Source Jforum.fr
Les services secrets d’Iran, du Qatar, du Soudan et de Turquie menacent l’Europe et l’Afrique de l’Ouest, à partir de la Libye.
Le Soudan d’Omar El-Béchir sert de convecteur entre des forces a priori « hostiles », sur d’autres théâtres de guerre, mais parfaitement homogènes, lorsqu’il s’agit de la guerre contre les Infidèles, malgré le substrat du conflit théologique Sunnites-Chi’ites qui s’exprime encore ailleurs.
La consolidation d’un Califat autoproclamé offre au camp jihadiste un tremplin vers l’Afrique et le sud de l’Europe.
Cette percée stratégique, fortement appuyée par le Qatar, le Soudan, l’Iran et la Turquie a déjà commencé et elle souligne la transformation des mouvements jihadistes takfiris, des Frères Musulmans (Ikhwan) et de bien d’autres anciens mouvements appartenant ou ayant appartenu à Al Qaïda.
Rome est désormais la prochaine cible : / Winston Ross / Newsweek
Bien que les forces jihadistes aient occupé Tripoli dès octobre 2011 – comme conséquence directe de l’intervention militaire occidentale qui a contribué à renverser l’Administration de Mouammar Kadhafi en Libye- elles ne sont pas parvenues à consolider leur pouvoir et à s’accaparer l’appareil d’Etat pour lui imposer leurs objectifs islamistes. Par la suite, la Libye a sombré dans des combats fratricides dont l’escalade se poursuit, entre une myriade de milices et de forces localisées.
Au début de 2014, les Etats parrainant le Jihad ont commencé à capitaliser sur le chaos organisé en Libye, dans le but de transformer les groupes jihadistes détenant des régions de Libye en tremplins sûrs pour la propagation du Jihadisme takfiri, autant en direction de l’Afrique de l’Ouest que contre le Sud de l’Europe.
Au début 2015, la Libye n’existe plus en tant qu’Etat viable, puisqu’elle s’est métamorphosée, au moins pour les temps à venir, en une vaste toile de petits dominions se battant les uns contre les autres.
Les Jihadistes libyens appartenant à des entités globales, les Jihadistes étrangers et les Etats sponsorisant le Jihad ont joué un rôle décisif dans la victoire du soulèvement libyen et le renversement du gouvernement Kadhafi, en 2011. Alors que la puissance de feu aérien de l’OTAN a été cruciale dans la destruction de la machine de guerre de Kadhafi, le camp jihadiste a été décisif dans la prise de pouvoir sur le terrain au détriment de la myriade de tribus et clans indigènes libyens. Ces contradictions sont au cœur des combats fratricides qui éclatent à travers toutes ces régions de ce qui était autrefois la Libye et ses environs.
En arrière-fond, l’Iran, le Soudan et leurs supplétifs –essentiellement le Hamas et le Hezbollah – ont été les premières entités jihadistes sur le terrain de l’Est libyen, en 2011, à la fois, en aidant le soulèvement anti-Kadhafi et pour y chercher comment ils pourraient tirer profit du chaos qui prévaut.
Une poignée d’officiers iraniens et soudanais étaient déjà arrivés à Benghazi, depuis le Soudan, dès la troisième semaine de février 2011 et ils ont, très vite, rencontré des officiers supérieurs qui avaient fait défection et pris parti pour les rebelles.
En mars 2011, le Corps des Gardiens de la Révolution Iranienne a établi un centre de commandement de haut-niveau à Benghazi. Le Général de Brigade du CGRI, Mehdi Rabbani – un proche confident du Commandant des Forces al Qods, Qassem Souleimani et l’adjoint au Commandement du CGRI à Téhéran, sur la base Tharallah – a été nommé Commandant des opérations en Libye. (En décembre 2012, Rabbani a été promu chef-Adjoint des opérations du CGRI et a pris en charge des problèmes sécuritaires fondamentaux tels que la défense du Golfe Persique).
L’officier supérieur sur le terrain était Ibrahim Muhammad Judaki, du contingent des Forces al Qods au Liban. Son adjoint était Khalil Harb, alors conseiller spécial du Secrétaire Général du Hezbollah, en charge de la coopération et du soutien avec les groupes palestiniens, yéménites et d’autres sur des points jugés sensibles. Un autre membre important du groupe iranien était Abdul Latif al-Ashkar, l’un des principaux experts en logistique du Hamas, qui a été pris pour cible et éliminé par Israël, près de Port-Soudan, dans la nuit du 6 au 7 avril 2011.
Leur mission initiale était de développer la vente d’armes et de munitions en direction de toutes les forces jihadistes anti-occidentales. Les Iraniens transportaient avec eux des sommes d’argent d’une valeur de plusieurs millions, en diverses monnaies (euros et dollars), en liquidités. Ils portaient une attention particulière à l’achat d’armes chimiques (AC) à destination du Hamas et du Hezbollah.
