L’élu, Ibrahim Raessi, bourreau et cruel tortionnaire, a été placé sur la liste noire du Trésor américain en novembre 2019 pour violations en série des droits de l’homme.
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Alors que l’élection présidentielle doit avoir lieu le 18 juin, la dictature théocratique et terroriste d’Iran s’est retrouvée avec 592 candidats. Mais 7 seulement ont été autorisés à concourir lors de la mascarade électorale. Un seul a été choisi.
L’ayatollah Ali Khamenei devait en choisir un dont il s’assurerait qu’il serait soutenu par le puissant Conseil des gardiens et qu’il serait ensuite certain de remporter l’élection en s’appuyant sur l’intimidation, l’achat de votes, le bourrage des urnes et la falsification pure et simple – après tout, l’Iran n’est-il pas une démocratie ?
La personne idéale pour Khamenei était Qassem Soleimani, qui a été éliminé par les forces américaines en Irak l’année dernière. Avec la mort de Qassem Soleimani, Khamenei a reçu un coup dur, car il était très difficile de trouver quelqu’un comme lui.
Après l’assassinat de Soleimani, le choix évident de Khamenei s’est porté sur Ibrahim Raessi, que Khamenei avait renoncé à nommer au poste de président il y a quatre ans. Khamenei voulait faire de lui le président en 2017, mais par crainte d’un nouveau soulèvement comme celui de 1988, il a préféré ne pas prendre le risque, et a supporté Hassan Rouhani pendant quatre années supplémentaires.
Qui est Ibrahim Raessi
- Procureur adjoint puis procureur de la ville de Karaj en 1980, il a été remarqué par les dirigeants du régime pour les atrocités qu’il a commises en réprimant les opposants de Khomeini en 1981.
- En 1988, en tant que procureur adjoint de Téhéran, il a été l’une des quatre personnes que le dirigeant suprême de l’époque, l’ayatollah Ruhollah Khomeini, a nommées à une « commission de la mort » chargée d’exécuter sa fatwa de massacrer les militants emprisonnés de l’opposition démocratique Mojahedin e-Khalq.
- La fameuse commission de la mort est responsable du massacre de 30 000 prisonniers politiques, sommairement exécutés en quelques mois.
Quand je vous dis que les médias vont beaucoup l’apprécier, je sais de quoi je parle, ils sont toujours du côté des pires : Mao, Arafat, Khmers, Cuba, Iran, Hamas…
Raessi n’a aucun statut académique ou religieux. Entré au grand séminaire de la ville sainte de Qom à l’âge de 15 ans, il a rejoint l’appareil judiciaire du régime en tant que procureur adjoint à Karaj (à l’ouest de Téhéran) alors qu’il n’avait que 19 ans. Il n’a jamais étudié le droit, mais sa loyauté et son enthousiasme impitoyable à écraser les opposants au régime fondamentaliste lui ont permis d’accéder à la gloire et à la fortune. Il est devenu le procureur du tribunal révolutionnaire de Karaj à l’âge de 20 ans.
Après avoir été procureur de Téhéran en 1989 pendant 5 ans, il est devenu chef adjoint du pouvoir judiciaire et enfin chef du pouvoir judiciaire en mars 2019.
Depuis lors, il a dirigé l’exécution de 251 personnes en 2019, et de 267 personnes en 2020, et des dizaines d’exécutions jusqu’à présent en 2021. Raessi a souvent supervisé la torture d’hommes et de femmes, puis a assisté à leur pendaison.
Gestion de crise
Pour tenter de faire face à l’escalade de la crise qui secoue le pays, Ali Khamenei s’est retrouvé coincé entre le marteau et l’enclume. Confronté à quatre candidats présidentiels « durs », il a veillé à la disqualification de l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad, d’Ali Jahangiri, qui est l’actuel vice-président d’Hassan Rouhani, et tous les autres qui étaient susceptibles de polariser l’élection, y compris le fidèle Ali Larijani, pas suffisamment impitoyable.
Il a demandé au Conseil des gardiens, qui a le dernier mot sur le choix des candidats, d’écarter Ahmadinejad et Larijani, laissant Raessi comme candidat favori.
Khamenei a même contribué à prolonger le conflit à Gaza pour persuader les électeurs que le régime est toujours le principal soutien des Palestiniens et l’ennemi juré d’Israël.
Mais même cette futile démonstration de force ne permettra pas de sortir de l’impasse dans laquelle se trouve Khamenei.
- L’Iran est un baril de poudre prêt à exploser.
- Une masse de personnes majoritairement jeunes, affamées et enragées est désireuse de mettre le feu aux poudres.
- La répression, les restrictions sur les médias sociaux, les arrestations, la torture et les exécutions n’ont pas réussi à empêcher la propagation à l’échelle nationale d’une opposition organisée sous la forme d’unités de résistance.
- Khamenei se bat pour sa survie et Raessi est assez cruel pour torturer et assassiner toute résistance, sachant qu’il dispose de la complicité des journalistes occidentaux.
Les fausses élections en Iran pourraient être une leçon pour les pacifistes occidentaux qui, pendant des décennies, ont placé leurs espoirs dans d’illusoires modérés ou « réformateurs » au sein de la dictature islamique, mais il n’en sera rien : les médias sont là pour s’assurer qu’aucune information réelle ne transpire.
Une odeur d’après Khamenei
Selon beaucoup, ce simulacre d’élection est le dernier spectacle de ce genre.
D’une part, 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté en raison de la corruption institutionnalisée et du financement mondial du terrorisme, et d’autre part, les gens veulent en finir avec la dictature et l’oppression. Ils veulent un changement de régime et établir un gouvernement démocratique.
Peu importe qui sera le président le mois prochain, les Iraniens attendent l’occasion de renverser l’ensemble du régime dans un soulèvement comme celui de novembre 2019. C’est ce qu’Ahmadinejad a reconnu dans un récent discours avant d’être démis de ses fonctions par le Conseil des gardiens, en disant qu’un déluge engloutirait bientôt l’ensemble du régime.
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