Gardons à l’esprit quelques autres modèles, comme ce prophète couché devant Jérusalem durant des mois ; quelle force de caractère, quelle assurance (Ézéchiel 4.1 à 6). Songeons à Esaïe en Es. 36 et 37. Le calme et l’autorité d’Esaïe sont proverbiaux, en Es. 37.1 à 7, dans un contexte pourtant de panique générale.
Songeons encore à Samuel face à Saül en 1 Samuel 15 (lisons tout le chapitre et arrêtons-nous aux versets 31 à 34) : « Samuel retourna et suivit Saül, et Saül se prosterna devant l’Éternel. Puis Samuel dit : Amenez-moi Agag, roi d’Amalek. Et Agag s’avança vers lui d’un air joyeux ; il disait : Certainement, l’amertume de la mort est passée.
Samuel dit : De même que ton épée a privé des femmes de leurs enfants, ainsi ta mère entre les femmes sera privée d’un fils. Et Samuel mit Agag en pièces devant l’Éternel, à Guilgal.
Samuel partit pour Rama, et Saül monta dans sa maison à Guibea de Saül. »
Samuel mit Agag en pièces devant l’Éternel, à Guilgal. Non, Samuel n’était pas une brute sauvage, mais un homme de D.ieu. La colère de D.ieu trouvait son réceptacle chez Samuel et elle avait été attisée.
Lisons du verset 17 au verset 30, et spécialement les versets 22 et 23 :
« Samuel dit : Lorsque tu étais petit à tes yeux, n’es-tu pas devenu le chef des tribus d’Israël, et l’Éternel ne t’a-t-il pas oint pour que tu sois roi sur Israël ? L’Éternel t’avait fait partir, en disant : Va, et dévoue par interdit ces pécheurs, les Amalécites ; tu leur feras la guerre jusqu’à ce que tu les aies exterminés. Pourquoi n’as-tu pas écouté la voix de l’Éternel ? Pourquoi t’es-tu jeté sur le butin, et as-tu fait ce qui est mal aux yeux de l’Éternel ?
Saül répondit à Samuel : J’ai bien écouté la voix de l’Éternel, et j’ai suivi le chemin par lequel m’envoyait l’Éternel. J’ai amené Agag, roi d’Amalek, et j’ai dévoué par interdit les Amalécites ; mais le peuple a pris sur le butin des brebis et des bœufs, comme prémices de ce qui devait être dévoué, afin de les sacrifier à l’Éternel, ton D.ieu, à Guilgal.
15.22 : Samuel dit : L’Éternel trouve-t-Il du plaisir dans les holocaustes et les sacrifices, comme dans l’obéissance à la voix de l’Éternel ? Voici, l’obéissance vaut mieux que les sacrifices, et l’observation de Sa parole vaut mieux que la graisse des béliers.
15.23 : Car la désobéissance est aussi coupable que la divination, et la résistance ne l’est pas moins que l’idolâtrie et les théraphim. Puisque tu as rejeté la parole de l’Éternel, Il te rejette aussi comme roi.
Alors Saül dit à Samuel : J’ai péché, car j’ai transgressé l’ordre de l’Éternel, et je n’ai pas obéi à tes paroles ; je craignais le peuple, et j’ai écouté sa voix. Maintenant, je te prie, pardonne mon péché, reviens avec moi, et je me prosternerai devant l’Éternel.
Samuel dit à Saül : Je ne retournerai point avec toi ; car tu as rejeté la parole de l’Éternel, et l’Éternel te rejette, afin que tu ne sois plus roi sur Israël.
Et comme Samuel se tournait pour s’en aller, Saül le saisit par le pan de son manteau, qui se déchira.
Samuel lui dit : L’Éternel déchire aujourd’hui de dessus toi la royauté d’Israël, et Il la donne à un autre, qui est meilleur que toi. Celui qui est la force d’Israël ne ment point et ne se repent point, car il n’est pas un homme pour se repentir.
Saül dit encore : J’ai péché ! Maintenant, je te prie, honore-moi en présence des anciens de mon peuple et en présence d’Israël ; reviens avec moi, et je me prosternerai devant l’Éternel, ton Dieu ».
Ce qui était vrai pour Saul ne semble pas vrai du tout pour des trains entiers de chrétiens aujourd’hui pour qui l’obéissance à D.ieu et à autrui est ce dont ils se moquent comme d’une guigne, car « sous la grâce ouateuse » et non plus sous la Loi. C’est un mensonge qui va en amener tant à une terrible déconvenue, au final.
Le caractère maniéré, voire efféminé, artificiel de certains faux prophètes m’a toujours inquiété, et l’expérience m’a montré que j’aurais dû me méfier de telles personnes. Car au jour de leur lâches et épouvantables trahisons politiciennes, ils démontrent leur sensiblerie (et non vraie sensibilité de cœur) d’êtres égoïstement orientés vers eux-mêmes en priorité, vers leur « carrière » de prophètes. Un non-sens absolu. Des êtres méprisant les devoirs d’obéissance à D.ieu, à leur conscience et à leurs devoirs relationnels de base : aimer leur prochain.