L’objectif de Téhéran était de fournir les capacités d’une guerre chimique à ses protégés, en provenance de tierces parties, de façon à ce que l’Iran ne soit pas directement impliqué, au risque de faire l’objet de représailles, si le Hamas ou le Hezbollah utilisait ces armes contre Israël. A la fin mars 2011, les deux premiers petits convois prenaient la route pour le Soudan, en passant par Kufra. Un convoi transportait des conteneurs tactiques et l’autre un certain nombre d’obus. Cette tentative a conduit Israël à prendre pour cible et à tuer Abdul Latif al-Ashkar, alors qu’il s’apprêtait à charger ces armes depuis le Soudan vers la Bande de Gaza, par la Péninsule du Sinaï.
Les Jihadistes sunnites – aussi bien Libyens qu’étrangers – qui arrivaient pour aider leurs frères du LIGF (Al-Jama’a al-Islamiyyah al-Muqatilah bi-Libya: LIFG) en Cyrénaïque, ont rapidement consolidé un bastion jihadiste sous l’étendard de l’Emirat. L’un des principes fondamentaux de la doctrine jihadiste des années 2004/05, en ce qui concernait le Jihad localisé, tel que conçu par Ayman al Zawahiri et la Shura Kabira, consistait à prendre pied, en vue de construire les conditions du Jihad et de bâtir une base viable pour le courant islamiste, partout où c’était faisable et même en coopération ou partenariat avec des éléments non-Islamistes. Alors que la Cyrénaïque devenait un bastion important pour le Jihadisme, autant qu’une porte d’entrée vers l’Egypte, le Soudan, le Sahel et le Sud de l’Europe, il était impératif de consolider encore plus ce sanctuaire, dès que le moment semblait propice. Les Jihadistes se sont rapidement assurés qu’aucun gouvernement futur, en Libye ne soit en mesure de saper l’émirat dominé par le LIFG, entre Darna et Baida, au risque qu’eux-mêmes ne décident de lancer une guerre civile encore plus violente.
Effectivement, les Jihadistes ont immédiatement commencé à disperser des convois de camions remplis d’armes et de munition, de l’Est libyen via le Tchad à destination des camps d’AQMI dans le Sahel (principalement au Niger et au Mali).
Pendant ce temps, à l’automne 2011, le chaos libyen servait de couverture à la consolidation d’un grand nombre d’entités jihadistes se concentrant sur d’autres fronts. Cependant, cela a nécessité l’intervention de divers Etats parrains du Terrorisme : essentiellement le Qatar, la Turquie et l’Iran, par l’entremise du Soudan – pour transformer la victoire jihadiste en Libye en un tremplin efficace pour l’exportation de ce Jihadisme à travers de très vastes régions.
La leçon n°1 que Doha a tiré de la crise libyenne – qui constitue la première vraie ingérence directe du Qatar dans le jeu des grandes puissances – c’est que l’argent ne suffit pas et qu’il n’y a pas d’alternative à l’intervention directe sur le terrain, en matière d’opérations subversives et terroristes.
D’où, Doha s’est lancé dans la construction d’une « Légion étrangère jihadiste » qui fournirait au Qatar la capacité d’intervenir dans les contingences sunnites en tous genres, en commençant par le jihad en Syrie, qui était encore à l’état naissant. Le chef d’Etat-Major de l’époque, Maj.-Gen. Hamad bin Ali al-Attiyah, a personnellement supervisé les aspects militaires de ce programme. Son commandant en chef était le chef Jihadiste libyen Abdel Hakim Belhaj, arrêté puis relâché par les Américains. Cette nomination lui permettait de se trouver bien loin de la tourmente en Libye et de l’incapacité du CNT à l’installer soit comme Ministre de la Défense ou chef de l’armée. Les adjoints de Belhaj étaient Al-Mahdi Hatari, l’ancien commandant de la Briogade Tripoli) et Kikli Adem ( le fidèle bras droit de Belhaj, depuis les beaux jours du LIFG).
Les principales installations d’entraînement, pour la Légion étaient situées à Darna, le centre de l’Emirat jihadiste libyen. Entre le début 2011 et le début 2014, le monde du Jihad a été agité par un grand débat théologique concernant l’avenir, au regard des insurrections (intifadas) locales qui bousculaient le Moyen-Orient. La Shura Katiba d’Osama Ben Laden n’a jamais vraiment voulu croire dans les perspectives d’Etats Jihadistes durables, comme sources viables pour la propagation du Jihad et a rejeté le concept en tant qu’objectif stratégique, après la chute de l’Emirat taliban en Afghanistan.
Bien que Ben Laden menait les campagnes visant à soutenir les Intifadas contre les régimes, il ne croyait pas à la naissance d’Etats Islamistes, tels que l’Egypte du Président Mohamed Morsi, qu’il pensait voué à la disparition dans un monde hostile. Au contraire, un groupe d’érudits néo-salafistes considéraient ces soulèvements comme le commencement fatidique de la « Bataille de la Fin des Temps », pour la conquête du Moyen-Orient et de l’Afrique. Selon la tradition, cette bataille apocalyptique se mènerait en ash-Sham (Syrie) dans la plaine de Dabiq. Ces érudits ont défini les prérequis théologiques pour formuler les conditions d’avènement de cette bataille, dans ce qu’ils ont appelé la « Promesse de Khorasan », qui commence par l’impératif de la création d’un Califat jihadiste.
