INTRODUCTION
Au moment de commencer ce livre il me revient en mémoire une terrible histoire.
Visitant de nombreuses églises des gens du voyage voici plusieurs années en France, j’eus l’occasion de me lier particulièrement avec un pasteur qui m’invitait plus fréquemment que d’autres à prêcher. Que de choses puissantes n’avons-nous pas vécues, comme par exemple la conversion d’une tribu entière dominée par une femme très occulte et âgée. Et cela dans des conditions absolument spectaculaires où nous frôlâmes la tragédie au risque de nos vies à chaque instant.
Cependant, au fil des invitations répétées par ce cher homme, je réalisai peu à peu à de menus mais significatifs « détails » que sa relation de couple n’était pas heureuse. Ce frère ne s’ouvrant pas à moi et présentant toujours face lisse en ma présence, je ne me sentis jamais le droit d’aborder le sujet.
Avec le recul, je suis obligé d’admettre qu’une bonne partie du zèle très ardent qu’il développait pour exercer son ministère était sans doute le lieu d’un défoulement, d’une compensation. Et j’observai peu à peu apparaître une étrange propension à flirter avec le danger dès qu’il s’agissait de démons ou de situations spirituelles délicates nécessitant sagesse et non spontanéisme impulsif. Par la suite, il me donna le témoignage d’avoir com-mencé à chasser les démons ici et là. Je ne pouvais être surpris, ni alarmé vraiment, car je le fais moi-même depuis bien longtemps, considérant cela comme biblique.
Mais lors d’un passage dans son assemblée, quelle ne fut pas ma surprise de le voir en plein milieu de ma prédication foncer dans la salle depuis l’estrade où il était assis pour, avec véhémence et cris terribles, prendre autorité sur des démons chez une personne qui donnait tous les signes d’un calme parfait. Je le questionnai sur ses raisons mais il ne put, le regard étrange et triste, m’aligner rien de sérieux si ce n’était un vague discernement d’un démon qui aurait été présent dans cette dame assise dans l’auditoire.
Je commençai alors à mettre en garde ce frère car son approche de la délivrance m’apparaissait de plus en plus déplacée et ani-mée d’un zèle malsain. Avec le recul, il m’apparaît clairement que la délivrance à tous crins qu’il s’était mise à pratiquer était le lieu de la vengeance et du défoulement, du fait de problèmes de couple non réglés. Il ne m’écouta pas. J’appris hélas, peu de temps après, qu’il quitta son épouse pour rejoindre une femme plus jeune.
Voilà ce qui était à bien des égards un authentique et fructueux ministère ruiné et une église blessée. Rare, ce genre de cas de figure où la recherche de délivrer est en relation avec des problèmes personnels (rejet, insatisfaction relationnelle, conviction charnelle d’être détenteur d’un appel, etc.) ? Non, et l’on devrait s’arrêter autour de cette question, car ce genre de motivation dangereuse pour le Corps et les personnes elles-mêmes peut s’observer à bien des niveaux de comportements de bien des serviteurs ou servantes » aujourd’hui. Derrière la soif de reconnaissance, le besoin d’exister, gisent souvent d’autres problèmes existentiels non réglés. Les estrades dans certains milieux sont loin d’être saines à ce point de vue et un débat sérieux, fondé, devrait être ouvert sur les simples conditions bibliques qui justifient un appel au ministère. C’est un débat à l’aune biblique mais ô combien rendu complexe s’il devait avoir lieu (et il devrait avoir lieu), tant l’enchevêtrement de choses bibliques et non bibliques est profond aujourd’hui dans le Corps. Tant de reconnaissances de ministères y sont souvent plus l’affaire de l’âme que de l’esprit d’authentiques oints et de l’Esprit de l’Eternel dans Ses décisions. Je crois entre autres à une transmission apostolique et d’anciens qui fait autorité en la matière au travers des âges, mais elle est grandement corrompue aujourd’hui.
Celui qui ignore l’histoire se condamne à la répéter. N’oublions donc pas que, dans des époques troublées de son Histoire, l’Eglise a connu de terribles dérives qui ont engendré de non moins terribles souffrances, alors que l’Eglise tenait un discours « purificateur », « délivreur » . Ce qui se vit aujourd’hui en matière de dérives pourrait subtilement ramener (et plus vite qu’on ne peut l’imaginer…) ces cauchemars-là. Car en commun ces cauchemars-là et certaines dérives d’aujourd’hui ont sans doute, en toile de fond, une étrange soif de pouvoir, de puissance dans l’irrationnel mêlée d’un goût certain et trouble pour le sensationnel. Le fruit de personnalités troublées.
