Est-il encore raisonnable de prendre un avion avec une escale par la Turquie ?
« Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie » a reconnu Ben Gal, un homme d’affaires israélien âgé de 57 ans et qui a passé 3 jours dans les geôles turques entouré de détenus irakiens, iraniens et palestiniens.
Sa mésaventure débute vendredi dernier, dans un appareil de la compagnie aérienne « Pégasus », qui fait la liaison entre Israël et l’Allemagne, avec escale à Istanbul. A bord, Ben Gal commande un petit déjeuner. Quelques instants plus tard, l’hôtesse revient vers lui et lui réclame dans un anglais hésitant, un sachet de soupe qui a disparu du chariot. « Je ne comprenais pas ce qu’elle me voulait et elle ne parvenait pas à s’expliquer », se remémore-t-il. « Elle est revenu avec un stewart qui m’a demandé assez sèchement de vider mes poches. Il voulait me fouiller devant tous les passagers pour un sachet de soupe en poudre. J’ai refusé et leur ai demandé de me laisser finir tranquillement mon petit-déjeuner ».
L’affaire en reste là, mais l’équipage a prévu une sombre vengeance. A sa descente d’avion, trois membres de la sécurité attendent le « voleur de soupe » et l’emmènent dans une salle isolée pour interrogatoire. Trois heures plus tard, il est transféré au poste de police pour complément d’information. Le lendemain, l’israélien se retrouve en centre de détention au milieu de 25 autres détenus, la plupart originaires de pays arabes.
Israël! Yahoud!
« C’était une scène dégradante et surtout effrayante » se souvient Ben Gal. « 90% des détenus étaient des musulmans extrémistes, l’un d’eux racontait qu’il avait été expulsé des Etats-Unis pour avoir exprimé un soutien à Daesh. Je ne comprenais pas ce qu’ils disaient en arabe mais j’entendais régulièrement les mots Israël et Yahoud (Juif), que des Palestiniens prononçaient en me jetant des regards menaçants. C’est un groupe d’hommes du Turkmenistan qui m’a pris sous son aile, ils m’ont mis à l’écart des autres dans un coin de la pièce et j’ai pu dormir un peu, je ne suis allé aux toilettes que la nuit pour éviter les mauvaises rencontres».
C’est seulement le lundi, à 18 heures que le « prisonnier » israélien est expulsé vers Israël. La direction de la compagnie Pegasus à Tel-Aviv, indique qu’après l’atterrissage, le sachet de soupe a été retrouvé sous un fauteuil, mais que le rapport de l’équipage au service d’ordre de l’aéroport d’Istanbul ne portait pas sur cet incident : « Nous avons contacté la sécurité car son comportement têtu avait mis en danger la sécurité du vol et des passagers».