Le premier Califat de ce genre est instauré en Al-Jazira (Irak) sous la férule du nouvel « Emir de la Foi », Abu Bakr Al Baghdadi al Qurashi. Un autre sujet fondamental qui divise le monde jihadiste concerne la coopération avec l’Iran Chi’ite, qu’a encouragé al Zawahiri, étant donnés les énormes bénéfices de cette alliance pour les Jihadistes, et, à l’origine, Al Baghdadi a interdit ces alliances logistiques au nom de l’orthodoxie sunnite, mais a légèrement assoupli ces principes pour des raisons purement pragmatiques. Ce prfond débat théologique ( au sein de l’islamisme sunnite) a ralenti la consolidation des tremplins jihadistes en Libye et sur d’autres fronts du Jihad partout à travers le monde.
La consolidation d’un autre Califat jihadiste dans l’Est de la Libye s’est accélérée depuis le début 2014, à cause de la nécessité de soutenir les Jihadistes égyptiens contre la popularité et le pouvoir croissant du Président Abdel Fattah al Sissi.
En mars, une vaste coalition de Jihadistes – dont les Frères Musulmans d’Egypte, le Hamas et al Qaïda – a commencé à bâtir une Armée Libre d’Egypte dans l’Est de la Libye, sous le patronage qatari, turc et iranien.
« L’émir » de cette Armée Libre Egyptienne (ALE) est Sharif al-Radwani. L’officier de liaison de cette armée avec les Qataris est Abu-Ubaida, un commandant chevronné d’al Qaïda, qui a travaillé avec les Qataris en Libye, en Syrie et sur d’autres projets sensibles.
Les objectifs initiaux de l’ALE sont de viser les installations vitales, de déferler sur les prisons pour libérer les Frères Musulmans détenus et de rendre l’Egypte d’al Sissi proprement ingouvernable. Les services de renseignements libyens soutiennent ces préparatifs. De vastes quantités d’armes, de véhicules et d’autres équipements sont livrés aux groupes égyptiens et stockés dans l’Emirat de Darna, attendant d’être expédiés en Egypte.
En juin 2014, les dirigeants d’AQMI ont cherché à réconcilier la Shura Kaiba d’Al Qaïda et les érudits de la Promesse de Khorasan. Dans un communiqué du 22 juin 2014, AQMI a reconnu la prédominance d’Ayman Al Zawahiri, en tant que « notre Cheikh et Emir » et exhorté Daesh à se réconcilier avec lui. Cependant, lorsque ces appels d’AQMI ont été rejetés par la Shura Kaiba d’Al Qaïda, AQMI a annoncé son allégeance à Daesh. Le 1er juillet 2014, le Cheikh Abdullah Othman al-Assimi a posté un message-vidéo au nom du JiHad al Qaïdat au Maghreb et dans les régions trans-sahariennes.Assimi, dont le nom véritable reste inconnu à ce jour, est le chef de l’organisation et un juriste islamiste prédominant. La base de sa domiciliation se situe dans les montagnes et les forêts de Boumerdes et de Tizi-Ouzou, en Algérie.
« Mon groupe veut construire des liens amicaux avec Daesh. Vous êtes plus chers à nos yeux que notre propre tribu et famille et vous obtiendrez toujours notre soutien », a déclaré Assimi. « Nous attendons encore que les branches d’Al Qaïda à travers le monde révèlent leurs positions et déclarent leur soutien à Daesh ». Assimi faisait allusion à ce soutien pour les interprétations des lois du Jihad. « Après le silence des gens concernés, nous voulions affirmer notre position pour le salut de la Justice,pour les Jihadistes de Daesh sachent que nous ne leur ferons pas défaut. Nous disons à tous les Musulmans que nous avons vus la Justice dans l’approche de Daesh et qu’ils sont parmi les plus obéissants au sein du peuple d’Allah et ceux les plus dévoués envers le Prophète ».
C’était une approbation très importante des principes articulés dans la Promesse de Khorasan. Pendant ce temps, un groupe de Mudjahidin libyens, dont des vétérans du Jihad en Syrie, ont annoncé, à la mi-juin 2014, la formation d’un groupe jihadiste takfiri dans l’Est libyen, appelé les Brigades al-Battar. Cette brigade est modelée sur Daesh et était, préalablement affiliée à lui, par l’entremise de mujahidins libyens, autant en Libye qu’en Irak. L’objectif fondamental de la brigade Al-Battar consistait à prendre le contrôle de la city de Darna – le cœur du Jihadisme et de l’Islamisme libyen – et d’éradiquer les traîtres à la cause jihadiste takfirie.
