Tsahal prépare les conséquences de la décision de Trump quant à l’Ambassade américaine
Analyse : Les responsables de l’appareil de la Défense pense que, quelle que soit la décision américaine – qu’elle soit purement déclarative ou pratique – concernant la relocalisation de l’Ambassade américaine à Jérusalem, elle aura un impact sur quatre cercles recoupant le monde arabo-musulman et qu’elle débouchera sur différents niveaux d’explosions de violence.
Lorsque le chef d’Etat-Major de Tsahal Gadi Eisenkot a ordonné aux Commandants de Tsahal, la semaine dernière, de ne pas prononcer le nom de Donald Trump en public, il ne s’agissait pas d’un rappel théorique de la relation existant entre l’échelon militaire et l’échelon politique. Il s’avère qu’au cours des dernières semaines, l’armée et l’appareil de la Défense ont été très occupés à analyser les diverses significations et conséquences du changement de Présidence aux Etat-Unis.
Alors qu’elle commençait à préparer des rapports sir des questions consistant à savoir dans quelle direction se dirigerait le Moyen-Orient à l’ère de Trump et ce qu’Israël devrait faire, au cours des deux dernières semaines, l’armée envisage toutes les conséquences et requiert les préparatifs dans l’éventualité où la nouvelle Administration mettrait réellement en oeuvre l’engagement de Trump de déplacer l’Ambassade américaine à Jérusalem.
Entre ces deux cas de figure, d’autres alternatives traitent de l’éventualité d’une instauration progressive, sur le long terme, qui comprendrait des cérémonies inaugurales de pose de la première pierre, suivies par des années d’engagement de la construction et de préparatifs logistiques. Chacune de ces alternatives aura un impact différent sur l’ampleur de la réplique provenant du monde musulman et l’armée se prépare aussi à différents niveaux d’explosion de violence.
L’évaluation correspond au fait que quel que soient les gestes faits par les Américains – qu’ils restent déclaratifs ou deviennent effectifs, pratiques- leur résonance aura un impact formant quatre cercles d’amplitude différente. Le premier cercle concerne les Arabes d’Israël. La branche Nord du Mouvement Islamique, qui est à l’affût de n’importe quel prétexte pour tenter de mettre la rue à feu et à sang, autour de la question du Mont du Temple, bondira sur cette occasion en or. Aujourd’hui, le mouvement islamique du Sud peut d’ajouter à ce cercle , en tirant parti de la vague d’émeutes bédouines dans le Negev. En général les Musulmans fondamentalistes s’opposent à tout signe de prédominance de la loi juive ou chrétienne dans Jérusalem. En ce qui les concerne, une Ambassade chrétienne américaine à Jérusalem constitue une bonne raison pour inviter le monde radical islamiste à venir combattre le retour des Croisés. Le Hamas, qui se considère comme le grand patron des affaires islamiques à Jérusalem, rejoindra aussi très rapidement les célébrations incitatives.
Le deuxième cercle concerne l’Autorité Palestinienne, qui est en état de panique complète à la lumière du changement d’Administration aux Etats-Unis. Ses dirigeants réalisent qu’ils devront diriger un mouvement de protestation dans les rues, mais qu’une telle mise en mouvement pourrait les conduire à en perdre le contrôle et à s’effondrer.
Le troisième cercle concerne la rue dans les pays sunnites de la région. Déplacer l’Ambassade pourrait constituer le dernier clou dans le cercueil des régimes qui sont déjà très secoués comme ça. Le Roi Abdallah a récemment découvert que 10% de la population de Jordanie soutient les mouvements radicaux islamistes.
La Jordanie a besoin d’Israël et elle a encore plus besoin des Etats-Unis, dans le but d’assurer la sécurité du régime. Mais, en tant que pays ayant la responsabilité des dispositions prises sur le Mont du Temple, il devra mener la bataille contre la relocalisation de l’Ambassade à Jérusalem. Transférer l’ambassade pourrait aussi exciter la rue en Egypte, où le statut du Président – dans le cadre de la situation économique – n’est pas au plus haut.
Le quatrième cercle concerne l’incitation à la violence au sein des communautés islamiques à travers le monde, ce qui peut avoir des conséquences concernant les dépendances et intérêts israéliens et juifs à travers le monde.
Pas un seul geste n’a encore été fait, mais le sol est déjà en train de trembler, au moins au niveau des déclarations et de l’incitation. Aussi, avant la réalisation du moindre mouvement pratique américain, on doit correctement gérer ces quatre cercles concentriques de désordres potentiels, dans le but d’atténuer le coup. Sans activité préliminaire américaine sur les plans politique et diplomatique, les conséquences de cette décisions risquent fort de retomber essentiellement sur les épaules de Tsahal.