par le rabbin Shraga Simmons
Chacune des fêtes juives met l’accent sur un trait de caractère particulier que nous sommes sensés développer ; les commandements spécifiques à la fête nous aident dans ce travail sur nous mêmes.
Pour découvrir la « mission » qu’il nous incombe d’accomplir, le plus simple est généralement de se référer au rituel liturgique. Or, lorsque nous consultons notre livre de prières, Souccot est définie comme « le temps de notre joie ».
En d’autres termes, Souccot nous propose un atelier de développement personnel d’une semaine sur le thème de la joie !
Sept jours durant, nous quittons notre nid douillet pour une petite cabane, la Soucca. Comment cette absence de confort a-t-elle le pouvoir de nous rendre joyeux ?
La réponse est que ce ne sont guère les objets dont nous nous entourons qui font notre bonheur. On peut vivre dans un véritable palace et être malheureux. Inversement, on peut être très heureux en vivant dans une cabane au fond des bois. La clé de la joie et du bonheur réside dans la qualité de nos relations ; nos relations avec autrui, avec nous-mêmes et avec Dieu.
Les relations avec autrui
Le Loulav (la branche de palmier) nous fournit un indice pour atteindre la joie à travers nos relations. [Note d’Etzbetzion concernant la coutume du Loulav : Lévitique 23 : 40]
Pour les Cabalistes, les quatre espèces représentent quatre types de juifs :
- Le Etrog (cédrat) possède un bon goût et une bonne odeur. Il représente les personnes qui possèdent la sagesse (l’étude de la Torah) et accomplissent de bonnes actions.
- Le Hadas (myrte) possède une bonne odeur mais n’est pas comestible. Cela représente les personnes qui accomplissent de bonnes actions mais n’acquièrent pas la connaissance.
- Le Loulav (branche de palmier) est comestible mais inodore. Il renvoie aux personnes qui possèdent la sagesse mais ne font pas de bonnes actions.
- La Aravah (feuille de saule) n’a ni goût ni odeur. Ce sont les personnes qui n’ont pas accès à l’étude de la Torah ni n’accomplissent de bonnes actions.
A Souccoth, nous réunissons ces quatre espèces dans un même bouquet et les agitons ensemble. Le bouquet n’est valable que si les quatre espèces sont présentes et réunies. S’il en manque n’en serait-ce qu’une, le bouquet n’est plus apte.
On retrouve le même principe dans la fabrication de l’encens pour le Temple. Elle comptait 11 composants, dont le ‘Helbona qui était très malodorant. Cependant, s’il manquait un seul ingrédient de la composition, l’encens ne pouvait être utilisé. De la même manière, nous devons appréhender le peuple juif comme une entité, où chacun a sa place.
Il peut y avoir des personnes que nous n’apprécions pas. Nous devons toutefois en tenir compte et ne pas les considérer extérieures à notre univers. A la vérité, l’humanité constitue une entité indivisible. Internaliser de ce message est une gageure de bonheur : quand nous prenons conscience que nous sommes tous liés, nous devenons plus patients et tolérants envers les autres.
Notons que lorsque nous saisissons le bouquet pour réciter la bénédiction, nous tenons le Etrog rapproché de l’ensemble. Message : celui qui jouit d’une meilleure position spirituelle doit se rapprocher de celui qui en sait moins, afin de l’influencer dans le bon sens.
Cette idée trouve aussi son expression dans la Mitsva d’inviter des convives dans la Soucca. Alors cette année, essayez d’inviter des amis, ou même des gens que vous ne connaissez pas bien. Vous serez étonné du résultat !
Les relations avec notre Moi
Le Sefer Habahir, un ouvrage cabalistique rédigé il y a près de 2000 ans, apporte un autre regard sur le bouquet des quatre espèces qu’il compare aux quatre membres principaux du corps humain.
- Le Etrog représente le cœur, siège de nos émotions.
- Le Hadas a des feuilles dont la forme rappelle celle des yeux.
- Le Loulav, c’est la colonne vertébrale, point de départ de nos actions.
- La Aravah, ce sont les lèvres, la parole.
A l’instar des quatre espèces qui doivent être agitées ensemble, nous devons utiliser toutes nos facultés à l’unisson pour atteindre le bonheur. Nous ne pouvons pas nous permettre de dire une chose alors que nous en ressentons une autre. Nous devons unifier nos sentiments, nos actions, notre discours, notre aspect extérieur, dans une certaine cohérence. Ce n’est qu’alors que nous pourrons ressentir joie, sérénité et tranquillité d’esprit.
Les relations avec Dieu
Les quatre espèces représentent également les quatre lettres du Tétragramme.
Là encore, la clé réside dans le concept d’unité. C’est ce que nous invoquons quotidiennement lorsque nous récitons la prière du Chéma : « Dieu est Un ». Que les choses nous semblent bonnes ou mauvaises, tout émane de Dieu. Les bonnes ou mauvaises surprises que nous rencontrons en cours de route ne sont là que pour nous faire grandir.
En être conscients nous permet de garder en tête nos buts dans la vie et de les mener à bien, ce qui apporte de la joie dans le monde.
En un sens, la fête de Souccot, c’est finalement une opportunité d’une semaine pour forger ces différents types de relations et les intégrer à notre existence quotidienne.