« Nous leur couperons la tête, leur ouvrir l’estomac et couvriront la Libye de leurs cimetières », dans le but d’atteindre ces objectifs, dit le communiqué d’al-Battar. Au même moment, la Brigade al-Battar a continué à coopérer avec l’Ansar Al-Sharia lié à Al Qaïda, l’entité fondamentale jihadiste qui expédie le mouvement jihadiste et réalise des transferts d’homme et d’armes entre le théâtre de guerre de Syrie-Irak et des centres locaux tels que la Libye.
A la fin juillet, les dirigeants jihadistes régionaux se sont rencontrés dans le Sud de la Libye, dans le but de mieux coordonner leurs opérations, d’examiner la possibilité de l’unification des groupes du Sahel et du Maghreb et de s’accorder sur une position commune, au sujet de la controverse théologique entre Zawahiri et Baghdadi. Cette réunion comprenait les commandants principaux d’AQMI, d’Ansar al Sharia (de Tunisie et Libye), d’Ansar Baït al Maqdis (Egypte), El Mourabitounes et Ansar al-Din (du Nord-Mali). Vers la mi-août 2014, la présence de Jihadistes takfiris appartenant au KHI (Daesh) à travers tout le Maghreb et le Sahel était palpable. . Les Jihadistes takfiris ont largement étendus leurs réseaux de recrutement de volontaires pour combattre dans les rangs de Daesh en Syrie-Irak. Ils ont aussi supervisé la conversion des réseaux et groupes existants à leur forme de jihadisme takfiri.
Ce processus s’est accéléré par le retour des combattants jihadistes vers le Maghreb et le Sahel. Certains de ces vétérans ont assumé le commandement d’entités et porté la bannière du Califat. Dirigés par le Commandant algérien Luqman Abu Sakhr, la Brigade Uqba Ibn Nafi Brigade, basée en Tunisie a, formellement, rejoint Daesh. La brigade a aussi revendiqué la responsabilité de l’attaque qui a tué 15 soldats tunisiens en juillet 2014, sur la frontière avec l’Algérie. A la mi-septembre 2014, le Commandant principal Khaled Abu Suleiman (dont le véritable nom est Gouri Abdelmalek) remarquait que : « Puisque le Maghreb avait dévie de la vraie voie du Jihad », il retirait ses hommes d’AQMI.Il a annoncé l’instauration des Soldats du Califat en Algérie (Jound al-Khilafa fi Ard al-Jazayer) et juré allégeance à Abu Bakr al Baghdadi et au Califat Islamique. Les soldats du Califat ont kidnappé et décapité un citoyen français, Hervé Gourdel, afin de faire la démonstration de leur adhésion à la doctrine takfirie du Califat d’al Baghdadi. De plus, autant Abu Ayaz, le chef d’Ansar al Sharia en Tunisie, que Mohammed al-Zahawi, le chef d’Ansar al Sharia en Libye, ont commencé à graviter autour de la doctrine takfirie, résultat de discussions théologiques profondes avec Luqman Abu Sakhr.
Par conséquent, les principaux commandants régionaux se sont joints aux préparatifs en vue de l’instauration d’un Califat Islamique du Maghreb Islamique (CIMI). Mokhtar Belmokhtar, actuellement chef d’al-Murabitun dans le Sud Libyen, est le candidat favori pour le poste d’Emir du CIMI. A l’automne 2014, il supervisait l’organisation du fameux « Triangle Salvador » dans le no man’s land formé par les frontières de la Libye, de l’Algérie et du Niger. Les cadres d’al-Murabitun, d’al-Battar et des experts jihadistes étrangers ont bâti trois camps d’entraînement secrets dans le Sud de la Libye. Ces camps servent de centre pour le Jihadisme takfiri à travers tout le Maghreb et le Sahel, en fournissant une expertise en matière d’entraînement, d’organisation de réseaux et d’équipement pour plusieurs centaines de Jihadistes à n’importe quel moment voulu.
Cependant, de toutes, l’évolution la plus importante affectant les courants jihadistes libyens et la totalité de la région occidentale de l’Afrique, s’est déroulée à Khartoum, au Soudan….
A partir de la fin du printemps 2014, Khartoum et Téhéran ont commencé à restaurer les conditions de leur essor en Afrique de l’Ouest. Il ne s’agissait pas d’une décision simple, pour Khartoum, parce que le Soudan était, à ce moment-là, profondément impliqué dans le parrainage et l’assistance à une myriade de mouvements djihadistes à travers le Moyen-Orient. Certains de ces groupes étaient des groupes jihadistes takfiris très violemment anti-chi’ites et anti-iraniens. En outre, les renseignements soudanais coopéraient étroitement avec les renseignements turcs et les principaux Etats conservateurs du Golfe, conduits par le Qatar. A l’été 2014, le Président du Soudan, Omar el Béchir a ordonné à la totalité des services de sécurité nationaux et à l’élite des renseignements du Soudan de réexaminer la position complète de la Défense du pays, au regard des menaces et opportunités prévalentes et émergentes.
