Pan dans le mille ! « Zachéo », je l’appris par la suite, sortait de chez un cardiologue qui venait de boucler son dossier, car l’homme devait prendre l’avion deux semaines plus tard pour Toronto et y subir une transplantation cardiaque. C’était son ultime espoir de survie !
« Zachéo » me regarda stupéfait lorsque je lui annonçai ce que le Seigneur venait de me révéler. Les Calabraises sombrèrent quant à elles dans un profond mutisme, car bien sûr elles savaient. D.ieu allait pouvoir agir.
Saisi par un puissant don de foi, je me levai et déclarai :
¾ Si vous le permettez, Monsieur, j’aimerais prier pour vous afin que vous receviez un nouveau cœur, et si vous l’acceptez, vous aurez un nouveau cœur !
Il opina du chef en silence car cela ne se refuse pas, bien sûr, et je prierai sous les regards inquiets des cousines calabraises en lui imposant les mains.
Quelque chose se passa dans la poitrine de Zachéo, car il porta sa main vers le sein gauche, troublé, et se précipita hors de la maison.
Retour immédiat chez le cardiologue et nouvelle visite médicale.
Résultat : le médecin le supplia de se taire car il avait un tout nouveau cœur. Peu lui importait comment la chose était arrivée, mais il craignait pour sa réputation de spécialiste. Pensez-donc, envoyer, dossier médical en main, un homme à l’autre bout de la planète pour une transplantation cardiaque et vérifier une demi-heure après que cet homme avait un tout nouveau cœur ! De quoi troubler une clientèle incrédule à jamais.
Zachéo ne tint pas compte de cette demande et, fou de joie, déchirant sa carte d’invalide il enfourcha, paraît-il, sa mobylette pour aller clamer « son miracle » partout :
¾ Un pasteur est venu de France et Jésus m’a guéri…, clama-t-il partout. Je me retirai ce jour un rien goguenard intérieurement face aux cousines toujours sous le choc car j’avais bien entendu prié à haute et forte voix pour que survienne ce miracle au nom de Jésus-Christ.
Bien entendu, cela fit du bruit et son chemin, et les adoratrices de Marie en redemandèrent par un rapide coup de fil le lendemain. Très vite nous organisâmes une petite assemblée de maison qui se réunissait le jeudi et le dimanche matin (nous ne pratiquions pas encore notre Shabbat en Yeshoua à cette époque).
Les Calabraises se convertirent et d’autres vinrent. À chaque réunion, il y avait un miracle ou une guérison spectaculaire, au minimum. À chaque réunion une ou plusieurs âmes s’ajoutaient paisiblement.
J’aimerais avec ce témoignage rappeler à beaucoup combien les dons spirituels devraient s’incarner d’abord et avant tout dans une dynamique de terrain et non comme c’est trop souvent le cas entre « initiés chrétiens ».
Cette histoire est plaisante et semble se dérouler dans un climat jusque-là aisé. Laissez-moi vous raconter maintenant en quoi consistèrent les jours qui suivirent, car nous revînmes en famille pour nous installer dans ce coin d’Italie afin de continuer cette œuvre et planter une assemblée. Ce fut une tout autre part à vivre et cela, avec des souffrances, fait aussi partie de l’histoire.
Après peu de temps, les neufs premiers candidats au baptême furent prêts à Lecco. Et nous décidâmes d’en référer à l’assemblée au Refuge pour accord de continuation qui impliquait de laisser pour un temps les frères et sœurs de France.
Ayant rapporté ces puissantes interventions de D.ieu à notre assemblée du Refuge en France, tous convinrent avec force encouragements qu’il nous fallait repartir plusieurs mois afin de développer cette œuvre nouvelle. L’ancien sur place en France assumerait les responsabilités.
Dans les jours suivants, nous embarquions dans notre break VW toute la famille et les bagages. Ayant pris depuis de longues années pour les enfants l’option de l’école par correspondance via le CNED nous pouvions aisément nous déplacer d’un lieu à l’autre en famille.
Nous partîmes, mais quelque chose de très lourd planait sur nous, et manifestement Satan n’aimait pas du tout ce voyage. Vous décrire l’oppression ressentie au fur et à mesure qu’au travers de la chaîne des Alpes nous approchions de la frontière italienne est impossible. Tout à fait impossible.
