Devant l’avancée des djihadistes de l’Etat Islamique en Irak et au Levant, la Jordanie est sur le pied de guerre. Israël annonce que ses troupes prêteraient assistance au royaume hachémite.
Verra-t-on bientôt face à face l’armée d’Israël et celle des djihadistes de l’Etat Islamique en Irak et au Levant ? Alors que la Jordanie mobilise face à l’avancée des commandos désormais alliés à Al-Qaida qui pourraient menacer ses frontières, les Israéliens font savoir qu’ils se porteront au secours du royaume si sa sécurité était en danger. C’est dans les colonnes du journal américain en ligne Daily Beast que ces informations sont confirmées de sources israélienne et américaine.
Les manifestations pro-djihad qui ont éclaté à Maan, dans le désert au Sud d’Amman, font craindre au roi Abdallah II une propagation de la tempête semée par les commandos de la mort en Irak. Fallacieusement désignée comme une oasis de stabilité, la Jordanie est en réalité d’une très grande fragilité. Durant la dernière décennie, elle a accueilli tour à tour les réfugiés irakiens puis les réfugiés syriens. Peuplé dans sa grande majorité de Palestiniens, le royaume, signataire d’un traité de paix avec Israël, fait face à une importante opposition islamiste. L’un des fondateurs de la branche d’Al Qaida en Irak, Al-Zarkaoui, était d’origine jordanienne.
Si la Jordanie se retrouve dans l’œil du cyclone, Israël est directement concerné. C’est ce que redoutait Washington. On ne peut pas imaginer un seul instant que de l’autre côté du Jourdain flotte le drapeau noir du djihad sans qu’Israël n’intervienne. C’est ainsi que, par cercles concentriques, l’embrasement intégriste gagne toute une région où, rappelons-le, les distances entre forces et pays ennemis ne se comptent souvent qu’en quelques centaines de kilomètres.
Depuis le début de l’insurrection en Syrie, Jérusalem avait tenté prudemment de se tenir à l’écart du conflit. Qui était le plus dangereux pour l’Etat hébreu ? Le régime de Bachar épaulé par le Hezbollah, fruit et allié de l’Iran, ou bien des insurgés djihadistes animés autant par la haine des juifs que par celle des chiites ? Dès que la bataille s’est engagée en Irak, l’imbroglio s’est encore corsé : ainsi les Américains deviendraient les alliés objectifs des Iraniens pour tenter de sauver Bagdad ! Certes, ils n’interviendraient plus directement mais seraient enclins à plus de souplesse dans les négociations sur le nucléaire.
La solitude d’Israël s’accentuait dangereusement. Au point qu’Avigdor Lieberman, le ministre israélien des Affaires étrangères, évoquait avec John Kerry, lors de son passage à Paris, une aide directe à des « pays arabes modérés ». Avec un engagement sur le Jourdain, c’est un face à face d’une symbolique écrasante qui risque de se nouer. Juifs contre djihadistes. Jérusalem contre Al-Qaida. Le nouvel épisode de la brûlante saga orientale. Certains exégètes juifs rappellent déjà que la prise de Ninive (aujourd’hui Mossoul) au VIIIe siècle avant J.-C. par les Babyloniens avait bouleversé la carte du Moyen-Orient antique.