Le 1er juillet 2014, El Béchir a présidé une réunion d’étape à Khartoum avec les principaux responsables militaires et sécuritaires du pays, lors de laquelle la position stratégique globale du Soudan a été réévaluée. Une attention pzarticulière a été consacrée aux relations stratégiques avec l’Iran et leur impact sur la situation vis-à-vis de la Libye. Le Général Siddiq Amer, Directeur Général des renseignements et de la sécurité a rappelé à Béchir que « l’Iran a entraîné, pour nous, une centaine d’officiers dans les domaines des technologies avancées et des champs comme le décodage, l’espionnage, en supplément des techniques de renseignements militaires et il nous fournit tout l’équipement nécessaire, au profit de la guerre de l’information au Soudan ».
Le Général Yahia Muhammad Kheir, le Ministre d’Etat à la Défense, a résumé la contribution de l’Iran au développement des capacités stratégiques du Soudan, en particulier, dans le transfert de systèmes d’armements de Libye. « Les deux-tiers des armements sophistiqués de Kadhafi sont entre nos mains », a déclaré Kheir. Kadhafi ne les a pas utilisés, parce qu’il lui manquait certaines expertises techniques, mais nos experts, grâceà la collaboration des experts iraniens, ont réussi à développer certains missiles et à les rendre opérationnels ». Lt.-Gen. Ismail Breima Abdel-Samad, le chef d’Etat-Major des forces aériennes, a ajouté que la base aérienne de Kenana, construite par l’Iran, au sud de Khartoum était le centre de ce programme stratégique.
« La base aérienne de Kenana est placée dans des souterrains et conçue grâce à des technologies avancées et des mesures de sécurité qui lui sont propres. C’est là que nous entreposons toutes les cargaisons d’armes que nous recevons de nos amis ». El Béchir a résumé les débats en affirmant ce que seraient les politiques soudanaises et leurs futurs objectifs. Il a insisté sur l’importance de l’implicztion permanente du Soudan en Libye, en soutien à toutes les forces jihadistes. Il a souligné : « Nous profitons pleinement des armements de Kadhafi qui sont entre nos mains, nous pouvons continuer à les développer. Nos alliés de mouvements islamistes soint puissants. Nous contribuerons à entraîner l’armée libyenne. Je leur ai conseillé de s’assurer que toutes les forces de sécurité et de l’armée sont bien fidèles aux Islamistes. Vous devez poursuivre la coordination avec eux. Par la suite c’est la chaîne de décision politique libyenne qui finira complètement entre nos mains et sous notre contrôle total, dès que les forces islamistes auront fini d’écraser totalement Haftar. Dites aux autorités libyennes que nous sécuriserons leurs réserves pétrolières [pour eux]. Il est évident que les Islamistes triompheront, grâce au soutien constant du Qatar et de l’Iran, comme vous le savez. Aujourd’hui, les Libyens ont joint leurs forces aux nôtres etnous les soutenons grâce à nos renseignements et à nos armements. Le Tchad est un allié stratégique et nous joindrons nos forces aux leurs. En outre, l’opposition tchadienne est aussi sous notre contrôle et nous pouvons profiter d’elle en les conservant comme une armée de réserve [contre le pouvoir en place, au cas où] ».
En conclusion, El Béchir a souligné que les relations internationales du Soudan devaient toujours être subordonnées à « nos relations avec l’Iran et les Frères Musulmans et les mouvements jihadistes salafistes qui sont financés par l’Iran et le Qatar ». Le Soudan ne peut prien chager à nos relations avec l’Iran et avec nos frères » en comptant sur des relations inutiles avec les Etats occidentaux et arabes. El Béchir a insisté sur le fait que ces assertions découlent de la quintessence même du mode de gouvernement à Khartoum : « Nous sommes des révolutionnaires de la résistance islamique et nous refusons la domination de l’Amérique sur le monde arabe et le continent africain. Notre relation nous enseigne et nous encourage à combattre et à terroriser l’ennemi par tous les moyens, et à préparer nos forces pour nous confronter à lui. Nos Martyrs vont au paradis, mais leurs morts à eux vont directement en enfer. Il n’y a plus aucun moyen de mettre un coup d’arrêt à cet immense mouvement du Jihad », a décrété El-Béchir.
Le 31 août 2014, la totalité du cercle dirigeant s’est réuni à Khartoum afin de délibérer de la formulation stratégique exacte à adopter sur la base des leçons tirées de la rencontre du 1er juillet avec El Béchir.
Le Gen. Abd al-Rahim Muhammad Hussein, le Ministre de la Défense a déclaré que les relations exceptionnelles avec l’Iran devaient absolument rester au cœur de la conception de la sécurité nationale du Soudan.
