J’habite en France. Je suis juive et nous avons deux enfants avec mon mari. Depuis l’attentat de Charlie, celui du Bataclan et les suivants…aller à un concert est devenu synonyme de mort possible, de militantisme presque.
Nous sommes en 2017 en France, région parisienne et l’air me parait si délétère quand on est juif que je me surprends l’autre matin à dire à mon fils de 10 ans:
« Ethan, pas de casquette de Tsahal ni de livre en hébreu dans la rue »! Pathétique. J’ai honte de moi. Honte et colère d’avoir peur pour mes enfants parce qu’ils sont juifs.
Le concert de Sarit Hadad
Hier, concert de Sarit Haddad, que je ne connais ni d’Adam ni d’Ève. Ça me coûte 180 euros, J’y emmène mon fils comme on milite. Pour lui montrer qu’en France, le pays où il est né, on peut brandir le drapeau israélien sans se faire forcément caillasser.
Naïvement, je voulais qu’il découvre ferveur et fierté d’être juif en France avec d’autres, unis dans les mêmes émotions. Une salle où on peut affirmer haut et fort, sans baisser la voix, sans honte ou discrétion excessive qu’on est juif…
Le concert débute et apparaît Sarit que je découvre, enceinte. Rapidement les drapeaux d’Israël surgissent dans la salle. Rapidement aussi, les vigiles nous tombent dessus : » pas de drapeaux d’Israël, ordre de la direction de l’Olympia »…
Confisqué !
Tous les drapeaux visibles dans la salle sont confisqués. Comment décrire la colère qui m’a submergée…Si profonde que la nausée l’a suivie. J’étais venue voir une inconnue chanter parce que désespérément je cherche dans ce pays un signe permettant d’être fière de qui nous sommes, de notre appartenance juive.
J’étais venue montrer A mon fils qu’il n’y a pas de « honte à être juif en France malgré les invectives, les agressions, les meurtres antisémites. J’espérais voir dans les yeux d’un enfant de 10 ans de la fierté. Ethan a vu dans mes yeux de la honte.
De la honte et une colère noire vis à vis de cette République où je vis, de cette France pour laquelle mon grand-père a combattu et qui m’oblige aujourd’hui à choisir d’être soit juive, soit française….
Emmanuelle Halioua, pour Coolamnews