Un barbare à la Maison Blanche
Dois-je le dire ? Presque tout ce que je lis dans la presse française sur la situation au Proche-Orient m’est insupportable.
Des gens censés être rationnels semblent incapables de voir que le Hamas est une organisation djihadiste aux buts génocidaires et que l’Etat Islamique proclamé par Abou Bakr al Bagdadi est lui aussi un groupe djihadiste génocidaire.
Ils semblent ne pas voir que le Hamas entend d’abord exterminer les Juifs israéliens avant d’aller plus loin, et que l’Etat Islamique proclamé par Abou Bakr al Bagdadi commence par s’efforcer d’exterminer les Chrétiens en Irak et en Syrie avant d’aller plus loin.
Ils semblent ne pas voir que le Hamas est un Etat Islamique qui n’a pas réussi, alors que l’Etat Islamique, lui, réussit mieux en termes de massacres et de meurtres de masse.
Ils semblent ne pas voir que ce qui différencie les Juifs israéliens des Chrétiens d’Irak et de Syrie est que les Juifs Israéliens ont une armée puissante, des moyens d’endiguer le Hamas et de limiter fortement les dégâts que peuvent provoquer les tirs de missiles.
Les Chrétiens d’Irak peuvent compter sur le monde occidental, qui leur enverra de quoi mourir après avoir bu l’eau de l’aide humanitaire et absorbé quelques rations alimentaires, les Chrétiens de Syrie ne peuvent pas même compter sur quelques bouteilles d’eau, et quelques rations alimentaires.
Je parcours ici ou là des articles de sodomiseurs de mouches sur la « contestation du modèle occidental » et sur un « modèle islamique » qui se cherche et qui, à l’évidence, ne se trouve pas.
Je ne vois nulle part posée l’équation fondamentale, qu’il est tabou de poser en cette ère de relativisme culturel où tout vaut tout, où rien ne vaut rien, et où, à force de réduire les idées en purée, il ne reste plus dans les têtes que du brouillard, de l’impuissance et de l’incapacité à comprendre.
L’équation est simple : civilisation ou barbarie
La civilisation n’est pas seulement la civilisation occidentale : elle est ce que le monde occidental a apporté de plus fécond au monde, à savoir le respect de l’être humain en tant qu’être humain, la tolérance envers les minorités, le droit d’avoir des droits fondé sur le droit naturel de l’être humain, l’esprit de création et d’entreprise. Tout cela existe ou a existé hors du monde occidental, sur tous les continents. Tout cela existe, à des degrés divers, en Australie ou au Japon, au Chili, en Pologne. Tout cela a existé en Turquie avant le glissement vers l’islamisme opéré par Erdogan, au Liban avant la guerre civile provoquée par les exactions des factions « palestiniennes ». Des sociétés dictatoriales ont été des sociétés civilisées et le sont encore : un régime autoritaire suspend la liberté de choix politique et entrave la liberté de parole, mais pas toutes les formes de liberté, et c’est ce qui le distingue d’un régime totalitaire.
La barbarie, elle, a existé au sein du monde occidental : elle a été, précisément, les régimes totalitaires, fascisme et national-socialisme, communisme. Quand bien même il existe des vestiges de totalitarisme (Cuba, Corée du Nord), la barbarie est aujourd’hui sur terre incarnée essentiellement par l’islam radical. Elle est le Hamas. Elle est l’Etat Islamique.
Si on savait encore en Europe ce qu’est la civilisation, on verrait que la civilisation est en Israël et la barbarie du côté du Hamas. On verrait qu’en Irak et en Syrie, la civilisation est dans le cœur de minorités broyées et qu’on laisse broyer, et la barbarie du côté de ceux qui broient ces minorités, mais on semble ne rien voir.
Mais en Europe, parce que le relativisme règne, on ne voit plus, on ne comprend plus. On dissocie les conflits et on émiette.