Au Moyen-Age, la mise à mort de sorcières rencontrait un franc succès de foule. On vendait des boissons, de la nourriture et des souvenirs autour des bûchers à des milliers de spectateurs qui se pressaient pour voir mourir en direct des femmes totalement innocentes dans d’atroces souffrances. (Ce qui bien entendu n’exclut pas l’existence de la sorcellerie comme pratique démoniaque, mais c’est un autre débat…)
Je veux donc citer en première référence de ce petit livre cette Ecriture pleine de sagesse et qui sera un excellent moyen pour tester nos motivations : Luc 10 : 17 à 20 :
- Les soixante-dix revinrent avec joie, disant : Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en Ton nom. Jésus leur dit : je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. Voici je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions et sur toute la puissance de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire.
Cependant ne vous réjouissez pas que les esprits vous soient soumis ; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont inscrits dans les cieux ».
Bible en main et fort de vingt-quatre ans de ministère accompagné d’expériences nombreuses dans le domaine concerné, je m’inquiète de voir aujourd’hui de plus en plus de pratiques comme, par exemple, les exorcismes collectifs provoqués et interminables, dans des conditions étranges et effectués par des personnes ou cercles, groupes, oeuvrant de façon non biblique.
La confusion la plus extrême et la plus dangereuse semble régner dans certains milieux. Certaines réunions ressemblent plus à des séances collectives où, sous prétexte d’enseignement et de promesse de délivrance, on excite en fait les démons à s’exprimer, s’exhiber (ce qu’ils aiment par-dessus tout alors que leur place fondamentale selon le décret de D.ieu est dans les ténèbres ou dans les lieux arides – deux concepts qui se rejoignent à maints égards, les lieux arides n’étant pas nécessairement le désert physique comme le Sahara ou celui du Sud d’Israël, mais bien tout lieu » physique, moral ou spirituel qui tourne résolument le dos à D.ieu : une banlieue crapuleuse, une ville entière comme Babylone ou Paris aujourd’hui dans une large proportion, une assemblée apostate, un individu quelconque, une dérive religieuse anti-christique, etc. ). Que dire à tel croyant qui vient durant trois ans de vivre hors de son catholicisme natal un parcours de salut éminemment traversé et transporté d’authentiques révélations et appel biblique au service du maître ? Il assiste à une réunion présidée par une femme, réputée spécialiste en matière de démonologie et délivrance et dont les pratiques lui semblent de toute évidence relever de la sorcellerie « chrétienne » à coups de : voyez maintenant, le Saint-Esprit va agiter les démons dans vos vies… ». Pendant ce temps, dans le même lieu, une personne véritablement en proie à des démons et affreusement souffrante est délaissée sous des prétextes futiles non dénués de mépris affiché par la « spécialiste en délivrance ». Que lui dire, sinon que cette femme n’a aucune autorité et qu’elle semble effectivement « jouer » à la délivrance avec des motivations douteuses ?
Sans m’éloigner trop du sujet, permettez-moi de vous rapporter ici un témoignage saisissant et vieux déjà de plusieurs années. (Et que dire alors, après lecture de ce témoignage, concernant ce qui se passe aujourd’hui ?)
Les choses ont évolué et ce n’est pas en bien hélas. Il revient à ceux qui savent et peuvent encore le faire d’exhorter au temps favorable les brebis en danger à se tenir sur leurs gardes, car Satan rôde comme un lion rugissant et utilise les ressources prodigieuses d’une intelligence de loin supérieure à celle de n’importe quel humain, en utilisant ses faux envoyés au service du Maître.
Ces faux envoyés étant eux-mêmes souvent les premières victimes de Satan du fait d’un orgueil ou d’une vie de l’esprit non purifiée des restes de l’âme et de la chair, ce qui ne les qualifie que pour une impréparation au service de D.ieu aux effets redoutables. Leur « ministère » s’accompagne d’ailleurs toujours de ce faux spirituel clinquant à la fâcheuse déferlante duquel nous assistons depuis des années maintenant. Ce fameux tout Saint-Esprit » qui autorise tout et encore plus encore dans ce qui ressemble à une fuite en avant, sans satisfaction complète jamais, mais qui révèle en fait de puissants gouffres identitaires où la bénédiction d’un père s’imposerait. Mais la veulent-ils ? En ont-ils l’humble soif… ?
Par-dessus tout, le peuple de D.ieu emporté par un « tout Saint-Esprit » évidemment douteux, par des vagues successives de sensationnalisme empoignant des valeurs bibliques réelles pour les utiliser dans une consommation événementielle stérile, s’est affaibli de façon considérable depuis quelques années et a délaissé dangereusement le fondement de l’Ecriture pour jauger ces choses de façon saine et biblique. Danger ! Danger !
Merci Haïm pour la parution de ton livre « Vous avez dit délivrance? » Dans les temps troublés dans lesquels nous vivons, avec toutes les dérives que connait l’Eglise, nous avons besoin d’un enseignement vrai et solide et surtout vécu par le Saint Esprit, sur le sujet de la délivrance.