J’étais cette nuit sur kikar Rabin. J’avais un sacré mauvais rôle. J’étais le grand méchant flic blanc raciste contre des gentils petits noirs victimes des gens de ma profession.
Je ne les vois pas comme des noirs, ces Israéliens d’origine éthiopienne. Je les vois comme des frères.
C’est étrange parce qu’en ce qui me concerne, je ne les vois pas comme des noirs, ces Israéliens d’origine éthiopienne. Je les vois comme des frères. Je les vois comme des juifs. Ca m’a même pas mal démangé d’en prendre quelque uns dans mes bras, entre deux pierres et entre deux insultes où l’on nous traitait de nazis !
Les manifestants blancs qui portaient le keffieh et qui se joignaient à leurs insultes, en revanche, m’ont inspiré des sentiment plus complexes …
J’ai la faiblesse de croire, ou alors on se ment entre nous, que l’immense majorité de mes collègues pensent comme moi.
Israël est loin d’être parfaite. Des inégalités persistent.
Je me demande tout de même dans quel pays à majorité blanche il fait meilleur vivre pour un noir qu’en Israël. Encore une fois, cela ne veut pas dire que tout est rose, loin s’en faut et les Israéliens d’origine Ethiopienne ont sans doute au moins autant de bonnes raisons de manifester sur la place Rabin que les fumeurs de cannabis la veille.
Mon pays est plus malade des effets pervers du gauchisme que du racisme
Je pense cependant que mon pays est bien plus malade d’un des effets pervers du gauchisme que du racisme. À mes yeux, les derniers événement sont une très bonne illustration de cette thèse.
Retour en arrière sur ce qui a principalement déclenché les hostilités.
• Un flic, bientôt aidé d’un second (un volontaire), s’en prend très injustement à un jeune soldat en uniforme, qui aurait eu le malheur de discuter les ordres d’évacuation, suite à une alerte au colis suspect. Ils le frappent puis l’arrêtent.
• Malheureusement pour eux, la scène sera filmée et les enregistrements contredisent leurs rapports mensongers. Inexcusable.
• Le policier va être viré par la police, qui condamne avec force son comportement.
Seulement il se trouve que le jeune soldat est noir.
Y a t’il un pays au monde où l’on ne déplore pas de bavures policières ?
Est-ce la première du genre, en Israël ? Toutes les bavures sont-elles contre des éthiopiens ? La police israélienne n’a jamais fait preuve d’un comportement répréhensible contre des russes ? Contre des marocains ? Contre des israéliens depuis 11 générations ?
Peu importe les réponses, pourtant évidentes, à ces questions.
L’obsession racialiste qui gangrène une certaine société israélienne (à distinguer radicalement du racisme) a voulu voir en la personne du jeune soldat israélien noir, un noir. Ensuite un soldat, enfin un israélien.
Le flic n’est plus une brute, c’est un raciste.
La race, la race, la race !
Rien ne le démontre, mais comment pourrait-il en être autrement, puisqu’on vous dit que l’agressé est un noir ! La race, la race, la race !
Comment en vouloir aux manifestants éthiopiens d’avoir saccagé la place Rabin, la nuit dernière, d’avoir blessé à coups de pierres et de bouteilles, en criant « police raciste ! », une cinquantaine d’Israéliens qui faisaient leur travail ?
Comment leur souhaiter une meilleure intégration, si personne, dans la société israélienne, ne se lève pour leur dire qu’ils sont nos frères. Que s’en prendre à l’un d’eux n’est pas pire ou mieux que s’en prendre à n’importe quel israélien ?
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