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Yom Haatsmaout : Les « apprentis israéliens » à l’épreuve de leur citoyenneté (i24news)

By 23 avril 2015Etz Be Tzion

I24News a recueilli les impressions de Franco-israéliens avant les festivités. Entre émotion et exclusion

AFPAFP« Drapeaux israéliens »

Qu’ils aient quitté l’hexagone pour s’installer en Israël il y a seulement quelques mois ou plusieurs années, les Franco-israéliens attendent avec impatience les festivités de « Yom Haatsmaout », le Jour de l’Indépendance qu’ils vont célébrer pour la première, ou la énième fois, en tant que citoyens israéliens.

Si l’émotion et l’excitation sont bien au rendez-vous pour ceux qu’on appelle les « olim » (nouveaux immigrants, NDLR), il semble toutefois que certains aient encore du mal à ressentir pleinement leur nationalité israélienne. Ils appréhendent d’ailleurs ce jour davantage comme les observateurs d’un pays qu’ils apprennent à apprivoiser que comme ses véritables acteurs, bien qu’ils insistent pour se plier aux coutumes locales.

Chacun indique d’ailleurs avoir conscience de l’ »importance » de l’événement et souhaite être « à la hauteur » de la symbolique qui l’entoure.

« Je pense avoir besoin de vivre ce jour en tant qu’Israélienne pour réaliser que j’appartiens pleinement à ce pays », confie Allison, 28 ans, étudiante à l’oulpan (classe d’hébreu intensive, NDLR) arrivée il y a huit mois.

De son côté, Lise avoue être émue tout en se sentant « exclue » à cause de la langue notamment. Un sentiment partagé par la plupart des personnes interrogées, qui creuse la distance instaurée de fait entre ces jeunes et la société israélienne à laquelle ils sont encore peu, voire pas du tout intégrés.

Recréer les traditions entre immigrés

Le mimétisme intervient alors comme facteur fédérateur et pousse ces « apprentis citoyens » à suivre les traditions comme le fameux barbecue, cher à tous les Israéliens. L’idée étant de ressentir et démontrer une appartenance nationale qui leur fait parfois défaut.

« Comme les Israéliens, on recrée entre immigrés les traditions du pays, barbecue, fête, accrochage de drapeaux », explique Lise, tout comme Allison qui a prévu « comme le veut la tradition » de faire un barbecue « dans un des célèbres parcs de Tel Aviv ».

i24newsi24news« Allison, 28 ans, Israélienne depuis huit mois »

Ce souci de la tradition est primordial pour ces jeunes Israéliens qui cherchent à se faire une place dans une société où ils sont considérés comme Français avant tout.

Ils restent d’ailleurs tous attachés à la France, un pays où ils sont fiers d’avoir grandi mais avec lequel une forme de rupture s’est opérée.

Interrogés sur leur ressenti concernant « Yom Haastmaout » par rapport au traditionnel 14 juillet français, le constat est sans appel.

La France est évoquée comme un souvenir quelque peu abstrait tout comme sa fête nationale, qualifiée même de « fête vide de sens, le patriotisme n’étant plus que porté (mal) par le Front national ».

Ainsi, le patriotisme « à la française » est assimilé à une forme de nationalisme représenté par l’extrême droite, tandis que sa version israélienne séduit davantage ces jeunes touchés personnellement par le projet sioniste et les valeurs qu’il porte.

« L’indépendance d’Israël me touche plus particulièrement vis-à-vis de l’histoire du peuple juif » note Allison, qui avoue ressentir « plus d’émotion à l’égard d’Israël », qu’elle appelle son « pays de cœur ».

« Je ressens un lien et un sentiment d’appartenance à ce pays et les personnes qui m’entourent avec qui je ne partage pas la même langue mais le même amour du pays », confie Stefanie, installée en Israël depuis environ six mois.

Leur enthousiasme unanime et leur attachement indéniable à Israël permettent ainsi aux nouveaux immigrants de surmonter les difficultés auxquelles ils sont confrontés et de créer une sorte de patriotisme qui leur est propre, en attendant d’aller au bout du processus d’intégration qui passe avant tout par la maîtrise de la langue.

« Une identité juive plus forte »

K. TIan/J. Jacobsen, jj/pld/abm/dmk (AFP)K. TIan/J. Jacobsen, jj/pld/abm/dmk (AFP)« Les départs de juifs de France »

En ce qui concerne les « précurseurs », ceux qui ont fait le choix de l’Alyah il y a déjà plusieurs années et sont déjà intégrés, la rupture avec la France et le lien indéfectible à Israël transparaissent de manière encore plus flagrante à travers leurs propos.

Iris, 29 ans, avocate, est arrivée en Israël il y a maintenant 5 ans et demi et maîtrise parfaitement l’hébreu.

Pour elle, le pays où elle est née et celui dans lequel elle vit aujourd’hui représentent « différentes époques » de sa vie. Elle parle volontiers de son amour pour la France mais avoue toutefois ne plus s’y sentir chez elle et être davantage touchée par les symboles nationaux israéliens.

Un sentiment partagé par Jérémie, Israélien depuis maintenant sept ans.

« Ce sont des symboles qui touchent quelque chose de plus profond que les symboles français. Mon identité juive est plus forte que mon identité française », explique-t-il.

« Lorsque j’entends l’Hatikva (hymne israélien, NDLR) j’ai toujours les larmes aux yeux », confie Iris avant de trancher : « la Marseillaise ne me fait rien du tout ».

Elle souligne d’ailleurs, tout comme Lise, « le patriotisme et l’unité » qui prévalent le Jour de l’Indépendance en Israël et qu’elle n’a « jamais retrouvé dans un autre pays. »

De son côté, Jérémie insiste sur le côté anachronique de la fête nationale française et souligne le caractère plus « concret » de Yom Haatsmaout car « on célèbre un événement plus récent que la révolution française ».

Interrogés sur le départ controversé de plusieurs Israéliens notamment vers la capitale allemande, Iris souligne le fait que les Israéliens aiment voyager et découvrir d’autres pays, « mais ont l’habitude de revenir » tandis que Jérémie dit les comprendre car « Israël est un pays dur, c’est un défi d’y vivre ».

Un défi que ces Franco-israéliens ont fait le choix de relever malgré les difficultés de l’intégration dont ils parlent sans tabou mais qui ne les empêchent en rien de se sentir « à la maison ».

Marion Bernard est journaliste à i24news, s’intéresse aux relations franco-israéliennes et aux questions liées à l’antisémitisme en France. (Twitter: @marionbernard28)

 

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