« Je commencerai par notre relation avec l’Iran et je dirais qu’il s’agit d’une relation stratégique qui durera toujours. Nous ne pouvons faire le moindre compromis ni la perdre. Tout l’avancement de notre industrie militaire provient d’Iran. Ils nous ont ouvert les portes de leurs entrepôts, à un moment où les Arabes se levaient contre nous. Le soutien iranien est arrivé lorsque nous combattions une rébellion qui se propageaient dans toutes les directions, y compris par le biais de l’Alliance Démocratique Nationale. Les Iraniens nous ont apporté des experts et ils entraîné nos services de renseignements militaires et les cadres de notre sécurité. Ils nous ont aussi entraînés à la production d’armes et nous ont transféré une technologie moderne en production industrielle militaire. Il y a, ici, un bataillon complet de Gardiens de la Révolution Islamique, toujours près de nous et bien d’autres experts qui construisent des bases d’interception et d’espionnage, dans le but de nous protéger, ainsi qu’un système de défense anti-aérienne avancé. Ils ont construit pour nous les bases de l’aviation militaire de Kenana et de Jebel Awliya ».
Le Gen. Siddiq Amer, Directeur-Général des Renseignements et de la Sécurité, s’est accordé sur ce point et a déclaré que : « L’Iran est notre plus grand allié dans la région, en termes de coopération dans le domaine des renseignements et de la production militaire industrielle. Nous avons des relations avec tous les autres mouvements islamiques à travers le Monde entier et nous représentons la porte d’entrée, pour l’Iran, en direction de tous ces groupes islamiques ».
Amer a appuyé un précédent commentaire de la part d’Hussein, en faisant remarquer que : « L’Etat Islamique et les autres mouvements jihadistes viennent d’être récemment formés et ils parviennent à se déplacer librement en-dehors et sous les radars de tous les réseaux traditionnels de surveillance, actuellement, il y a au moins 20.000 Jihadistes et 15 nouveaux mouvements jihadistes récemment mis sur pied, qui sont dispersés un peu partout, du Maroc à l’Egypte, dans le Sinaï, en Palestine, au Liban, en Irak et dans tous les Etats du Golfe, une vaste présence en Afrique et enEurope et personne ne possède une base de données telle que celle dont nous disposons ».
Les services de renseignement de plusieurs Etats du Golfe ont recherché l’aide du Soudan en matière de renseignements et de contacts, parce que ces Emirats ne savent rien, en ce qui concerne les groupes islamistes en Libye, Somalie, au Nigéria, au Mali et dans les pays arabes d’Afrique du Nord. Kheir a alors recommandé que Khartoum donne le change en semblant coopérer avec les Etats du Golfe dans la stricte mesure des intérêts du Soudan. « Nous ne sacrifierons pas nos relations avec les Islamistes et l’Iran pour une relation avec l’Arabie Saoudite et les Etats du Golfe », a déclaré Kheir. Amer n’a vu aucun problème non plus à tâcher de trouver un point d’équilibre entre les Etats du Golfe et l’Iran. « Nous sommes parfaitement capables de tromper les Etats du Golfe en faisant comme si nous faisions une ouverture, par des mesures déclaratives et quelques procédures visant à améliorer nos relations diplomatiques avec eux », a-t-il assuré.
Cette rencontre a aussi opéré une plongée dans les relations du Soudan avec les forces jihadistes en Libye et leur impact sur l’accroissement de la coopération avec le Qatar et la Turquie dans le parrainage des forces jihadistes à travers toute l’Afrique.
Hussein a expliqué que les pratiques de coopération sont déjà en cours en Libye. Il a illustré le rôle unique du Soudan, en tant que médiateur entre l’Iran et les puissances sunnites. Hussein a fait remarquer : « Les Iraniens trtansportent pour nous des lance-missiles anti-aériens BM et leurs roquettes en utilisant l’aviation civile. Nous les entreposons à Kenana et en vendons une partie au Qatar, pour le soutien logisitique aux Jihadistes de Libye, depuis qu’ils ont été la cible d’attaques aériennes des forces égyptiennes et émiraties. Cela les aidera à accomplir la victoire ».
Gen. Imad al-Din Adawy, le Chef des opérations conjointes s’est exprimé sur les toutes dernières évolutions en matière de coopération, avec et à l’intérieur de la Libye. « Nos forces conjointes avec le Tchad sont à leur meilleur niveau. La frontière libyenne est totalement sécurisée, particulièrement après la victoire de nos alliés (Les forces ibyiennes de l’Aube) à Tripoli. Nous réussissons à leur livrer des armes et des équipements militaires offerts par le Qatar et la Turquie et nous formons des centres d’opérations conjointes sous les ordres d’un colonel, de façon à coordonner et administrer les opérations militaires. La Turquie et le Qatar nous fournissent les renseignements en faveur des révolutionnaires, au top des informations recueillies par nos propres agents, de façon à ce qu’ils puissent contrôler la totalité du pays ».
Amer a souligné les perspectives de relations à long terme avec la Libye, grâce à l’assistance professionnelle des renseignements soudanais : « Nous avons intensifié le travail pour entraîner et grader des cadres des renseignements libyens. Actuellement, ils suivent une formation poussée sur les opérations internet, le décryptage des codes, l’interception d’écoutes téléphoniques et de fréquences radio sans fil. Leurs dirigeants nous demandent deles entraîner et d’instaurer pour eux un système de renseignements militaires très puissant. ».C’est grâce aux renseignements militaires libyens que le Soudan, non seulement dominera les Jihadistes de Tripoli, mais pourra également ouvrir la porte d’une arrière-cour à l’Iran.
