Tobi Tenenbaum le prouve: une grande partie du problème au Proche-Orient, c’est l’Union Européenne
Une bombe littéraire a récemment explosé en Israël. Le titre du best-seller est Catch the Jew (« Attrape le Juif »). L’auteur, Tuvia Tenenbom, est le fondateur du théâtre juif de New York. Tenenbom est un personnage éclectique. Il est né en Israël dans une famille « haredi » (ultra-orthodoxe), a quitté le monde haredi pour s’enrôler dans Tsahal, et puis il a fini par quitter à la fois Israël et le judaïsme pour devenir un dramaturge new yorkais. Il parle couramment plusieurs langues (dont l’Arabe et l’Allemand) et écrit des chroniques pour Die Zeit et pour Corriere della Sera. Son livre publié en 2011, Je dors dans la chambre d’Hitler, a été décrit comme « phénoménal » par la National Review. Une fois traduit en Allemand, l’ouvrage est devenu un best-seller. Tenenbom a passé un an parmi les Allemands en retranscrivant ses entretiens avec un humour caustique.
Tenenbom a décidé de récidiver, mais cette fois-ci en Israël. Il a passé un an dans le pays à rencontrer des dirigeants et des gens de la rue, tant israéliens que palestiniens, se présentant toujours comme « Tobi le journaliste allemand ». Le livre qui en résulte est à la fois hilarant, tragique, et dévastateur.
Tobi commence son voyage à Jérusalem. Il rencontre la « professeur Assma » de l’Université Al-Qods, qui explique que « les Israéliens ont crucifié Jésus.» Puis, il s’entretient avec la femme politique palestinienne Hanan Ashrawi, qui prétend que les Palestiniens vivent dans ce pays « depuis des centaines de milliers d’années. » Chrétienne agnostique, Ashrawi admet que les Chrétiens, jadis nombreux, se font maintenant rares dans « notre Palestine pluraliste ». Mais les Musulmans n’y sont pour rien. C’est à cause des Israéliens.
Tobi se promène à Ramallah et discute avec Rim Talhami, une chanteuse israélo-arabe chrétienne qui se décrit comme « une Palestinienne des territoires occupés de 1948. » Talhami explique à Tobi que « la Palestine existe depuis 14.000 ans » (Hanan Ashrawi a dû ajouter une zéro par erreur); qu’elle rejette complètement la « solution des deux Etats » car cela impliquerait la reconnaissance d’Israël d’avant 1967; et, enfin, que les Israéliens sont pires que les Nazis.
De retour à Jérusalem, Tobi raconte cette histoire à son hôte, un Juive américaine dont le fils travaille pour Addalah, une ONG qui reçoit des fonds des gouvernements européens pour promouvoir le « droit au retour » palestinien. « C’est impossible », proteste-elle, “les gens de Ramallah ne parlent pas comme ça! » À quand remonte votre dernière visite à Ramallah? lui demande Tobi. Elle n’y a jamais mis les pieds.
Est-ce que les Israéliens étaient comme ça quand j’étais enfant ? se demande Tobi. Rien de tel que Tel-Aviv pour rencontrer de vrais Israéliens, comme cette professeur d’université qui se décrit comme une experte du judaïsme (“une religion païenne”, insiste-elle, mais qu’elle a étudié pendant des décennies). « Que pouvez-vous me dire de la vision d’Isaïe?”, lui demande Tobi. L’ »experte du judaïsme » avoue n’en avoir jamais entendu parler. Il rencontre ensuite Gideon Lévy, le journaliste de Haaretz. Auto-proclamé défenseur de la “cause palestinienne,” ce dernier admet ne pas parler l’Arabe et ne pas avoir un seul ami palestinien. Même chose pour le cinéaste israélien Udi Aloni, dont le “rêve” est le remplacement d’Israël par une Palestine majoritairement arabe, bien que lui-même ne parle pas un mot d’Arabe.
Et puis il y a Itamar Shapira, un guide touristique israélien qui se décrit comme “un ex-Juif. » Ce dernier est payé par des ONG européennes financées par l’Union européenne et par des gouvernements européens pour faire visiter Israël à des étudiants européens. Itamar leur fait visiter Yad Vashem, le musée de la Shoah, pour leur expliquer que ce que les Nazis ont fait aux Juifs, les Juifs le font maintenant aux Palestiniens. L’Europe paie un ex-Juif pour qu’il explique aux jeunes Européens qu’ils ne devraient pas avoir honte de leurs grands-parents parce que les Juifs sont pires.
Écœuré par les Juifs, et les ex-Juifs, Tobi retourne chez les Palestiniens. Il rencontre l’homme politique palestinien Jibril Rajoub. Ils deviennent amis et Jibril invite Tobi à l’une de ses célèbres randonnées dans la nature. Rajoub s’éprend tellement de « Tobi l’Allemand » qu’il décide de lui donner un nouveau surnom: “Abou Ali. » Quel honneur, explique l’un des assistants de Rajoub: c’est comme cela que nous appelons notre héros allemand Adolph Hitler. Ah, soupire l’assistant de Rajoub, quel dommage que Rommel n’ait pas gagné.
Abou Ali se dit qu’il est temps de repasser du côté israélien. Voilà qu’il rencontre Arik Ascherman de l’organisation « Rabbins pour les droits de l’Homme. » Israël est l’incarnation du mal, et Arik peut le prouver. Il organise pour Tobi une visite de la Judée-Samarie (« La Palestine occupée ») grâce à l’argent du contribuable européen. Tobi pourra alors voir par lui-même ces monstrueux colons. Toute la journée, le chauffeur d’Arik conduit Tobi à travers « La Palestine occupée » pour lui montrer des colons brûlant des arbres, détruisent des maisons et tabassant des innocents. Malheureusement, la réalité refuse de se conformer au scénario. Heureusement qu’il y a le désert du Néguev. Là, Tobi pourra voir par lui-même que les Bédouins sont victimes de nettoyage ethnique. « Non, non, nous ne partirons pas!» chante un Bédouin, en Anglais, à Tobi. Qui a écrit cette chanson? demande Tobi. Les Européens!
Ce qui ressort de ce livre est que les Européens enveniment les choses dans notre région parce qu’ils récupèrent le conflit israélo-arabe pour s’absoudre de leurs propres crimes, et parce qu’ils recyclent leur antisémitisme en humanitarisme.
Par Emmanuel Navon – i24News – JSSNews
Emmanuel Navon dirige le département de Science politique et de Communication au Collège universitaire orthodoxe de Jérusalem et enseigne les relations internationales à l’Université de Tel Aviv et au Centre interdisciplinaire d’Herzliya. Il est membre du Forum Kohelet de politique publique.