On vit et on meurt pour Christ, on ne fait jamais « carrière » en se révélant alors quasi automatiquement prophète de coussinet. Certains, leur caractère révélé, deviennent vos adversaires les plus farouches. Ils n’aiment pas du tout votre caractère entier, direct, qu’ils disent être de la brutalité. Ô pôvres susceptibles !
Certains aiment surtout les madeleines trempées dans du café tiède. D’autres, comme Jean-Baptiste, peuvent se contenter de sauterelles, de poussière, de désert et de cailloux à sucer pour étancher la soif. À chacun son monde.
Et quand la conscience ne fonctionne pas, le pire s’enclenche…
Deux pasteurs, faux amis, dans la Drôme en France, m’en donnèrent le terrible témoignage jadis. L’un, le premier, qui d’abord me porta aux nues, louant par écrit ma droiture selon lui rarement rencontrée (pauvre France, s’il en est ainsi !), homme dont j’attends toujours après plus de vingt ans (je n’attends plus, bien sûr !) qu’il honore ses promesses d’offrandes suite à deux visites dans son église. Il rompit froidement avec moi parce que le second avait choisi de le faire. Et celui-ci, l’instigateur, un pasteur devenu prophète, qui m’écrivit jadis des courriers de chaudes recommandations pour les frères d’Italie, l’avait fait car vexé du fait d’être repris à cause d’une hypocrisie manifeste et aussi parce qu’un « leader influent – ouvreur de portes » lui avait conseillé de le faire, laissant sous-entendre que cela vaudrait mieux pour sa « carrière ».
Il développa d’ailleurs sa « carrière » en singeant, par la création d’une nouvelle organisation, ce qu’il m’avait vu établir au cœur de nos réunions « d’Hommes de bonne volonté » au Refuge, réunions organisées sur ma proposition pour serviteurs en phase de nettoyage accepté du disque dur de la « réussite ».
À partir de là, je découvris aussi que plusieurs de nos soutiens financiers le rejoignirent dans sa nouvelle aventure.
Je ne me lancerai pas ici dans un descriptif des trahisons observées en tant d’années de ministère. Il y faudrait hélas des livres ! Que cette goutte d’eau dans un océan de méfaits soit rapportée en vue de prendre conscience que le faux surabonde et pas seulement en matière de prophéties.
L’Écriture nous parle souvent de la Loi et des Prophètes comme deux choses indissociables. Et elles le sont, car les prophètes sont les gardiens du « D.ieu veut que… », du Temple (et en Brit Ha’Hadasha, nous sommes le Temple du Saint-Esprit, non ?), de la Loi et des choses appartenant au « cœur nucléaire » du divin.
Un vrai prophète sera donc un amoureux de la Loi, de son esprit, ses nuances. Voyez Yeshoua ! Un vrai prophète de ce temps sera aussi un amoureux et un vrai connaisseur des lois écrites dans la Brit Ha’Hadasha.
L’exemple qui m’a concerné à vivre et à étudier à fond est bien celui des six schémas relationnels d’Éphésiens 5 et 6 déjà mentionnés dans le chapitre précédent.
Un individu appelé à être prophète et qui n’a pas intégré, digéré, pour lui-même en premier, tous les commandements de D.ieu, y compris ceux contenus dans la Brit Ha’Hadasha, ne restera jamais qu’un prophète balbutiant, avec le risque d’être un farceur. La voilà, l’école des prophètes.
Permettez-moi ici de vous fournir un témoignage personnel, sur la formation du caractère et l’appel préparé par D.ieu, dès avant de venir au salut.
Nous le savons par l’Écriture qui dit par exemple en Jérémie 1.5 :
« Avant que Je t’eusse formé dans le ventre de ta mère, Je te connaissais, et avant que tu fusses sorti de son sein, Je t’avais consacré, Je t’avais établi prophète des nations », et, en songeant à mes années de jeunesse déroutantes pour un observateur extérieur, j’ai dû admettre que D.ieu veillait déjà sur mon appel dès avant ma naissance.
Que plus tard je choisisse d’y entrer au travers du salut en Yeshoua, ou que je choisisse de ne pas y rentrer en empruntant la voie du monde, cela releva de mon choix. Ainsi, nous avons tous en naissant à notre disposition un programme divin dans lequel nous entrerons, peu (le plus souvent peu, un peu… hélas !) ou prou, ou… pas du tout.
La chose étant posée et d’ailleurs évidente, je puis à présent me lancer dans mon témoignage.
