Ailleurs encore :
Dans le cours des années 90, je fus invité régulièrement dans le cadre d’une dénomination pentecôtisante bien connue des gens du voyage, dont j’ai déjà parlé plus haut dans le texte.
Prophéties, conversions spectaculaires (un grand bandit gitan par exemple, ailleurs une tribu dangereuse de « fameux gaillards »), miracles, guérisons, paroles de connaissance, de sagesse, discernement des esprits, etc., étaient au rendez-vous à chaque réunion ou convention en salle, sous chapiteau. L’occasion me fut donnée ainsi de prêcher devant de grands auditoires, conventions, ou dans de petites églises, de visiter nombre de familles et de prier pour des besoins de tous ordres, y compris pour des besoins qui, pour des raisons culturelles, n’étaient jamais abordés dans ces milieux par les pasteurs (stérilité des femmes par exemple, etc.). Combien de couples ne m’annoncèrent-ils pas, après que j’eus prié pour eux, avoir enfin conçu un enfant !
Ailleurs, délié d’une malédiction qui traînait sur la famille depuis trois générations, un enfant nain se remit à grandir.
Je me liai particulièrement avec une vingtaine de pasteurs de ce milieu avec lesquels mon intimité ne fit que croître au fil des années, au point que nous formions, par le tissu d’une amitié forte, une espèce d’équipe au sein même de leur dénomination, mais sans jamais aucune manifestation ni tare qui accompagne un esprit de division. Quelle époque bénie !
Notre démarche était empreinte d’un formidable esprit de service. Un ministère non-dénominationnel, le mien, et une vingtaine de pasteurs, pour lesquels la possession d’une carte de pasteur était, hélas, primordiale pour continuer à exercer au sein de leur dénomination, œuvraient pourtant ensemble autour de l’essentiel : conduire des âmes à Christ, délivrer, guérir, prêcher dans un esprit apostolique et prophétique.
Ces frères pasteurs me disaient :
¾ Frère, nous t’invitons parce que les gens de notre milieu sont devenus terriblement matérialistes au fil des ans, et les vraies conversions, guérisons et miracles sont devenus très rares parmi nous. Nous t’invitons parce qu’avec toi c’est différent.
Un jour, lors de trois soirées mémorables dans le sud-ouest de la France, nonante (quatre-vingt-dix) personnes vinrent au Seigneur, dont un caïd régional armé bien connu. Ailleurs encore, des « anciens » répréhensibles qui tenaient en otage une assemblée furent dévoilés au travers d’un message contenant une parole de connaissance, et l’assemblée fut délivrée.
Mes liens avec les gens de cette dénomination étaient devenus à ce point étroits que j’avais été adopté en bien des lieux comme l’un des leurs, et j’avais mon propre canif pour les repas fraternels. Durant des années, notre téléphone fut presque quotidiennement assailli par des demandes de prière en provenance de ces milieux, demandes de prière presque aussi invariablement exaucées après que nous eûmes prié au Refuge (notre ancien quartier général en France).
Cent miracles et bien plus furent enregistrés, simplement par téléphone (cancers, sidas, maladies de toutes sortes, drogue, délinquances, situations de conflits familiaux et autres…).
Notre ligne téléphonique à elle seule était pastorale. Combien de paroles de sagesse, de connaissance, de conseils spirituels ne furent-ils pas été déversés à l’époque… !
M’est-il possible d’oublier ce jeune homme dont les pieds étaient nettement trop courts et donc bardés de ferrailles stabilisatrices, ce qui bien sûr le handicapait beaucoup ? Et la demi-heure de prière que je passai avec persévérance, les mains sur ses pieds, juste avant un culte dominical ? Ses pieds atrophiés se mirent à croître, et je me mis à prophétiser qu’il était appelé à un ministère pastoral après un temps de formation, qu’il allait choisir ensuite en école biblique. Avant cette intervention miraculeuse, rejoindre une école biblique n’était pas dans la pensée de ce jeune homme. C’est ce qui advint pourtant quelques mois plus tard. Il doit être dans le ministère aujourd’hui.
Un jour, à Bordeaux, alors que je venais de tenir quelques réunions bénies dans un contexte difficile, un homme et une femme me présentèrent leur neveu, un colosse espagnol d’une vingtaine d’années, en chute libre dans les méandres de la drogue. Je discernai immédiatement une belle intelligence, une nature vive et sensible, mais un plus que probable déficit paternel. Un redoutable cocktail des temps dits « modernes ».
J’entraînai le gaillard, de certainement plus de cent kilos, avec moi dans un parc public. Nous nous assîmes là sur un banc pour causer. Je me mis à l’entretenir de l’amour du Père céleste à son égard, espérant qu’il en serait touché et lui offrir ainsi une piste d’atterrissage pour gérer sa rancœur inconsciente à l’égard de son propre père, ainsi qu’une piste de décollage pour une authentique conversion et libération.
Mais j’avais devant moi un mur. Une personnalité forte malgré une déchéance qui était surtout une rébellion en piqué ! Il émanait de tout cela un « je ne sais quoi » que je n’arrivais pas à définir et je n’avais pas à le définir, car la chose appartenait au seul regard de Dieu sur la destinée prophétique de ce jeune homme.