Nous vivions une véritable visitation de tourments indescriptibles, épouvantables dans notre véhicule et toujours plus en nous rapprochant de la frontière, et cela malgré nos prières. Ma femme eut une vision d’épées plantées, lames dirigées vers nous, sur toute la frontière. Et plus nous roulions, plus nous nous y empalions spirituellement. La tension finit même par s’installer entre nous de façon presque incontrôlable. Ce fut aussi étrange qu’affreux et… nous fîmes demi-tour, découragés. Échec et presque mat.
Les enfants, peu habitués à voir leurs parents ainsi, éclatèrent en sanglots. Demi-tour et prières en langues. Renouvellement de toute cette tension et ces ténèbres autour de nous. Je roulai dix, quinze kilomètres et décidai de m’arrêter, épuisé. Je sortis du véhicule et marchai.
Nous étions en pleines Alpes et je m’appuyai sur le tronc d’un arbre en bord de route, harassé. Juste à mes pieds, un gouffre profond de plusieurs centaines de mètres s’ouvrait. C’est alors qu’une présence suave, calme, se dressa à mes côtés et que j’entendis clairement une voix s’adresser, hypnotique, relaxante, à mon âme :
¾ Voyons, tu as déjà tant travaillé pour D.ieu. Tu pourrais avoir droit à du repos, à un grand repos. Si tu te jetais en bas, certainement Il ne t’en voudrait pas, au contraire. Allez vas-y !
J’étais brisé, saoul de fatigue et de chagrin et j’écoutai ce discours fait en direct à mon âme, stupéfait mais lucide. Je rejoignis immédiatement la voiture en déclarant avec colère et détermination :
¾ Ma chérie, je sais maintenant avec certitude de quoi il s’agit et nous n’allons pas nous laisser faire, crois-moi !
Prières dans la voiture ! Les parents et les quatre garçons, admirables et premiers compagnons de tant de luttes déjà, prièrent avec ferveur. Nous repartîmes et… tout cela recommença de plus belle. Mais au moins nous savions à quoi nous en tenir exactement, et cela aide.
Quelques kilomètres plus loin, nouvel arrêt obligatoire pour cause de tourments épuisants. Je parquai la voiture et me dirigeai vers un muret longeant un torrent. Je m’assis et relevai la tête. Droit devant moi à cinq ou six mètres, un peu plus peut-être, un personnage de taille humaine perdu dans une espèce de nuée noire me toisait. Sans discussion possible, il était évident que j’avais devant moi l’ennemi de mon âme.
Savez-vous ce qu’il advint ? Un verset de la Bible me vint soudainement en tête, et pointant mon index droit avec autorité vers l’apparition, je criai :
¾ Oui Satan, mais il est écrit : « Il a brisé les portes d’airain, Il a rompu les verrous de fer ! » (Esaïe 45.2).
A l’instant même, le personnage ténébreux disparut et toute oppression se dissipa. Nous reprîmes le voyage, fatigués, éprouvés mais enfin tranquilles.
Par malheur, mon épouse perdit l’enfant dont elle était enceinte une semaine après notre arrivée en Italie. Mais le médecin nous rassura en nous informant qu’il n’était sans doute pas viable…
La plantation et le développement de cette église de maison, car c’est dans une maison que nous nous réunissions, fut encore accompagnée de bien des épreuves.
Une d’entre elle, majeure, consista finalement en notre absence en une manœuvre hypocrite : celle-ci consista en un « kidnapping » de l’assemblée qui venait de naître de façon extraordinaire, là dans une petite ville de Lombardie sans assemblée autre que catholique. Un kidnapping honteusement effectué par deux hommes jaloux et rusés. Ils surent manipuler de jeunes convertis naïfs avec une rare perversité et un esprit de contrôle territorial (une des pires expressions de l’esprit religieux aux fondements spirituels d’influence, Jézabel et Achab, car si les deux protagonistes de cette sordide action étaient bien des Achab, une épouse Jézabel activait tout cela en coulisses, de toute évidence). Il s’agissait d’un pasteur et d’un diacre dont, avec le recul, je réalise, et combien, qu’ils entraient parfaitement dans le costume d’Achab.
