les Russes avaient été prévenus par les Américains) est tranchante: c’est une ingérence unilatérale, non couverte par les Nations Unies, dans un pays souverain. La Syrie et les Russes maintiennent leur version: ce n’est pas un bombardement au gaz par Damas mais l’explosion d’un dépôt de munitions des jihadistes du front Al Nosra, des terroristes aussi dangereux que l’Etat Islamique, de l’avis de tous les belligérants.
Qui a le plus à perdre dans cet incident dramatique? C’est Bachar al-Assad! Il est donc extrêmement curieux et improbable que le régime de Damas ait lancé ce raid au sarin sur la population civile de la banlieue d’Idlib (voir notre autre article). Au moment où Rex Tillerson, le Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères déclare que les USA ne demandent plus le départ d’Assad, voilà qu’Assad saborde ses chances de reprendre le pays en bombardant « bêtement » quelques civils? Hautement improbable, voire impossible!
Est-on en train de revivre le lancement de la seconde guerre du Golfe, lorsque le gouvernement de George W. Bush apportait « la preuve irréfutable des armes bactériologiques de destruction massive » de Saddam Hussein pour s’engouffer dans la guerre? On sait depuis qu’il n’y avait pas d’armes de destruction massive irakiennes.
Le rôle d’Israël, qui pense avant tout et c’est bien normal à sa propre défense, n’est pas à négliger. Les Israéliens connaissent bien la famille Assad, c’est un ennemi gérable mais ont très peur de l’Iran et de la milice Hezbollah qui aide puissamment Assad. Israël est très proche de Donald Trump, notamment par son jeune beau-fils et par l’ambassadeur US en Israël. C’est peut-être la principale source d’information personnelle de Donald Trump ces jours-ci. Israël dit clairement que l’attaque a été lancée par Assad. Ils sont très bien informés, mais n’est-ce pas une énorme Intox?
En droit international, les USA viennent de déclarer la guerre à la Syrie. Tout bénéfice pour l’Etat Islamique et les rebelles, dont les terroristes d’Al Nosra (ceux qui ont été bombardés au sarin à Idlib). Tout bénéfice aussi pour Israël qui vise l’Iran par-dessus la tête d’Assad et n’a pas du tout intérêt à ce que les USA acceptent le maintien d’Assad… et du Hezbollah iranien à ses frontières.
Trump sera-t-il un deuxième Bush ? Va-t-il instaurer le chaos sans même réfléchir? L’Europe impuissante comme à l’habitude, est en première ligne tandis que les USA sont à 8.000 km du théâtre des opérations et de la menace islamiste en Méditerranée. L’impuissance du « machin » de l’ONU est une fois de plus démontrée. Pendant ce temps, une dictature islamiste s’installe en Turquie sans aucune réaction que ce soit de l’UE et des USA. Ajoutons que la Turquie joue un drôle de rôle dans le conflit et aurait procuré du gaz sarin à certaines factions en Syrie et en Irak. Pour les Kurdes syriens et irakiens, cela risque d’être la fin du parcours.
En août 2013, l’attaque chimique qui a fait des CENTAINES de morts à la Ghouta près de Damas, a été perpétrée par des « rebelles » contre leur propre camp mais imputées par les Occidentaux à Assad (voir article du Point). Le MIT (Massachussets Institute of Technology) l’a démontré par la suite. La sauvagerie de ces factions syriennes est aussi épouvantable que celle du régime. Il faut garder la tête froide.
La Russie et la Chine demandent une réunion de crise immédiate du Conseil de Sécurité des Nations Unies. C’est la bonne démarche. Il faut absolument qu’une commission internationale analyse ce qui s’est passé à Idlib. Le Peuple estime (voir notre article) que ce n’est pas nécessairement Assad l’auteur du bombardement au sarin! A suivre.
P.H. et L.R.