Sans m’étaler trop, rétrospectivement je réalise pleinement être dès ma petite enfance « entré en résistance » de par l’extraordinaire présence du divin, que je ne nommais pas du divin, mais qui était du divin dans tout l’univers direct que je contemplais, arbres, fleurs, vents dans le sommet des arbres, senteurs des champs et des forêts, la beauté étonnante de millions de petites choses perçues en circulation dans les rainures de mon banc d’écolier (une perception métaphysique et hypersensible des atomes ?), le mystère dans l’histoire du moindre des objets trouvés et que j’aimais d’amour pour ce qu’il était ou encore plus pour ce qu’il n’était pas. C’était déjà la recherche du lieu et de la formule au-delà des apparences.
Il y avait tout ce je ne sais quoi du cœur d’enfant qui me poussait aussi à grimper sur les grilles rouillées au fond d’un parc au moment où, rouge et si grand, se couchait le soleil d’été, et que je suppliais en demandant :
¾ Monsieur derrière le soleil, quand est-ce que je Te verrai ?
J’ai aimé d’amour un bouleau, en percevant son essence la plus intime, et puis un cèdre protecteur. J’ai aimé d’amour le sourire si bon de notre servante allemande, un sourire annonçant mille mondes offerts. Mille, vous dis-je !
Je n’ai pas aimé certaines dames dans les réunions des grands, car je voyais au-delà de leurs apparences, au travers de leurs voix accidentées aux carrefours de leur impureté. Les enfants VOIENT, les enfants savent.
A sept ans, je tombai en amitié avec Günther Koriath, un jeune universitaire allemand, pendant une après-midi de luge. Notre relation devint pour moi une véritable histoire d’amour. Quand les enfants aiment, c’est pour toujours. Le souvenir de Günther, ce chic garçon à petites lunettes rondes, au nez pointu et au visage boutonneux d’adolescent prolongé, qui m’emmenait manger de superbes gâteaux typiquement allemands chez sa mère veuve de guerre me hante toujours.
¾ Günther, liebe, liebe freund, who bist du heute?
En première primaire, je démarrai mon histoire de résistant. J’avais appris à lire l’allemand dans les gazettes dès avant l’arrivée à l’école, un bon point pour mon père instituteur :
¾ Cet enfant est surprenant, dira-t-on…
Très vite, on plaça devant moi sur le bureau de mes rêves métaphysiques (rappelez-vous les rainures) quatre horribles capsules de bouteilles de bière encore imprégnées de leur atroce parfum de beuverie militaire. Et l’on me dit : 2 + 2 =… Mon silence me renvoie encore aujourd’hui l’écho de ma révulsion. On allait me voler mon monde et me forcer à rentrer dans un autre monde où tout ne serait que chiffres idiots, et je me voyais déjà pétrifié en chien d’arrêt pour toujours !
Bouger ? Streng verboten ! Car évidemment, je savais que cela faisait 4, mais ça ne sortit jamais, jamais jusqu’à ce jour. J’entrai en résistance car, déjà là, je pressentais que la vraie vie est ailleurs et qu’il ne fallait laisser personne me ravir cela. Tous les enfants savent cela mais devenus « grands » ils oublient.
Donc, pour les uns je devins par moments un génie déroutant, pour d’autres un rêveur un peu demeuré et parfois ridicule, voire débile, idiot en mes silences terribles. Je vécus toute ma croissance, mes études et mon âge adulte dans cette alternance déroutante pour mon entourage. Pour certains membres de ma famille, je suis encore à ce jour une énigme…
Lorsque mes études furent terminées avec un parcours vraiment déroutant, admiré par certains professeurs, méprisé par d’autres, et mon service militaire accompli (L’année la plus idiote et la plus stérile de toute mon existence, passons…, où je « m’illustrai » aussi comme soldat exceptionnel en certaines choses et totalement nul en d’autres. Toujours la même alternance.), j’entamai la seule vie que je pensais pouvoir vivre.
J’étais artiste dans l’âme et serais donc artiste. Je ne vais pas ici dévoiler mes parcours dans ce domaine, ce n’est pas le but et ce serait long et inutile. Sachez seulement que j’eus à vivre certaines réussites étonnantes en des domaines divers, et je finis (c’était alimentaire avant de pouvoir user mon temps uniquement à peindre ou écrire) par m’orienter vers le théâtre, où je fis au final une carrière réussie, toujours basée sur la même alternance, génie ou… personnage déroutant, énigmatique.
Durant les dix années qui précédèrent ma rencontre avec le Seigneur, entre deux réussites du domaine aimé, l’art, il me fallait manger, et donc je collectionnai 48 professions et jobs différents.
À Rome, on me proposa la responsabilité du secteur « livres français » dans une prestigieuse librairie ; à Bruxelles, je collectionnai certaines réussites dans le domaine du design ou chez un des pontes de la photo de mode de la capitale ; bien d’autres choses encore.
Mais – et c’est ici que je voulais en venir – j’étais, depuis le pupitre d’enfant et ses quatre capsules de bière, entré en résistance, dans l’attente de trouver quoi ? De trouver « le lieu et la formule ».
Que faisais-je sur la terre à résister à tout ce qui pouvait m’éloigner de ce but ? Être sur terre, mais pourquoi ? Et pour qui ?