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Un demi-million de migrants pourraient traverser la Méditerranée en 2015 (OMI) (i24news)

By 23 avril 2015Lève-toi !

Alors que les dirigeants de l’UE doivent se prononcer, la question reste « insoluble » pour les experts

JOHN THYS (AFP)JOHN THYS (AFP)« La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, le 20 avril 2015, s’adresse à la presse avant la tenue en urgence d’une réunion après la mort d’au moins 700 migrants dans un naufrage »

Un demi-million de migrants pourraient tenter cette année une dangereuse traversée de la Méditerranée, avec plusieurs milliers de morts, si rien n’est fait pour lutter ceux qui organisent ces trafics d’êtres humains, estime l’Organisation maritime internationale (OMI), une institution de l’ONU.

« Il est temps de réfléchir vraiment à la manière de stopper le passage très dangereux et risqué de migrants sur de petits bateaux » partant du continent africain pour rejoindre les rives européennes de la Méditerranée, a déclaré le directeur de l’OMI, Koji Sekimizu, lors d’une conférence maritime à Singapour.

« Si nous ne faisons rien, je crois que cette année nous allons voir un demi-million de migrants traverser la Méditerranée, et dans ce cas, il pourrait potentiellement y avoir jusqu’à 10.000 morts », a-t-il ajouté.
« C’est un problème très sérieux. Il faut prendre des mesures », a souligné le responsable, quelques jours après un nouveau naufrage qui a fait quelque 800 morts, la pire tragédie en Méditerranée.
En 2014, plus de 170.000 migrants ont traversé la Méditerranée pour rejoindre l’Europe, et 3.000 d’entre eux ont péri, a encore dit M. Sekimizu.

« Nous ne devrions pas seulement nous préoccuper des opérations de recherches et de secours, mais aussi lutter contre les passeurs, les trafiquants en coulisses », a souligné le responsable.

L’UE prête à lancer une opération militaire contre les « esclavagistes »

Les dirigeants européens doivent se prononcer jeudi sur une opération militaire contre les trafiquants de migrants en Libye, responsables de la pire tragédie en Méditerranée, dont des survivants commencent à raconter l’horreur.

Il faut «entreprendre des efforts systématiques pour identifier, capturer et détruire les bateaux avant qu’ils ne soient utilisés par les trafiquants», selon le projet de déclaration du sommet extraordinaire convoqué après un nouveau naufrage dimanche, qui a fait quelque 800 morts.

L’Europe se doit d’apporter une réponse forte, qui aille au delà du renforcement des moyens de surveillance maritime ou d’une meilleure solidarité dans l’accueil des réfugiés.

Les chefs d’État et de gouvernement devraient donc lancer les «préparatifs pour une possible opération de sécurité et de défense», autrement dit une opération militaire. Ce serait une première dans la lutte contre l’immigration clandestine.

Les premières consultations montrent «une volonté politique de lancer ce signal fort», a confié à l’AFP une source proche du dossier.

«On ne peut pas être sérieux si on ne prend pas en considération la demande de Matteo Renzi», a affirmé un haut responsable européen. Le chef du gouvernement italien a demandé l’examen de la possibilité de mener des «interventions ciblées» contre les passeurs en Libye, devenu le pays d’embarquement des migrants et des candidats à l’asile en direction de l’Italie et de Malte.

«Personne ne parle d’envoyer des troupes au sol», a assuré une source européenne, tout en soulignant que la question d’un mandat des Nations unies «dépend de l’étendue de la mission». «Ce ne sera pas une guerre, mais des actions ciblées».

Séquestration

Mais la «mise en oeuvre prendra du temps», ont averti les diplomates en charge du dossier. «Il va falloir préparer des plans opérationnels, puis mobiliser des moyens militaires», a-t-on expliqué.

Les experts se montrent très sceptiques. Atalante, la mission militaire de l’UE contre la piraterie au large des côtes somaliennes a été lancée en 2008, mais les premières actions contre les bateaux des pirates ont été menées en 2011-2012, a rappelé l’eurodéputé français Arnaud Danjean. «Que peut-on faire pour endiguer ce trafic par la force, la réponse est simple: rien», a assuré à l’AFP l’ex-amiral français Alain Coldefy.

Le plan soumis aux dirigeants européens prévoit aussi de «doubler» de trois à six millions d’euros le budget mensuel alloué à Frontex, l’agence chargée de la surveillances des frontières, pour renforcer les moyens alloués aux missions maritimes Triton en Italie et Poséidon en Grèce, afin de leur permettre d’augmenter leurs opérations de surveillance et de sauvetage.

Le troisième volet traite de l’accueil des migrants. Il propose aux États d’accueillir «au moins 5000 personnes ayant obtenu le statut de réfugiés», dans le cadre d’un projet de réinstallation.

Arrivés mardi en Sicile, les 28 survivants de la catastrophe de dimanche, dont les deux passeurs aussitôt arrêtés, ont commencé à donner quelques détails sur leur traversée.

L’un d’entre eux, Abdirizzak, a raconté avoir échappé à la mort parce qu’il se trouvait dans la partie supérieure du chalutier. «Ceux qui avaient le moins d’argent ont été enfermés à fond de cale. J’étais sur le pont intermédiaire, et ceux qui avaient le plus payé étaient au-dessus».

Des centaines de migrants, y compris des femmes et des enfants, sont restés prisonniers à l’intérieur. Les garde-côtes ont repêché 24 corps.

Alberto Pizzoli (AFP)Alberto Pizzoli (AFP)« Rescued migrants line up to disembark from the Italian Navy vessel Bettica after arriving in the Sicilian harbour of Augusta on April 22, 2015 »

Le commandant du chalutier, Mohammed Ali Malek, un Tunisien âgé de 27 ans, a été désigné par le Parquet comme le principal responsable de la tragédie. Déjà accusé d’homicides involontaires et d’incitation à l’immigration clandestine, il a été accusé mercredi de «séquestration de personnes».

Le naufrage a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche à quelque 60 milles (110 km) au large des côtes libyennes. Ce drame s’ajoute à d’autres naufrages qui ont fait près de 450 victimes portées disparues la semaine dernière et a suscité la colère du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a accusé l’Europe de «laisser mourir» les migrants.

Depuis le début de l’année, quelque 1750 migrants, hommes, femmes et enfants, ont péri en mer. C’est 30 fois plus que sur la même période l’an dernier, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM). Plus de 20 000 migrants ont déjà débarqué en Italie depuis le début de l’année. Et rien ne semble devoir les décourager.

(avec AFP)

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