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Variant brésilien : « Il faut envisager un scénario catastrophe »

By 13 avril 2021CORONAVIRUS
Variant brésilien : "Il faut envisager un scénario catastrophe"
MAURO PIMENTEL / AFP

Voyageurs

Propos recueillis par et Théo Moy

Publié le 

​​​Face aux critiques sur l’arrivée quotidienne de dizaines de passagers en provenance du Brésil, où sévit un variant potentiellement plus meurtrier, le gouvernement français a annoncé ce mardi 13 avril la suspension de ces vols. L’infectiologue Benjamin Davido espère que ces mesures seront coordonnées avec nos voisins et regrette que l’étude de la résistance du variant brésilien aux vaccins ne soit pas une priorité mondiale.

Ils étaient 1 000 par semaine pour Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes. Pour Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports, 350. Les ministres ne sont pas d’accord sur le nombre de passagers qui débarquent chaque semaine en métropole depuis le Brésil, mais la question n’a désormais plus de raison d’être : ce mardi 13 avril, les vols ont tout simplement été suspendus.

Jusqu’à la semaine dernière, les précautions sanitaires consistaient en la simple présentation d’un test PCR négatif de moins de 72 heures avant le départ du Brésil. Depuis vendredi 9 avril, face à la montée des critiques – le pays sud-américain accuse plusieurs milliers de décès quotidiens, un test antigénique est effectué sur chaque voyageur à son arrivée en France. Un dispositif qui n’aura duré que 5 jours… Benjamin Davido, infectiologue de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, pointe la nécessité d’une coordination européenne pour gérer le risque représenté par les variants. Il plaide également pour un consortium mondial permettant de vérifier rapidement l’efficacité des vaccins sur ce variant brésilien.

Marianne : Exiger un test PCR réalisé 72 heures avant le vol était-il suffisant pour éviter l’importation du variant brésilien sur le sol français ?

Benjamin Davido: Ces tests poussent à lever les gestes barrières – et dans ce cas à voyager – alors qu’ils n’ont pas une exhaustivité parfaite. Quand vous êtes testé 72 heures avant votre vol, vous pouvez très bien être infecté 24 heures avant et malgré tout partir en voyage. Plus encore, le test négatif lui-même n’est pas entièrement fiable, il y a un trou dans la raquette avec environ 20 % de faux négatifs, surtout dans les premiers jours de la contamination. À Noël, le risque était de lever les gestes barrières. Là, ce sont les voyages.

Le gouvernement a commencé par mettre en place un test antigénique à l’arrivée avant de suspendre les vols cinq jours après. Une quarantaine n’aurait pas été une bonne idée ?

Les tests antigéniques et PCR sont complémentaires. Le test antigénique est plutôt sûr dans les 4 à 5 premiers jours de la maladie et le PCR peut faire défaut dans les 3 premiers jours. Si on fait les deux, on a peu de chance de passer entre les mailles du filet. Mais il existe désormais un risque de falsification des tests PCR, donc ces mesures auraient probablement été insuffisantes. Pour minimiser le risque de propagation du variant en France, on aurait effectivement pu mettre en place un PCR, un antigénique et une quatorzaine. La fermeture complète de la frontière règle la question…

Comment lutter contre la falsification des tests PCR ?

Il faudrait que l’info sur le résultat du test soit hébergée par les serveurs de laboratoires, interrogés directement aux frontières. Cela pourrait être mis en place entre des pays volontaires.

L’importation des variants représente-t-elle une menace importante ?

On a déjà connu l’importation du virus avec la Chine et l’Italie l’an dernier. Si on contrôlait la situation, on pourrait se permettre de tenter des choses, mais là il faut se prémunir contre les variants. La question n’est pas uniquement française, elle concerne l’Allemagne et tous les pays limitrophes. Il faut absolument se coordonner. Il y a quelques semaines, le Président a dit que le variant anglais était responsable de la troisième vague : on ne peut pas laisser de doute sur le variant brésilien.