Le pasteur en question, qui m’avait pourtant reçu et avec quels fruits dans son assemblée, poussa la vanité jusqu’à m’inviter à prêcher le dimanche après le rapt dans sa propre assemblée. Cela ne s’invente pas. En raflant l’œuvre naissante à laquelle il n’avait participé en rien dans une ville sans assemblée autre que catholique (pour rappel), il avait simplement agi comme à son accoutumée et selon le relationnel évangélique habituel de sa région. « C’est sur ma zone (dont seul il définissait bien entendu les limites géographiques) et donc, « c’est à moi ! » »
Et le Seigneur me demanda d’y aller.
J’y prêchai un message dirigé par l’Esprit car, étrange ironie, il avait été reçu en priant avant les faits, et il parlait du jugement de D.ieu sur celui qui ravissait la petite brebis de l’autre selon un fameux passage bien connu mettant en scène le Roi David et le prophète Nathan. Ce message dirigé par D.ieu fut donc prêché ce matin-là devant ce pasteur, le diacre, Jézabel son épouse, son assemblée et tous les Italiens fraîchement convertis au travers de mon ministère.
Mon cœur était évidemment brisé.
Cet homme avait simplement voulu officialiser que « tout ce qui arrivait dans sa région devait ensuite d’autorité relever de lui ».
Mais l’aspect scandaleux de la chose heurta les 95 % des membres de son église, qui estimèrent que ce scandale de vanité représentait la goutte qui faisait déborder le vase, le vase de trop d’autres faits similaires et coutumiers des assemblées de la région en guerre continue et sournoise pour les membres à fixer.
Nous nous préparâmes le lendemain au départ, au retour en France, la mort dans l’âme, mais beaucoup des 200 à 300 membres de l’église dirigée par ce diacre et ce pasteur défilèrent toute la nuit dans l’appartement où nous terminions notre séjour en me demandant de rester et de devenir leur pasteur. Nous priâmes, mon épouse et moi, et, bien entendu, le Seigneur nous interdit de le faire. Nous ne voulions pas faire « légitimement » peut-être ce que l’on venait de nous faire, à savoir une division. Ceci place une fois encore l’Église en position de persécutrice.
Ces deux hommes tombèrent vite sous un grave jugement et leur propre assemblée les jugea indignes.
Le beau réveil de Lecco s’arrêta, quant à lui, et j’appris par la suite que c’est un « étrange pasteur africain » qui ouvrit ce qu’il faut nommer une secte, d’après les chrétiens du cru. Là où l’on rejette l’œuvre de D.ieu s’installe l’ennemi. Quel drame que cette œuvre puissante et sainte devenue grotesque et veule !
Voilà, je n’ai pas voulu nécessairement finir ce chapitre sur une note pessimiste, mais il me semblait honnête et utile de rapporter que les épreuves accompagnent inévitablement les authentiques œuvres de puissance SUR LE TERRAIN.
Bonne chance à tous, courage, et je vous invite à la lecture d’un prochain témoignage dans un tome III de Kehila/Ecclésia (si D.ieu en commande la rédaction) qui vous convaincra, si besoin est encore, que c’est bien sur le terrain et non en officines ou laboratoires que doit se vivre l’authentique puissance d’apôtre, d’évangéliste, des ministères, tous, de diacres, d’anciens ou de simples citoyens des cieux.
À l’heure actuelle, il se passe bien des choses qui augurent d’un temps de bouleversements mondiaux ainsi qu’à l’échelon individuel. Des choses terribles mais aussi remarquables vont surgir, et les phases de miracles tous plus inattendus les uns que les autres (conversions nombreuses en commençant par vos proches) vont alterner avec des phases de jugements rapides et brefs, intenses, brutaux. Prêts ?
Nous entrons en période d’accélération de tout. Encore une fois : Prêts ?
Pour ce sujet, voir le chapitre intitulé LE PRIX À PAYER en page215 du livre Keh. 2 qui consacre un large texte à ce sujet.
J’espère que beaucoup lirons ce livre « Vous avez dit prophète ? », car les temps sont courts et bientôt nous ne pourrons peut-être même plus nous poser la question: sommes-nous prêts?
Merci Haïm pour ce livre, nous voilà prévenus!