On regarde ceux qui saignent sans voir qui les fait saigner : on ne voit pas que le Hamas et l’Etat Islamique aiment tous deux les charniers et ce qui saigne parce que la barbarie aime les charniers et ce qui saigne. Le Hamas ne peut tuer les Juifs, alors il tue et fait tuer la population du territoire qu’il régit : il sait quelle confusion mentale existe en Occident. Il sait, de surcroît, que dans les neurones d’un relativiste occidental, il y a toujours de l’antisémitisme qui sommeille, et il compte sur l’antisémitisme qui sommeille. L’Etat Islamique peut tuer les Chrétiens, alors il les tue : il sait lui aussi la confusion mentale qui existe en Occident. Il sait que le relativisme conduira à une réaction de compassion passagère.
J’ai beau parcourir de nombreux articles publiés en France, je ne vois rien sur la doctrine Obama et sur les amitiés islamiques d’Obama. Alors que c’est pourtant, au delà du relativisme, la clé pour comprendre.
Il semblerait que l’offensive israélienne à Gaza a été stoppée parce que le Hamas a un allié à la Maison Blanche, et que cet allié peut décider de freiner ou d’arrêter la livraison de certaines armes, et exercer d’autres chantages. Comme l’a écrit David Horovitz dans The Times of Israel, le Hamas a beaucoup de chance, Israël en a beaucoup moins.
Il est évident, pour qui n’est pas totalement analphabète ou irrémédiablement abruti, que la situation en Irak est le fruit de la décision de retrait total des troupes américaines, prise par Barack Obama fin 2011. Il est évident que Barack Obama entend laisser le champ libre à l’Etat Islamique, pourvu qu’il s’oriente vers des tâches acceptables par la Maison Blanche, tout comme il est évident que Barack Obama voulait seulement endiguer l’Etat Islamique, pas protéger les Chrétiens : il a d’ailleurs prononcé vendredi un discours parlant de « mission accomplie ».
Nouri al Maliki a quitté le pouvoir à Bagdad : la décision est présentée en France comme une « victoire » d’Obama, alors que le remplacement de Maliki a été décidé à Téhéran et qu’Obama se conduit en supplétif de Téhéran.
Quasiment toute la presse française incrimine la doctrine Bush et la décision de renverser Saddam Hussein. Il semble qu’il faille le répéter : l’Irak, fin 2008, était un pays stabilisé, et revenu, largement, du côté de la civilisation, après les années barbares du règne de Saddam Hussein. Parce qu’un barbare est à la Maison Blanche, l’Irak est retourné à la barbarie. Parce que des suppôts des barbares appelés Chirac, Villepin, Schröder étaient là en Europe et ont suscité une alliance de soutien à la barbarie, vaincre la barbarie en Irak a pris cinq ans et a coûté plus de vies que cela n’aurait dû être le cas. Grâce aux suppôts des barbares, des régimes barbares ont pu rester en place : en Iran, tout particulièrement. Parce que des journalistes sont eux-même suppôts des barbares, les décisions des politiciens suppôts des barbares n’apparaissent toujours pas en leur infamie et en leurs conséquences criminelles.
Quelques dirigeants en Europe semblaient savoir encore en 2003 ce qui sépare la civilisation de la barbarie. Aujourd’hui, plus aucun dirigeant en Europe ne semble savoir quoi que ce soit. En 2003, il y avait un Président à la Maison Blanche qui savait ce qui sépare la civilisation de la barbarie. Aujourd’hui, je l’ai dit, un barbare est à la Maison Blanche.
Aucun analyste en France ne semble discerner encore ce qui sépare la civilisation de la barbarie. Aucun ne semble voir dans quelle situation nous sommes.
Je pourrais faire ce qui doit l’être et dire ce qui doit l’être, mais on ne m’invite plus à la télévision. Je risquerais de dire du mal des barbares et de rappeler ce qu’est la civilisation. Et je pourrais dire la vérité sur Obama. Imaginez ! Je suis le seul en France à avoir dit dès le départ qui était Obama, et ce qu’il allait faire. Je ne me suis pas trompé. C’est impardonnable.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.