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100 ans après l’accord Sykes-Picot, père du nationalisme arabe

By 19 mai 2016mai 3rd, 2020Etz Be Tzion
PUBLIÉ PAR JEAN VERCORS LE 19 MAI 2016

sykes

Il y a 100 ans, la France, la Grande-Bretagne et la Russie se sont partagés les terres du Moyen-Orient de l’Empire ottoman vaincu.

Le 16 mai 1916, la France et la Grande-Bretagne (avec l’aval de l’Empire russe et du royaume d’Italie), ont signé secrètement un accord, se répartissant des zones de contrôle et d’influence au Moyen-Orient. L’Empire ottoman avait rejoint la Première Guerre mondiale du côté de l’Allemagne ; et en cas de défaite de la Triple Alliance, les deux plus grands empires coloniaux de la planète avaient prévu de se partager ces territoires.

Les représentants Sir Mark Sykes et François Georges-Picot qui ont signé cet accord n’ont pas imaginé un instant dans quel chaos se trouveraient aujourd’hui les pays qui sont nés de ces accords : la Syrie, l’Irak et à moindre mesure le Liban et la Jordanie.

Négocié en secret par trois puissances impériales européennes, cet accord est devenu le grand symbole de la perfidie européenne.

Les puissances alliées procèdèrent secrètement au découpage du Moyen-Orient sans consulter ses habitants. (George Antonius écrivait en 1938 : « cet accord est choquant, il est le produit de la cupidité au pire, la preuve saisissante du double jeu »).

La France obtient la future Syrie et le Liban, la Grande-Bretagne décroche la Palestine et le futur Irak. Sur le terrain, les choses n’étaient pas si simples pour la gestion des frontières, des administrations, et des revendications nationalistes concurrentes.

  • Les forces françaises détruisirent le royaume de Syrie.
  • Winston Churchill, un bel après-midi, créa la Transjordanie maintenant la Jordanie.
  • Sous la pression des catholiques libanais, le gouvernement français augmenta la taille du Liban au détriment de la Syrie.

Mais le plus grand problème, bien sûr, était la question du contrôle de la Terre Sainte, la terre des juifs, la Palestine.

La déclaration Balfour de 1917 devait garantir aux sionistes au moins 50% de la Palestine mandataire, Mais les accords Sykes-Picot ont permis à l’Angleterre d’inventer la Transjordanie au détriment des juifs et lui attribuer 77% de la Palestine mandataire afin d’en garder le contrôle. La manœuvre répondait aux exigences impérialistes arabes.

1920 – Territoire original prévu pour le Foyer national juif

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1922 Territoire final assigné au Foyer national juif

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Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi, au cours de la période de 30 ans – entre 1917 et 1947 – des dizaines de milliers de juifs à travers le monde se sont réveillés un beau matin et ont décidé de quitter leur pays pour aller en Palestine, une accélération du mouvement qui avait commencé vers 1850 ?

La raison est qu’ils ont appris qu’un Foyer national pour le peuple juif était en cours de reformation en Palestine, sur la base de la décision de la Société des Nations (Nations Unies aujourd’hui) dans le cadre du « Mandat pour la Palestine ».

Le mandat avait pour objectif la recréation en Palestine d’un « Foyer national pour le peuple juif sur la base du lien historique existant entre le peuple juif avec la Palestine, dans le but de reconstruire leur foyer national dans ce pays, de l’ouest de la Palestine, entre le Jourdain et la mer Méditerranée ». Cette décision a donné lieu à un traité, qui a toujours sa valeur en droit international puisque la Charte de l’ONU interdisait de l’annuler.

Le Mandat pour la Palestine n’était pas une vision naïve acceptée à la va vite par la communauté internationale. Cinquante et un pays membres – l’ensemble de la Ligue des Nations – l’ont décidé à l’unanimité le 24 Juillet 1922 :

« Considérant que la reconnaissance a été donnée vu le lien historique du peuple juif avec la Palestine et aux motifs de reconstituer leur foyer national dans ce pays. »

Il est important de souligner que les droits politiques à l’autodétermination des Arabes nétaient pas oubliés. Ils étaient garantis par quatre autres mandats de la Société des Nations – au Liban, en Syrie (Mandats français), en Irak, et plus tard en Transjordanie (Mandats britannique).

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Application de l’accord

L’accord est entériné et légalisé par un traité de la Société des Nations à la Conférence de San Remo. La France reçoit le mandat du Liban et de la Syrie, la Grande-Bretagne celui de la Mésopotamie (agrandie de Mossoul cédée par les Français en échange d’une participation aux bénéfices pétroliers du bassin de Kirkouk), de la Transjordanie et de la Palestine.

L’accord franco-britannique doit faire face à une double opposition : l’insurrection nationale turque de Mustafa Kemal Atatürk en Anatolie, en opposition au traité de Sèvres, et l’installation du pouvoir des Hachémites, s’appuyant sur les nationalistes arabes, en Mésopotamie (Irak actuel) et en Syrie. Fayçal, fils du chérif Hussein, est ainsi proclamé roi du « Royaume arabe de Syrie ».

Les Français sont chassés d’Anatolie par les Kémalistes à l’issue de la campagne de Cilicie, mais parviennent à battre Fayçal et à lui faire quitter Damas. Les Anglais, en compensation, l’installent sur le trône irakien. Le traité de Lausanne, en 1923, entérine l’intégration du Sud-Est anatolien à la nouvelle république de Turquie.

Au final, le partage décidé ne sera jamais vraiment appliqué.

La cession en 1919 de Mossoul à l’Angleterre par Clemenceau, la naissance de la Turquie moderne, la création de l’Arabie Saoudite actuelle, puis Mossoul redevenue une ville kurde, et enfin la saisie des puits de pétrole de Mossoul et Kirkouk par les Kurdes irakiens, vue d’un mauvais oeil par la Turquie, compliquent constamment les espoirs coloniaux.

Quelques années plus tard, le nationaliste arabe Mohammed Amin al-Husseini, grand mufti de Jérusalem, lance les émeutes anti juives et déclenche le massacre de 67 juifs à Hebron. En janvier 1941, il rencontre Adolf Hitler en Allemagne et lui propose ses services. Il devient quelques jours après le chef de la division SS musulmane Hanzar.

En 2014, l’avancée de l’État islamique abolit en partie la frontière entre la Syrie et l’Irak, ce qui réunit dans les faits des mêmes territoires gérés autrefois par la France et la Grande-Bretagne.

L’État islamique, abrégé en EI (arabe : الدولة الإسلامية, « ad-dawla al-islāmiyya »), est une organisation terroriste militaire et politique d’idéologie salafiste djihadiste qui a proclamé le 29 juin 2014 l’instauration d’un califat sur les territoires qu’il contrôle, considérés comme un proto-État à partir de 2015.

D’après le géographe franco-allemand Christophe Neff, «toute l’architecture géopolitique se fondant sur les accords Sykes-Picot est en train de voler en éclats, et avec cela la protection relative des minorités religieuses» depuis le début de l’été 2014.

Excepté en Israël, devenu une superpuissance militaire et un leader dans les domaines de la technologie, de la science, du médical, de l’agriculture, de l’informatique et de la très haute technologie, grâce aux valeurs sionistes, et une société ouverte fondée sur l’égalité des droits de tous les citoyens sans distinction de croyance ou de sexe, comme l’avaient voulu les pères fondateurs.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean Vercors pour Dreuz.info.

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