Pendant ce temps, on a assisté, à l’été 2014 à la construction de relations de coopération entre les services de renseignements d’Iran, du Soudan, du Qatar et de Turquie en Libye et à l’acceptation du rôle central et unique du Soudan. Au début de l’été 2014, Nouri Abusahmain – alors, à ce moment-là Président du Congrès National Général libyen ( en poste entre le 25 juin 2013 et le 4 août 2014) – a entrepris un déplacement secret à Khartoum pour réclamer des fonds et des cargaisons d’armes, de façon à soutenir la prise de pouvoir par des milices jihadistes appartenant aux Frères Musulmans.
Les Libyens ont nommé Ahmad al-Zuway, un responsable de l’Ikhwan (Frères Musulmans) ayant des liens tribaux au Soudan, comme l’homme dirigeant la coopération des renseignements militaires avec le Soudan. La première mission de Zuway a consisté à superviser l’afflux d’armes et de Jihadistes, dans des voitures et des camions venant du nord-ouest du Soudan par Kufra (au Sud-Est de la région du Cyrénaïque, en Libye). Par ce biais, l’Ikhwan a pu procéder à l’expansion des milices jihadistes de l’Aube, grâce à de nouveaux combattants, des armes et des munitions provenant du Soudan.
Des avions de transport décollaient du Soudan, atterrissaient et se répaprovisionnaient en carburant à Kufra, ils poursuivaient vers l’aéroport de Tripoli, à Mitiga, qui est contrôlé par les milices de l’Aube. Ces livraisons ont permis aux milices de l’Aube de maintenir leur mainmise sur la zone vitale de Tripoli-Misrata, forçant ainsi les hommes politiques libyens opposés aux Islamistes à s’enfuir vers Tobrouk, près de la frontière égyptienne. Pendant ce temps, de façon à expédier les flux d’armes et de munitions, le Soudan a aussi commencé à livrer Kufra par voie aérienne, en supplément des convois incessants de camions.
A l’automne 2014, Doha a décidé d’institutionnaliser et de formaliser cettre coopération avec Khartoum, dans le but de s’assurer que sa présence ne soit pas bannie en Libye et sur d’autres fronts jihadistes, principalement en Afrique. Au cours du mois d’octobre 2014, Foha et Khartoum ont négocié plusieurs accords soudano-qataris, certains sous le sceau du secret et d’autres non. Au début novembre 2014, le Ministère Qatari de la Défense, Hamad bin Ali al-Attiyah et leMinistre de la Défense soudanaise, le Général Abd al-Rahim Muhammad Hussein ont signé un accord complet de coopération militaire à Doha.A la cérémonie des signatures assistait le chef d’Etat-Major des forces armées qataries, le Général-Major Ghanim bin Shaheen al-Ghanim, qui s’est, ensuite occupé au jour le jour de leur mise en œuvre.
L’accord couvre « l’entraînement, la formation, les échanges d’expertise, les exercices conjoints, les investissements conjoints, l’échange de visites officielles, la promotion de la coopération entre les deux armées et l’échange d’études militaires au niveau des institutions académiques militaires ».
L’accord s’étend aussi aux « Echanges d’expertise en logistique et dans le champ industriel, dont le service de détachement d’officiers et d’experts avec la coopération médiacale militaire. Faisant partie de l’accord de coopération militaire, le Qatar s’engage à « livrer du gaz naturel au Soudan ». Dans le cadre des accords secrets sur la coopération entre les services de renseignements, le Qatar s’est engagé à parrainer le financement d’une myriade d’initiatives jihadistes soudanaises et iraniennes, principalement à travers toute l’Afrique.
Il est aussi bien compris à Doha, que dans le contexte de ces nouvelles relations bilatérales, Khartoum intercédera auprès de Téhéran pour ne pas saper les bases du pouvoir des Al-Thani au Qatar et de continuer à utiliser les ports qataris comme la principale voie de passage, fort lucrative, pour les importations de technologies illégales,contournant les sanctions, ainsi que sur les exportations de pétrole et de gaz.
A la fin septembre 2014, 15 agents de Daesh, parrainés par le Qatar, dirigés par deux commandants, un Egyptien et un Saoudien, sont arrivés à Darna, en provenance de Syrie, par la Turquie. Cette délégation comprenait un juriste de pointe Turki al-Bin’Ali, ainsi que Abu Nabil al-Anbari, l’ancien « émir » de la province d’Anbar en Irak. Leur mission consistait à instaurer une branche de Daesh en Libye. A la fin octobre 2014, plus de 50 jihadistes de Darna ont prêté publiquement allégeance à Abu Bakr al Baghdadi et déclaré leur engagement à établir un Califat de Darna en Cyrénaïque.