C’était bien quelque chose de l’ordre de l’appel de D.ieu et ceci m’incita à persévérer. L’Esprit Saint me convainquit alors qu’il fallait à cet instant quelque chose de fort, de très fort pour convaincre ce jeune homme de la paternité puissante et aimante de Dieu.
Ce devait être fin novembre ou peut-être début décembre. Il faisait très froid à Bordeaux, glacé. Le ciel était bleu, sans nuages et le soleil était bien accroché là-haut, comme un lustre sonore et bienveillant, mais il faisait si froid ! Et le colosse intelligent et mystérieux assis à ma gauche sur un banc public grelottait, la poitrine étroitement serrée dans une veste de fin cuir noir.
C’est alors qu’une pensée s’imposa à moi très doucement et de ce fait irrévocable. Il s’agissait du Saint-Esprit.
– Il fait froid, hein ! dis-je au jeune homme.
– Mm… oui, grommela-t-il en grelottant.
– Aimerais-tu que je te donne la preuve que l’amour de ton Père céleste peut t’être révélé sur le champ, et se manifester très proche de toi ?
– Mm… oui, grommela-t-il encore. Pourquoi pas ?
– Alors, regarde, regarde le soleil là-haut dans le ciel. Regarde-le bien. Je vais prier et D.ieu va faire en sorte qu’instantanément le soleil se mette à chauffer plus fort, bien plus fort, de plusieurs degrés, et cela rien que pour toi.
Le colosse intrigué m’observait, étrangement intéressé, soudain. Si je m’en souviens, il se rapprochait même imperceptiblement de moi qui devais quelque peu faire figure de surprenant père dans ces moments.
Je priai : – Père céleste, au nom de Jésus, ce jeune homme à mes côtés a vraiment besoin que Tu lui démontres Ta puissance en tant que Père de tout l’univers et de toute vie. Je lui ai promis que Tu allais faire en sorte que le soleil chauffe soudainement et beaucoup plus, et que ce serait comme un signe pour son corps et son âme qui ont froid. Exauce-moi, je Te prie !
Et la chaleur des rayons solaires se mit instantanément à croître de manière très notable et durable en notre direction.
Quel témoignage ! Et cependant la belle aventure parmi les chrétiens des gens du voyage se termina comme vous l’avez déjà lu dans ce livre.
Un autre exemple tiré de mon livre Keh. 1
Un vécu apostolique, un réveil ruiné par deux Achab religieux.
Les dons spirituels en action dans un cadre apostolique ou la naissance miraculeuse d’une assemblée en Italie, naissance suicidée par la convoitise de deux Achab, l’un « pasteur », l’autre « diacre » et avec Jézabel (épouse de l’un d’eux) en coulisse. J’ai à peine évoqué cet épisode un peu plus haut dans le livre (parlant de Jézabel).
Dans le courant de l’année 1994, sortant d’un culte où je prêchais en Lombardie, je fus abordé par une jeune chrétienne. Il y avait eu des miracles et plusieurs guérisons et, impressionnée, celle-ci me pria de venir dans sa ville de Lecco où aucune assemblée évangélique n’existait.
¾ Vous viendrez chez moi pour un café demain après-midi, s’il vous plaît ? J’inviterai quelques amies, des immigrées calabraises. Ce sont des adoratrices de la Madone, mais vous leur parlerez, me dit-elle.
Le lendemain, à l’heure dite, je me retrouvai assis dans un vaste salon, tasse de café en main et face à une brochette de petites femmes du Sud parlant à qui mieux mieux des nombreux mérites, selon elles, de Marie « mère de D.ieu ». Et patati et patata, et la madre de Dio par-ci et encore par-là ; cela fusait de partout avec ce fort accent calabrais si sympathique.
Elles semblaient chacune vouloir en mettre plein la vue à l’étranger que j’étais, ainsi que découvrir ce que c’était que cette bête curieuse : un pasteur français. Leurs œillades à la dérobée étaient à ce sujet assez comiques.
Étranger, elles me croyaient français et je ne le suis pas. Elles devaient être sept ou huit. Femmes menues, leurs pieds n’arrivaient pas au sol alors qu’elles étaient assises dans le vaste canapé qui me faisait front. Le spectacle était au final assez semblable à celui d’une scène de film burlesque.
Au bout d’une grosse heure de ce régime et tout en priant intérieurement, j’en vins à la conclusion que j’étais sans doute venu pour rien et me préparai intérieurement à bientôt prendre congé.
C’est alors qu’un nouveau personnage fit irruption. Je le surnommai immédiatement « Zachéo », Zachée en français, vous l’avez compris.
Petit, bien entendu, Zachée oblige, un éternel sourire malicieux comme une jolie cicatrice au milieu du visage, le porte-cigarette planté et serré à pleines dents, il semblait descendre de « son arbre, de la lune même », étrange petit bonhomme sympathique. Toutes le saluèrent. Cousins, cousines, tous ceux-là, bien sûr. Lui aussi, averti par la rumeur, venait observer le phénomène rare en ces terres très catholiques : un pasteur. Il allait être sans l’avoir cherché un puissant instrument pour la gloire de D.ieu.
A l’instant précis où il s’assit lui aussi au beau milieu du grand canapé, le Saint-Esprit me donna une parole de connaissance :
¾ Cet homme a les deux tiers du cœur abîmé, nécrosé.