Ce danger des variants ne semblait jusqu’à aujourd’hui pas pris très au sérieux…

On ne parle que des autotests et de la vaccination depuis l’annonce du confinement, comme si l’épidémie avait disparu. Pourtant elle est bien là, la tension en Île-de-France est très élevée. J’ai dû refuser un transfert de patient vers mon service ce matin. Chaque jour à 9 heures, on se demande s’il y a des lits Covid disponibles. Vu les chiffres catastrophiques au Brésil, il ne faut pas tenter le diable. La réalité est que si le variant brésilien apparaît en France alors que l’épidémie est en train de s’arrêter, cet été par exemple, ce serait catastrophique.

Que sait-on de l’efficacité des vaccins sur ce variant ?

On sait qu’il y a un doute, et il n’est pas possible de le laisser subsister. La seule façon de limiter les craintes de la population c’est de montrer qu’il y a un vaccin très efficace contre ce variant. Aujourd’hui, on n’a pas de données alors on doit envisager un scénario catastrophe à l’image de ce qu’ont avoué les Chinois : leur vaccin est inefficace contre le variant brésilien.

« Il faut vérifier l’efficacité des vaccins et les mettre à jour. »

Les instances internationales devraient se débrouiller pour que Pfizer donne 20 000 doses de vaccins au Chili ou au Brésil pour tester leur efficacité, de manière à obtenir des réponses scientifiques et, le cas échéant, une mise à jour des vaccins. Il faut créer un consortium pour qu’il y ait une réponse instantanée dès l’apparition d’un variant. Ce chef d’orchestre pourrait répondre à la question : « A-t-on un vaccin universel, qui fonctionne vis-à-vis du Covid-19 ? ».

On ne répond pas à ces questions-là car les stocks sont très en tension. On privilégie la livraison de vaccins à ceux qui les ont commandés. On ne prend pas le temps, de façon assez égoïste, de livrer dans les zones les plus touchées pour avoir des données en temps réel. C’est pour cela qu’il faut l’exiger des plus hautes instances, comme l’OMS.

En France, le variant sud-africain circule largement en Moselle. Pourquoi n’a-t-il pas pris le pas sur le reste s’il est plus contaminant ? Le variant brésilien deviendra-t-il forcément majoritaire ?

Pour des raisons qu’on explique mal, il y a une compétitivité entre les variants. C’est quelque chose qu’on connaît très bien sur les bactéries, on sait qu’elles luttent entre elles pour un habitat et on a l’impression que c’est la même chose entre les variants anglais et brésiliens ou sud-africains. L’anglais a été majoritaire en premier comme il est tout de même très contagieux, et il a peut-être joué un rôle de barrière. Il prend tellement de place qu’il est possiblement la meilleure frontière contre le variant brésilien. Mais cela doit renforcer notre inquiétude : qu’est-ce qu’on fait à l’été s’il n’y a plus de variant anglais mais que nous devons gérer les brésiliens et sud-africains ? Plutôt que de jouer à se faire peur, il faut vérifier l’efficacité des vaccins et les mettre à jour. Pfizer peut le faire en 6 semaines.

À LIRE AUSSI : Covid-19 : à quel moment un variant devient-il inquiétant ?

Join the discussion 2 Comments

  • Marlène dit :

    Epidémies sur épidémies, vaccins sur vaccins, restrictions sur restrictions, confinements sur confinements, nous avons vraiment franchi un virage, une étape finale pleine de catastrophes naturelles, tremblements de terre, inondations, pandémies, famines, invasions de sauterelles, montée de la violence, effondrement financier, effondrement familiale, guerres et rumeurs de guerre, perte des valeurs divines et refus de la saine doctrine etc…. tout ceci nous a été annoncé ! Le Seigneur est à la porte! veillons mes chers frères et soeurs

  • Danielle25 dit :

    Encore un nouveau variant. Il fut un temps où on nous parlait du variant breton. Mais il fit pâle figure devant son grand frère, le variant grand breton, qui fut plus grand, forcément !

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