Faisant usage des armes et des financements reçus du Soudan, ils sont parvenus à bâtir une force armée forte de 800 hommes, au moins, dispatchés sur 6 camps à l’extérieur de Darna, ainsi que de vastes installations d’entraînement dans les Montagnes Vertes, à l’intention de Jihadistes égyptiens, libyens et étrangers (occidentaux). Vers la fin-novembre 2014, ils se sont emparés du contrôle de la ville entière de Darna et imposé le drapeau de Daesh qui flotte désormais sur tous les bâtiments publics.
Le 12 décembre 2014, le Conseil (Shura) des Mudjahidin de Cyrénaïque a exhorté toutes les forces islamistes à se joindre à la coalition dirigée par le Califat de Darna et toutes les milices islamistes dans l’Est de la Libye, dont les forces de l’Aube libyenne, sponsorisées par le Soudan, à reconnaître la nouvelle coalition.
Les Jihadistes ont célébré cette annonce par une parade militaire dans Darna, conduite pâr des tanks et véhicules techniques surmontés de drapeaux noirs. Des commandants chevronnés par les combats en Syrie, Algérie, Tunisie et Egypte sont arrivés à Darna, de la part de l’Etat Islamique, pour contribuer à développer l’entraînement et les efforts de construction d’une armée. Ils ont bâti trois camps principaux d’entraînement à Nawfaliyah (près de Sirte), Sabratha, et Darna pour les Jihadistes libyens et africains. Des techniciens militaires soudanais sont aussi arrivés à Darna pour aménager des installations de communication ainsi qu’entretenir les avions de combat, les tanks, l’artillerie et roquettes de l’arsenal des Jihadistes. Vers la fin du mois, ces techniciens soudanais ont joué un rôle crucial dans la mùisev en service et l’armement de la poignée d’avions de combat dont se sont emparés les Jihadistes de l’Aube Libyenne, permettant ainsi aux pilotes libyens de bombarder et de déclencher des incendies dans plusieurs réservoirs à pétrole du port de Sidra.
Une fois le Califat de Darna sécurisé, le Soudan et ses alliés –le Qatar, la Turquie et, en coulisse, l’Iran – peuvent capitaliser les énormes stocks d’armes laissés par le gouvernement Kadhafi, de façon à soutenir les Jihadistes africains. Par exemple, tout le soutien accordé à Boko Haram a été mis sous les ordres d’un suel manager : il s’agit d’un coordinateur en réseaux de communications, en livraisons d’armes et en financement livrés en Libye par le Soudan. Connu uniquement sous son nom de guerre : Abu Kades, c’est un Egyptien, activite de l’Ikhwan (FM) et, à l’origine, un « professeur » de l’Université Al-Azhar, impliqué dans les premiers efforts logistiques du Jihad, en Bosnie-Herzégovine et en Turquie-Syrie.
A la fin 2014, Abu Kades coordonait la livraison d’armes des stoks de Cyrénaïque, avec l’assistance logistique d’experts des renseignements soudanais et turcs. Les renseignements qataris finançaient toutes les opérations logistiques jihadistes en Cyrénaïque.
Au début 2015, le haut du panier des cercles dirigeants de l’Etat Islamique a commencé à mettre en lumière ouvertement l’importance stratégique de la Libye : il s’agit du Wilayat Libyen (la Province) de l’EI. Une claire manifestation de cette tendance est formulée par la publication, au début 2015, d’un essai appelé : « Libye : le portail stratégique de l’Etat Islamique », dans la principale revue Internet du Califat. La substance de cet essai porte sur l’impératif, pour l’Etat Islamique, de s’étendre en Libye et ensuite d’en surgir dans toutes les directions. L’auteur s’identifie comme un partisan libyen du Califat.
Cet essai explique que, « Par la grâce d’Allah envers la Libye ; Allah réserve à ce pays une position stratégique et d’immenses potentiels. Ce sont des choses à partir desquelles il serait possible de tirer d’énormùes bénéfices, si elles étaient exploitées de façon efficaces. Malheureusement, certains partisans ne reconnaissent pas l’étendue de l’arène libyenne, la prolifération d’armements variés qui s’y déploie, ses dimensions géographiques et ses environs cruciaux. Il me suffit de dire que la Libye peut voir au-delà de la mer (Méditerranée), du désert, des montagnes et de six Etats : l’Egypte, le Soudan, le Tchad, l’Algérie et la Tunisie ».
L’auteur met l’accent sur le potentiel unique de la Libye, en tant que tremplin pour une invasion jihadiste du Sud de l’Europe. La Libye, écrit-il : « dispose d’une longue ligne de côtes et peut surplomber les Etats croisés du Sud, qu’on peut facilement atteindre, même grâce à des bateaux rudimentaires ». Il note que le nombre de transits d’immigrés illégaux, à partir de cette côte est massif, qu’on peut estimer à 500 individus par jour, en estimation basse. Selon beaucoup de ces immigrés clandestins, il est facile de traverser les barrages de contrôle de la sécurité maritime et d’arriver dans les villes.
(en cours de rédaction)
Par Yossef Bodansky, Rédacteur en chef, Global Information System / Defense & Foreign Affairs, worldtribune.com
Adaptation : Marc Brzustowski